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Questions vives
200 millions de francophones
Selon un rapport publié par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), le nombre de francophones dans le monde atteindrait aujourd'hui 200 millions, y compris 72 millions de francophones partiels. D'après ce rapport intitulé «La francophonie dans le monde en 2006-2007», publié le 14 mars 2007, peu avant la Journée internationale de la francophonie du 20 mars, cette augmentation du nombre de francophones, estimé à 175 millions dans le rapport précédent, est due à l'augmentation du nombre de personnes étudiant le français, à la prise en compte de nouveaux pays membres de l'OIF et à l'accroissement de la population de l'Afrique subsaharienne, notamment au Tchad et au Togo. On estime aujourd'hui que les francophones se répartissent en Europe, en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord dans les proportions respectives de 42%, 39% et 11%.

Document associé
La Francophonie c'est Facebook

Jacques Dufresne
Présentation

Essayez donc de rassembler autant de francophones, 4 millions et plus, pour discuter avec eux de leur culture commune et des menaces qui pèsent sur elle.


Extrait

Les géants de la première heure, Microsoft, Google, Yahoo, ont eu la décence d'assumer eux-mêmes la traduction de leurs sites dans les diverses langues des pays dont ils tirent leurs profits. Facebook n'a même pas cette politesse élémentaire.


Texte


Je te facebooke, tu me facebookes... La Francophonie en ce moment, c'est Facebook. C'est en effet sur ce site néoconservateur américain que le plus grand nombre de francophones, à commencer par les jeunes, se rassemblent pour se présenter les uns aux autres leurs détails et préparer leur avenir.

Avec ses 2 millions de membres et une forte croissance de la fréquentation, la France est, en chiffres absolus, parmi les dix pays qui contribuent le plus à enrichir les actionnaires du site communautaire (quoi?) le plus dynamique du monde. Il est difficile de trouver des statistiques fiables et significatives sur les autres pays francophones. On sait tout au moins que le Canada avec ses huit millions de représentants sur Facebook, le quart de sa population, est en termes relatifs, le meilleur allié de l'entreprise de Palo Alto. 200 000 Libanais les ont rejoints. Combien de Marocains, de Sénégalais le feront demain. Essayez donc de rassembler autant de francophones, 4 millions et plus, pour discuter entre eux de leur culture commune et des menaces qui pèsent sur elle! Il n'y a plus de cultures dans le monde, elles ont été absorbées une à une par la méta culture technicienne. La diversité culturelle n'existe plus que dans l'imagination de ceux qui signent de vains traités sur la question.


Il est de plus en plus en difficile de voir dans le traité sur cette question, traité qui depuis quelques années est au cœur de tous les discours officiels de la Francophonie, autre chose qu'un prix de consolation que les Américains décernent aux cultures marginales du monde. Pendant que leurs leaders vantent leurs conquêtes en matière de diversité culturelle, de plus en plus de francophones achètent leur musique chez Apple. Et à l'intérieur des nations, qui n'ont même pas la nostalgie de leur souveraineté perdue, la part du marché de la publicité occupée par les géants américains d'Internet ne cesse de croître. Et tout se met en place pour que, à moins d'une révolution anti-mondialiste et anti-capitaliste de plus en plus improbable, les coffres américains se remplissent de plus en plus pendant que leurs produits culturels circulent de plus en plus librement.

Pour mettre un frein à tout cela il faudrait qu'on veuille d'abord y voir clair, s'y retrouver, savoir, par exemple, qui sont les astucieux investisseurs qui se partagent les 15 milliards que vaut déjà Facebook. Mais non, c'est la cécité qui est la règle, l'aveuglement volontaire, prélude à la servilité du même nom.

Les géants de la première heure, Microsoft, Google, Yahoo, ont eu la décence d'assumer eux-mêmes la traduction de leurs sites dans les diverses langues des pays dont ils tirent leurs profits. Facebook n'a même pas cette politesse élémentaire. Certes, la compagnie dispose de centaines de millions de dollars, ­ fournis en partie par un actionnaire chinois ­, pour partir à la conquête de l'Europe, mais elle n'est toutefois pas assez riche pour faire l'honneur de leur propre langue à ses 2 millions de membres français, dont on peut dire pourtant que c'est grâce eux dans une mesure significative qu'elle vaut aujourd'hui 15 milliards. Cette valeur résulte du fait qu'elle a 60 millions de membres. Les deux millions de sociétaires français de Facebook seraient en droit de dire qu'ils ont enrichi Peter Thiel et ses amis de 750 millions!

Les membres francais de Facebook ont néanmoins préféré se mobiliser pour traduire bénévolement la prose de Zuckerberg (fortune personnelle: 3 milliards). Plus de 2 000 d'entre eux se sont mis à la tâche en 2007 pour aboutir à des résultats douteux. Il faut dire que l'invitation au bénévolat linguistique leur avait été faite en ces termes: "L'application est produit (sic) par Facebook pour que tu puisses être part (resic) de la communauté des traducteurs".


Je tire cette information d'un article du site VNUNET.fr, qui se termine sur cette note qui hélas! est une preuve supplémentaire à l'appui de notre thèse: la Francophonie c'est Facebook.


De Facebook à "Fesse Book" ?

A noter enfin la présence d'un groupe de 29 utilisateurs qui militent quant à eux farouchement contre la traduction de Facebook, qu'ils jugent "ridicule" et dont ils estiment qu'elle devrait aboutir à "l'utilisation de mots plus débiles les uns que les autres résultant d'une traduction de mots intraduisibles en français". L'anglais fait, selon eux, "partie du charme de Facebook". Il "sert de filtre à l'inscription", disent-ils, et serait "un signe d'ouverture au monde contrairement au français".

Cinquante-huit autres ont lancé une pétition contre cette traduction, arguant, dans un français d’ailleurs douteux, qu'il n'est "pas très glorieux de demander une traduction quand il s'agit de 10 mots bien plus qu'abordables à comprendre...".

On le voit, ce ne sera donc pas simple. Parions que le réseau social pourra néanmoins compter sur les traductions fantaisistes de ses membres pour parvenir à ses fins. Un exemple,: "Doit-on traduire en Français Face book par Fesse Book?


À lire aussi: Le Canada choisit Facebook

Face à face avec Facebook

Facebook




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