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Sites sur l'autisme et les troubles envahissants du développement (Hélène Laberge)
TEDDI au tribunal (Jacques Dufresne)
Un minou robot pour mamie
Un minou robot pour mamie (Jacques Dufresne)


Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Dossier
Capital social
Dernière modification :
01 / 18 / 2010


«En simplifiant au maximum, on peut opposer deux conceptions du capital social, l'une comme capital individuel et l'autre comme bien collectif.» Olivier Godechot et Nicolas Mariot, Les deux formes du capital social.

Définition
La notion de capital social est devenue si importante que la Banque mondiale en a fait l’un de ses principaux critères dans le choix de ses projets de développement. La vie sociale se trouvant par là subordonnée aux impératifs économiques, à l’efficacité et à la productivité, n’y a-t-il pas lieu de craindre le pire pour le sort des plus fragiles dans les sociétés soumises à cette loi? Pour répondre à cette question, il nous faut d’abord préciser le sens de la notion de capital social, ce que nous ferons dans la première partie de ce dossier. Dans la section enjeux, nous réfléchirons sur les conditions dans lesquelles la notion de capital pourra contribuer à protéger les plus fragiles parmi nous et sur les risques de durcissement qu’elle comporte, en raison de son statut de moyen par rapport à une fin d’ordre économique ou écologique. Dans la section essentiel nous réfléchirons sur la qualité des rapports sociaux que la théorie du capital social tend à réduire à leur dimension quantitative.

Le capital social
En moins de vingt ans, suite à l’usage qu’en firent les sociologues Pierre Bourdieu, James Coleman, et Robert Putnam surtout, la notion de capital social a conquis toutes les places fortes de la recherche sur les grandes questions sociales, politiques, économiques et même écologiques. La Banque mondiale l’a placée au centre de son processus de décision. Pourtant la question à l’étude est celle qui retient l’attention des penseurs depuis Platon et Aristote : quels rapports les hommes doivent-ils entretenir avec leur semblable pour vivre dans la paix et l’harmonie à l’intérieur d’un grand ensemble humain, qu’il s’agisse d’une cité ou d’une nation? Quel est donc l’éclairage nouveau qu’a apporté la notion de capital social pour prendre une telle importance en si peu de temps, pour devenir au début du XXIe siècle l’équivalent de la notion de classe sociale au début du siècle dernier?

Pour Pierre Bourdieu, le capital social se situe dans le sillage de la classe sociale, il fait partie au même titre que le capital économique et le capital culturel, avec lequel il coïncide souvent, des facteurs qui déterminent le pouvoir dont disposent les individus et par suite, leurs chances de réussir dans la vie et d’abord à l’école.

Si c’est le mot pouvoir qui résume le mieux la conception de Bourdieu, c’est l’adjectif anglais fungible qui aide le mieux à comprendre la conception de Coleman. À ses yeux le capital social peut prendre diverses formes ou configurations ayant chacune une fonction particulière, mais il n’est pas fungible : on ne peut pas substituer un type de capital social à un autre pour remplir la même fonction. La famille élargie n’est pas la meilleure rampe de lancement d’un projet qui exige la plus haute compétence technique.

Et ce sont les mots association et société civile qui caractérisent le mieux la conception de Robert Putnam. Tocqueville avait observé que la démocratie américaine au XIXe siècle reposait sur la vie associative dans les communautés. De nombreux citoyens participaient activement à une ou plusieurs associations ce qui leur donnait l’expérience de la persuasion par la parole et l’écoute. Putnam a souligné avec force le lien très étroit entre cette vie associative et la société civile. Dans Bowling Alone, ouvrage paru en 2000, Putnam a soutenu que la vie associative est en régression aux Etats-Unis depuis la fin de la décennie mil neuf cent-soixante. Dans d’autres travaux, il a montré qu’une trop grande diversité ethnique réduit le capital social. C’est la principale raison pour laquelle l’œuvre de Putnam suscite tant d’intérêt en ce moment dans les pays où la proportion d’immigrants est importante.

Ce succès s’explique davantage par la quantité de données que Putnam a accumulées et par la rigueur de sa méthode de cueillette et d’analyse que par la clarté de sa définition du concept de capital social. Comme ses mesures portent principalement sur des associations volontaires, des clubs de bridge aux associations charitables, et comme la thèse de Tocqueville sur le lien entre ces associations et la solidité de la démocratie américaine est le point de départ de Putnam, on est tenté de croire que le capital social se réduit à ses yeux aux dites associations volontaires. Ce n’est pas le cas. Le concept de capital social, dit-il, est le conceptual cousin de celui de communauté, et c’est l’expression réseau social qui le résume le mieux, le réseau pouvant être dans les faits aussi bien formel qu’informel, aussi bien nécessaire, imposé par la tradition que voulu ou électif. Si bien qu’on se demande si le concept de capital social ajoute quelque chose au concept de sociabilité. Il ajoute, répond Putnam, l’idée de valeur:« L'idée centrale de la théorie du capital social c'est que les réseaux sociaux ont une valeur. De même qu'un tournevis (capital physique) ou une formation de niveau collégial (capital humain) peuvent accroître la productivité, (individuelle et collective) de même les contacts sociaux influent sur la productivité des individus et des groupes.»1

Le mot valeur, emprunté ici sans ambiguïté à l’économie, justifie l’usage du mot capital. L’exemple du tournevis, si grossier qu’il puisse paraître, a au moins l’avantage de ne laisser aucun doute au lecteur sur la présence de la raison instrumentale au cœur de la théorie de Putnam. Certes, précise-t-il, comme il y a de l’argent sale, il y a du capital social dont l’effet est négatif, tel celui des mafias et de certains groupes religieux fondamentalistes, et cela nous oblige à faire l’effort de minimiser le mauvais capital social et d’optimiser le bon. Mais une fois cette réserve faite, Putnam n’hésite pas à laisser flotter une connotation positive autour des réseaux sociaux qui constituent le capital social.

D’où l’usage que fera la Banque mondiale du concept de capital social dans le cadre de ce qu’elle appelle le Community driven developement (CDD). Le mot d’ordre est simple : il faut proposer des projets compatibles avec le type de capital social qui les caractérise. Ainsi un projet ou une entreprise exigeant que le recrutement se fasse uniquement sur la base de la compétence technique ne conviennent pas à une communauté où les liens familiaux sont très forts. Pour aider ses partenaires à adapter leurs projets aux divers types de capital social, la Banque mondiale a mis au point divers instruments de mesure du capital social :


1- Robert Putnam, Bowling Alone, Chapter One.


Enjeux
Au moment où je travaillais à ce dossier, j’ai croisé, à l’occasion d’une promenade, une adolescente à cheval. Son père la suivait, mais à pied. Tout autour, la neige épurée et omniprésente d’un lendemain de tempête en campagne ajoutait je ne sais quelle grâce à la scène. Je me suis rapproché du trio, pour constater que l’adolescente était secouée par les larmes. Elle montait son cheval pour la dernière fois. Il était vieux, malade, l’heure de l’euthanasie avait sonné pour lui. Elle le menait chez un voisin qui ferait discrètement le nécessaire. Le cheval en avait-il le pressentiment? Il hennissait à la mort…Et les chevaux du centre d’équitation voisin se sont rassemblés près de la clôture, comme pour lui faire leurs adieux.

L’euthanasie! C’est la norme pour les vieux chevaux dans notre coin de pays. Pour les chiens la norme est un peu différente. Le nôtre m’accompagnait dans ma promenade, mais sur trois pattes seulement, un accident l’ayant privé de la quatrième. Nous n’avons même pas songé à le faire euthanasier et nos voisins, qui l’aiment aussi, ont approuvé notre choix. Notre attachement pour lui n’a fait que croître depuis et tout indique que la réciproque est vraie.

On pourrait expliquer la clémence de la norme dans le cas du chien par le fait qu’il s’agit d’un animal de compagnie qui ne cesse pas de remplir sa fonction quand il est handicapé, tandis qu’un cheval qu’on ne peut ni monter, ni atteler vaut moins que sa viande. En d’autres termes, le chien handicapé continue de faire partie du capital social de ses maîtres tandis que le cheval en est exclu par la vieillesse ou un handicap.

Il existe des normes semblables entre êtres humains. Malheur aux sociétés où elles sont la loi ultime, c’est peut-être le sort du cheval et non celui du chien qui y attendra les plus faibles. On pousse insensiblement les sociétés dans cette direction chaque fois que l’on réduit les rapports sociaux à des moyens en vue d’une fin autre : la santé, la richesse, le bonheur, la démocratie. Vue sous cet angle, la théorie du capital social est extrêmement dangereuse. Il est presque inévitable qu’elle ait pour effet de durcir les rapports humains partout où elle n’a pas comme contrepoids soit une philosophie, soit une religion qui subordonne les normes sociales au respect absolu de la dignité de l’être humain. L’inscription de la dignité dans la liste des droits individuels qui doivent être respectés n’est pas une mesure suffisante pour protéger les plus faibles. C’est précisément là où l’on se flatte le plus de respecter les droits individuels que la tentation de faire du choix un absolu est la plus forte. Et de même que l’eugénisme s’est généralisé dans les sociétés libérales où l’on a continué de le réprouver sous la forme que lui avait donnée les nazis, de même pourra-t-on, tout aussi hypocritement pousser les plus faibles vers la porte de sortie. «J’ai commencé la mort par de la solitude », disait le poète. La solitude à laquelle bien des gens sont réduits dans nos sociétés affairées et libérales les rapproche dangereusement de la porte de sortie.


Essentiel
On aura compris que Putnam n’échappe pas à l’idée de bien dont il s’est pourtant efforcé de faire abstraction dans ses sondages. Il subsiste une pétition de principe au cœur de sa théorie : le capital social est une bonne chose dans la mesure où il produit de bonnes choses : la santé, l’éducation, la réussite, la richesse : Notre économie, notre démocratie et même notre santé et notre bonheur depend on adequate stocks of social capital. » Mais le capital social peut aussi être une mauvaise chose. Même s’il produit alors également richesse, démocratie, santé et bonheur? Hélas oui! Nul ne peut contester que de 1933 à 1939 le formidable capital social allemand a produit richesse, bonheur et santé, sinon dans la démocratie, du moins avec l’appui de la majorité. Il faut donc un critère transcendant pour juger le capital social.

Ce qui revient à dire qu’il faut d’abord se garder de le considérer comme un moyen et ensuite faire preuve de la plus grande prudence dans le recours aux critères quantitatifs pour l’évaluer. Voici la liste des quatorze indicateurs à partir desquels l’indice de capital social est établi pour chaque état américain :

    • Oui: "J'ai passé beaucoup de temps à visiter des amis."
    • Oui: "La plupart des gens sont dignes de confiance"
    • Oui: "La plupart des gens sont honnêtes."
    • Participation : Participation à une réunion publique touchant les affaires municipales ou scolaires. (pourcentage)
    • Nombre d'organisations civiques ou sociales par 1000 habitants.
    • Nombre moyen de réunions de clubs tenus auxquelles on a participé l'an dernier
    • Nombre moyen de membres poar groupe.
    • Nombre moyen d'actes bénévoles l'an dernier.
    • Nombre moyen d'événements à la maison l'an dernier.
    • Nombre moyen de participations à un projet communautaire l'an dernier
    • Nombre d'organisations sans but lucratif par 1000 habitants
    • Poste de responsable dans une organiation l'an dernier. (pourcentage).
    • Membre d'un comité d'une organisation locale l'an dernier. (pourcentate)
    • Pariticipation aux élections présidentielles, 1988 and 1992.

Les résultats que l’on peut obtenir à l’aide de tels indicateurs ne sont intéressants que dans la mesure où l’on peut présumer que la qualité de la participation aux divers réseaux n’a pas varié entre les deux époques comparées : 1975 et 1998. Ils perdraient tout intérêt, par exemple, dans l’hypothèse où, entre les deux années en cause, à la faveur d’une révolution spirituelle par exemple, les Américains auraient fait le choix de cultiver de rares mais profondes amitiés et de ne s’engager que dans des causes, rares elles aussi, qui mobilisent leurs plus hautes facultés et les obligent à la fidélité.

Nous connaissons tous des personnes ayant, comme on disait jadis, de l’entregent, dont les amis ne sont que des contacts et qui ont d’autant plus de contacts que leur lien avec chacun est plus superficiel. À la limite, une société uniquement composée de pareils individus pourraient être considérée comme le plus grand capital social au monde selon les indicateurs de Putnam et être totalement dépourvue de sociabilité.

C’est l’indice de qualité des rapports sociaux qu’il faudrait d’abord chercher. Faite de chaleur humaine, de richesse affective et d’un intérêt éclairé pour autrui, cette qualité suppose un haut degré d’identité, d’authenticité, lequel suppose à son tour un solide enracinement dans un lieu et une culture de même qu’un sens métaphysique qui permet, selon les mots de Victor Hugo, de « sentir l’être sacré frémir dans l’être cher ». L’érosion de la substance humaine produit celle des rapports humains. Quelle peut être la qualité des rapports sociaux d’un être gavé d’images et de bruits hétéroclites, constamment sollicité par la publicité, incapable d’une attention à la fois vive et patiente, ayant besoin de la drogue pour affronter la vie de tous les jours ?

Il est fort possible qu’il y ait eu érosion de la substance humaine aux Etats-Unis entre 1975 et aujourd’hui. Les soldats qui servent en Iraq en ce moment ont-ils le courage, la force d’âme de ceux qui ont si bien servi l’Europe pendant la guerre de 1939-1945 et qui ont ensuite enrichi le capital social de leur pays comme le montre Putnam ?

Il faut soulever la question de l’érosion de la substance humaine dans le débat sur le capital social. Là où la cause profonde du mal est à ce niveau, comme c’est peut-être le cas aux Etats-Unis de Putnam, il est vain de chercher le remède dans un retour volontaire aux associations, retour qui sera sans lendemain, précisément parce qu’il sera un acte volontaire, plutôt que de résulter de ce désir de l’autre qui est aussi un désir du bien. Quand on ne peu plus ni voir, ni sentir les autres, c’est parce qu’ayant été gavé de fausse altérité, on sent la fausseté de sa propre identité.

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