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Un minou robot pour mamie
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Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
Entre un père et un fils, le parkinson
Dossier : Autonomie psychologique
Dernière modification :
06 / 30 / 2010
Hélène Laberge

WIKIMEDIA COMMONS

Extrait
Pour garder son équilibre mental, Rauch ne s’est pas précipité chez un psi. « J’ai développé ma propre stratégie, et elle m’a fait faire une découverte très singulière. Lorsqu’on vous demande d’un ton indifférent comment vous allez, on s’attend à la réponse conventionnelle : bien merci. À l’encontre de ma nature d’introverti, je me suis mis à parler, à raconter que je n’en pouvais plus de m’occuper de mon père. J’ai dû ennuyer bien des gens en racontant en long et en large mes problèmes. Mais j’avais besoin de parler. Et j’ai découvert que quand je parlais les autres aussi parlaient. »

Présentation
À en juger par les nombreux commentaires qu'il a suscités l'article que nous résumons ici illustrent parfaitement bien ce que vivent tant d'aidants naturles et ne peut qu'avoir un effet libérateur sur ceux qui le lisent.

Texte
Dans la revue Atlantic Monthly,d’avril 2010, Letting go of my Father,Jonathan Rauch raconte comment il s’est trouvé complètement démuni devant l’évolution de la maladie de Parkinson de son père, qui avait toujours fait preuve d’une parfaite autonomie! Comment apporter l’aide adéquate à une personne atteinte qui se prétend autonome alors qu’elle vit déjà au milieu de ses excréments et de ses déchets, est incapable de se nourrir normalement et de prendre sa médication et refuse obstinément une aide extérieure et professionnelle?

Dans cet article l’auteur se heurte aux limites de l’autonomie. Comment agir lorsque le malade refuse les soins des professionnels, a l’illusion qu’il est encore autonome alors que la perte d’autonomie crève les yeux de ses proches? Comment empêcher que le malade qui est en train de se noyer n’entraîne son proche dans son naufrage? Comment planifier un placement ou des soins professionnels à domicile ? Dans ce dernier cas, comment préserver la santé de l’aidant naturel ? Quels services lui offrir ? Comment éviter de recourir à des solutions d’urgence par épuisement de l’aidant naturel ? Aux USA, à l’heure actuelle, 50 millions d’Américains sont les aidants naturels d’un parent.
Lorsque l’aidant naturel est dépassé par une perte d’autonomie

Jonathan Rauch vit à Washington et son père à Phoenix où il a été un avocat reconnu dans sa communauté, un homme intègre, digne, courageux, de bon conseil, impliqué dans divers comités de citoyens. Il est atteint de Parkinson. En bon américain, il est très imprégné des valeurs d’autonomie et surtout, de ce self control dont l’un des effets est de renfermer les êtres dans le silence sur leurs malaises, souffrances et maladies. Rauch est le témoin lointain des effets de la maladie sur son père : chutes fréquentes sur le trottoir, (ce sont les voisins qui le relèvent), perte des réflexes au volant de sa voiture, incapacité progressive de se donner les soins d’hygiène quotidiens; se laver, se raser, laver ses vêtements, préparer une nourriture adéquate, prendre ses médicaments, etc. Comme son père refuse toute forme d’aide par peur de s’atrophier (use it or lose it, est sa devise) Rauch le convainc de venir vivre à Washington et l’installe dans un appartement (dont il est le propriétaire). Il obtient d’une agence qu’une travailleuse sociale le visite régulièrement, lui procure un service de ménage et surtout un système d’appel d’urgence. Il s’ensuit une période satisfaisante de répit pour l’aidant et pour l’aidé : sorties gastronomiques, cinéma et théâtre les week end.

Une évolution soudaine de la maladie contraint Rauch à suspendre son travail. Son temps est désormais complètement rempli par les visites aux divers services médicaux. Jusqu’au jour où son père s’évanouit dans un Centre commercial alors qu’il était accompagné d’un ami de Rauch. Ce dernier averti d’urgence retrouve son père rétabli mais inconscient de ce qui vient de lui arriver et refusant de voir un médecin. C’est à ce moment précis que son fils se retrouve à la fois « effrayé par son incompétence et furieux contre celui qui le met dans cette position impossible ».

« Ce jour-là, j’ai pris conscience que ni moi ni lui ne pouvions faire face à la situation et qu’en plus, sur le plan émotif, mon père pouvait m’entraîner dans sa chute. Et je me suis senti terriblement déterminé à ce qu’il n’en soit pas ainsi [¼]. Mais comment me protéger? Le poursuivre en Justice pour incompétence ? User de mes droits de propriétaire pour l’évincer de son appartement? Je me sentais prêt à utiliser tous ces moyens et s’il refusait d’entendre raison, à me débarrasser de cette responsabilité. Je pourrais dire à ceux qui s’en indigneraient que j’avais épuisé tous mes moyens. Mais vous ne pouvez pas deviner ce que représente une telle conversation avec soi-même quand c’est votre parent qui est en cause. »

Pour garder son équilibre mental, Rauch ne s’est pas précipité chez un psi. « J’ai développé ma propre stratégie, et elle m’a fait faire une découverte très singulière. Lorsqu’on vous demande d’un ton indifférent comment vous allez, on s’attend à la réponse conventionnelle : bien merci. À l’encontre de ma nature d’introverti, je me suis mis à parler, à raconter que je n’en pouvais plus de m’occuper de mon père. J’ai dû ennuyer bien des gens en racontant en long et en large mes problèmes. Mais j’avais besoin de parler. Et j’ai découvert que quand je parlais les autres aussi parlaient. »

J’ouvre ici une parenthèse : cette découverte peut sembler étrange à des lecteurs d’autres cultures. Mais Rauch vit à Washington , « une ville, écrit-il, de citoyens d’âge moyen, au sommet de leur carrière, à qui tout semble réussir. Derrière cette coquille se révèlent soudainement avec le temps des épreuves terribles. » Mais recouvertes par le silence.

Il a été alors étonné d’entendre des récits semblables aux siens; il a reçu des conseils, parfois pertinents, parfois inutiles, des commentaires parfois rudes mais pleins d’une compassion réelle. « Combien de personnes ont traversé une épreuve et ont une expérience qu’elles ne peuvent pas partager? » [¼] Au fil de ses rencontres et entrevues, il découvre « qu’il nage dans le même océan qu’une foule invisible d’aidants qui se traversent les uns les autres comme des courants de photons… »

Sa conclusion : « Nous avons aux USA une structure médicale excellente pour les personnes âgées. Mais les infrastructures culturelles sont tout simplement inexistantes. Comment se fait-il qu’une telle quantité de gens soient comme moi totalement démunis devant ce qui est une chose inévitable de la vie ? »

À l’instar des ménagères américaines dont Betty Friedan a montré, il y a quelques décennies, qu’elles souffraient d’un problème méconnu mais réel, une solitude et un ennui endémiques et supportés en silence, « de nos jours, constate Rauch, les invisibles aidants naturels font face comme elles à un problème qui est occulté. On leur demande de faire seuls et à l’abri des regards ce qui en réalité ne requiert pas seulement des témoignages privés de sympathie et de tolérance mais une reconnaissance publique et une assistance proactive. » Raushe insiste sur le mot proactif. Car il existe bien évidemment des ressources mais qui ne sont pas publicisées et ne sont pas facilement accessibles. À chacun de faire sa recherche : certains sites aux USA fournissent une documentation importante. « Mais pour les trouver, il faut déjà connaître ses besoins et je ne les connaissais pas. J’avais besoin, précise-t-il, d’une expertise qui identifie mes besoins; me dise quoi faire et pourquoi le faire. Mon expérience m’a montré qu’il n’est pas facile de convaincre les aidants qu’ils ont besoin d’aide, jusqu’à ce qu’ils soient dans une situation d’urgence. Les Américains s’enorgueillissent d’être résilients et indépendants. [¼] En occultant le problème et en le confinant au domaine privé, cette culture renforce nos tendances naturelles au déni, à la procrastination et au silence. » Ce diagnostic ne pourrait-il pas aussi s’appliquer au Québec?

Les solutions possibles toujours selon l’auteur : « que les grandes compagnies organisent des cours pour leurs employés de 40 ans et plus sur les soins à donner aux personnes âgées. Les professionnels de la santé, les médias en général, le clergé devraient avoir les connaissances requises pour guider vers les ressources adéquates les aidants aux prises avec des parents en perte d’autonomie. » Il faut que « cette structure invisible » dans le silence de laquelle vivent 50 millions d’Américains sorte du domaine privé et devienne un enjeu public où une aide puisse leur être apportée. Le poids que portent les aidants n’est pas seulement une source de stress pour eux seuls, il touche l’ensemble de la société, le milieu du travail, le milieu de la santé qui doit faire face à des urgences qui auraient pu être évitées, en bref, toute la santé d’un pays.

Lorsque les aidants naturels peuvent garder à domicile
une personne atteinte d’Alzheimer

Dans le cas que nous présentons, il s’agit d’une prise en charge complète d’une grand-mère souffrant d’Alzheimer. Geneviève vivait depuis vingt-cinq ans avec sa fille Irène et son gendre Georges et leurs trois enfants lorsque les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer sont apparus. Elle avait ses quartiers privés dans cette maison conçue pour que chacun ait son territoire bien à lui. Tous se retrouvaient pour les repas cuisinés avec passion par Geneviève. Jouissant d’une bonne santé, elle menait une vie normale, recevant ses amies, conduisant sa voiture, faisant des courses et séjournant régulièrement chez ses deux autres enfants et petits-enfants établis dans des villes éloignées.

Irène et Georges pouvaient se reposer sur elle du soin de garder maison et enfants lorsque leur travail les obligeait à voyager à l’étranger. Ces arrangements durèrent pendant de nombreuses années. Geneviève en vieillissant souffrit de malaises cardiaques qui l’obligèrent à être hospitalisée à quelques reprises. Lorsqu’elle était suffisamment remise pour reprendre une vie normale, elle revenait vivre avec sa fille et son gendre.

Vers l’âge de 90 ans, lorsque les symptômes d’Alzheimer apparus depuis un certain temps s’aggravèrent (pertes de mémoire, chutes), le médecin traitant convoqua Irène et lui conseilla avec insistance de faire partie d’un groupe d’aidants naturels. C’est là qu’elle trouva un grand soutien moral et qu’elle apprit combien était nécessaire pour son équilibre émotif de prendre de longs moments de répit. Irène et Georges prirent alors tous les moyens pour maintenir Geneviève à domicile : ils engagèrent le personnel ad hoc qui assura jour et nuit la garde de la malade : prise de médicaments, promenades, courses diverses, visites aux amis dans des périodes de relâche. Irène assurait l’accompagnement chez le médecin lorsque nécessaire.

Ayant ainsi assuré la sécurité et le bien-être de Geneviève, Irène et Georges purent prendre des vacances à l’étranger où l’un de leurs enfants s’était établi. Comme cette séparation d’avec sa fille angoissait la malade, un fils de Geneviève et sa femme acceptèrent de venir vivre avec elle pendant cette période. Les soignants en profitèrent pour prendre eux-mêmes un répit. Au retour de voyage, Irène et Georges durent affronter une détérioration de l’état de Geneviève tel que leurs remplaçants s’avouèrent épuisés par les soins qu’elle requérait et firent toutes les pressions possibles pour que le couple se résigne à la placer dans un centre de soins prolongés. Irène et Georges refusèrent cette solution..

Pourtant, même avec l’aide du personnel soignant, ils ressentirent jour après jour le poids de plus en plus lourd de la malade. Geneviève qui avait été une femme sportive se portait assez bien pour mener en apparence une vie normale : repas à table, promenade au jardin avec l’aide de quelqu’un. Mais ses pertes de mémoire la poussaient à répéter de façon obsessive la même question ou le même commentaire indéfiniment. Elle parlait à ses petits-enfants sans pouvoir enregistrer leur réponse à ses questions. D’où l’exaspération progressive de tous les membres de la famille. Petit à petit, les moments de paix d’Irène et Georges se rétrécirent malgré la présence des soignants. Et ils connurent la tentation de la placer. Et celle beaucoup plus forte de lui donner de puissants calmants ce qu’ils avaient évité de faire jusqu’alors à cause du risque accru de chutes. Au lieu d’y céder, ils prirent régulièrement quelques jours de répit à l’extérieur, toujours grâce au personnel soignant qui veillait sur elle jour et nuit.

Et un jour… Ce jour-là Geneviève âgée de 93 ans eut un retour inattendu d’apaisement et de présence d’esprit. Elle souhaita rendre visite à une vieille amie qui vivait à proximité. Elle y alla accompagnée d’une aide et au retour, toujours dans les mêmes dispositions paisibles, elle fit le repas du soir avec Irène et Georges et regagna sa chambre. Vers 2 heures du matin, Irène fut réveillée par ce qui lui sembla être un doux miaulement. Prise de doute, elle descendit à la chambre de sa mère… et la trouva étonnamment détendue. Elle venait d’entrer paisiblement dans la mort. Irène qui avait depuis des mois envisagé et souhaité cette éventualité n’appela aucun service d’urgence. Sa mère avait depuis longtemps pris la décision de n’être soumise à aucun procédé de réanimation. Georges et Irène se recueillirent auprès d’elle, se réservant d’appeler leurs enfants au matin seulement et eux-mêmes se trouvant, malgré leur douleur, dans cette paix profonde que procure le sentiment d’avoir entouré jusqu’à la fin un être aimé.
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