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TEDDI au tribunal (Jacques Dufresne)
Un minou robot pour mamie
Un minou robot pour mamie (Jacques Dufresne)

Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
La raison seconde ou la fausse spontanéité
Dossier : Autonomie psychologique
Dernière modification :
09 / 23 / 2010
Jacques Dufresne

Extrait
« L'âme, c'est ce qui dit non quand le corps dit oui. »C'est ainsi qu'Alain résumait la morale et la psychologie qui nous viennent en droite ligne des Grecs. Tantôt par la contrainte, tantôt par la persuasion la plus douce, pense-t-on dans cette tradition, la forme doit régner sur la matière, l'âme doit guider le corps dont les mouvements premiers, spontanés, ont besoin d'être pris en charge, orientés. Cette forme aristocratique de gouvernement de soi-même est apparue aliénante au cours des dernières décennies. On a acquis peu à peu la conviction que, dans l'homme occidental, la superstructure était beaucoup trop forte par rapport à l'infrastructure. Peu à peu, la recherche de la maîtrise de soi a reculé devant le besoin d'affirmation et d'expression de soi. La nature qui était le lieu d'incarnation de l'idéal est devenue elle-même l'idéal. La conscience occidentale s'est peuplée d'impératifs de ce genre : il faut se défouler, être soi-même, bien dans sa peau. Au lieu de s'inquiéter de la force qu'ils « tiraient de la bassesse de leur nature », les Karamazov rêvent désormais de réveiller cette force en eux..

Présentation
Il y a une trentaine d'années, paraissait l'un de ces livres médiocres qui connaissent un immense succès parce qu'ils correspondent à l'esprit d'un temps. Intitulé Les enfants du Verseau, il misait sur le penchant des lecteurs vers l'astrologie pour les convaincre, non pas de se purifier, comme l'aurait fait un philosophe de la tradition, mais de profiter d'un tournant de l'histoire inscrit dans les astres pour se convertir, pour passer d'une vie extérieure, axée sur la consommation, à une vie intérieure, contemplative, rappelant celle des grandes traditions spirituelles. Loin d'être vécue sous la contrainte d'une morale objective, cette conversion devait être une libération, un retour à la spontanéité, au naturel. Il devait s'ensuivre, sur le plan social, une révolution. « Ce n'est pas être optimiste vis-à-vis de la nature humaine que de croire en la possibilité d'une transformation sociale imminente. » écrivait M.Ferguson « La plasticité du cerveau et du comportement humain est presque incroyable. S'il est vrai que nous sommes conditionnés à être effrayés, hostiles, sur la défensive, nous avons pourtant une capacité extraordinaire de transcendance. »

La révolution n'a pas eu l'ampleur escomptée, mais un certain changement, porté par les nouvelles spiritualités s'est produit. Comment faire en sorte que ce changement contribue à améliorer nos rapports avec nous-mêmes et avec la nature plutôt qu'à les dégrader?


Texte
Un renversement radical des perspectives dans les rapports entre la raison et le corps s'est opéré dans beaucoup de milieux au XXième siècle : ce qui était donné, les pulsions, les mouvements premiers, on veut se le donner. « L'âme, c'est ce qui dit non quand le corps dit oui. »C'est ainsi qu'Alain résumait la morale et la psychologie qui nous viennent en droite ligne des Grecs. Tantôt par la contrainte, tantôt par la persuasion la plus douce, pense-t-on dans cette tradition, la forme doit régner sur la matière, l'âme doit guider le corps dont les mouvements premiers, spontanés, ont besoin d'être pris en charge, orientés. Cette forme aristocratique de gouvernement de soi-même est apparue aliénante au cours des dernières décennies. On a acquis peu à peu la conviction que, dans l'homme occidental, la superstructure était beaucoup trop forte par rapport à l'infrastructure. Peu à peu, la recherche de la maîtrise de soi a reculé devant le besoin d'affirmation et d'expression de soi. La nature qui était le lieu d'incarnation de l'idéal est devenue elle-même l'idéal. La conscience occidentale s'est peuplée d'impératifs de ce genre : il faut se défouler, être soi-même, bien dans sa peau. Au lieu de s'inquiéter de la force qu'ils « tiraient de la bassesse de leur nature », les Karamazov rêvent désormais de réveiller cette force en eux.

Les pièges inhérents à un tel mouvement de libération sont si mal dissimulés qu'on se demande s'il vaut vraiment la peine de les décrire. Comment éviter de confondre vivre et volonté de vivre ? Comment distinguer l'expérience authentique de l'expérience qui, ayant été provoquée artificiellement, transforme celui qui la vit en un laboratoire ? Comment éviter de mimer les émotions, les mouvements premiers qu'on croit souhaitables d'éprouver ? Et surtout, comment ne pas voir que le « il faut », même s'il porte sur un mouvement premier, demeure un ordre que l'âme donne au corps, un ordre plus suspect même que les anciens impératifs parce qu'il équivaut à fouetter un rocher pour en faire rejaillir la source tarie.

Une sorte de raison seconde semble être partout à l'oeuvre avec pour mission de recréer cette nature, cette matière, qui était le point d'application de la raison première. C'est la critique de cette raison seconde, sous ses aspects théoriques et pratiques, qu'il faudrait entreprendre pour dégager les éléments positifs des mouvements de libération et indiquer les conditions à respecter pour assurer leur victoire sur les éléments négatifs. Dans Les Enfants du Verseau, Marilyn Ferguson 1 écrit, avec une déconcertante naïveté : « Pour la première fois l'humanité a accès au panneau de contrôle du processus de changement ». Quand on sait que le changement en question est le passage de l'extérieur vers l'intérieur, la réhabilitation de l'âme en tant que principe de vie et de santé, on se demande comment un tel livre a pu être pris au sérieux.

Cette transposition de la mentalité technicienne dans son contraire était pourtant tout ce qu'il y a de plus prévisible. La hâte même avec laquelle on appelle ce changement, la façon dont on s'y précipite sont suspectes. « Ce n'est pas être optimiste vis-à-vis de la nature humaine que de croire en la possibilité d'une transformation sociale imminente. » 2

Comment passer presque sans transition du monde des moyens au monde des fins ? On allait inévitablement être tenté d'utiliser les fins comme des moyens. Le salut devint ainsi une condition de la santé, la paix intérieure une étape à franchir pour être bien dans sa peau ; la transcendance, une des formes de la plasticité du cerveau. « La plasticité du cerveau et du comportement humain est presque incroyable. S'il est vrai que nous sommes conditionnés à être effrayés, hostiles, sur la défensive, nous avons pourtant une capacité extraordinaire de transcendance. » 3

On entre ainsi dans le monde de Pythagore et de saint François sans avoir quitté celui de Skinner. Le Saint-Esprit est un pigeon. Dieu est le renforcement suprême.

On passe aussi sans transition des moyens commerciaux aux règles et aux finalités de la vie intérieure. « Des grands magasins aux aéroports on trouve désormais la sagesse du monde en collection de poche. » 4 Il ne manquait que l'assaisonnement démocratique : « À travers les siècles et partout dans le monde, les techniques capables d'induire de telles expériences n'étaient pratiquées que par de rares initiés à chaque génération ». Mais aujourd'hui, aux États-Unis, tout est accessible tout de suite à tout le monde.

Un premier effort de lucidité s'impose donc pour distinguer la réémergence des sources vives des techniques de forage. À ce propos, il faut rappeler sans cesse que la vie ne peut naître que de la vie et que la précipitation en cette matière, un usage intempestif de la raison ne peuvent provoquer que des contrefaçons crispées, éphémères, plus décevantes que l'état initial auquel on cherchait à échapper. L'attente ici est une condition fondamentale, l'attente à vide, l'attente désintéressée, et non pas celle qui est elle-même une technique. Il faut parfois dix ans, vingt ans d'attente désintéressée pour être enfin en état de voir et d'entendre les oiseaux. Et nul ne peut savoir avec précision ce qui s'est passé en lui et dans son milieu pour que la chose devienne possible. Il arrive aussi qu'on devienne tout à coup sensible à une poésie qu'on connaissait sans la connaître. Qui sait ce qui a rendu ce changement possible. Il n'y a pas de recette en cette matière, il n'y a que des conditions générales telles que l'attente, l'humilité, l'authenticité. « Il ne faut pas faire l'un trop vite », disaient les anciens. C'est le conseil le plus sage qui pouvait être donné aux mystiques de l'âge des fusées. Les grandes traditions nous enseignent aussi que l'authenticité est pudique et discrète. « Rien n'empêche tant d'être naturel que l'envie de le paraître. »5 « Les changements profonds sont silencieux », disait Nietzsche.

Ainsi parlait Zarathoustra. Saint Jean de la Croix de son côté parle d'une musica callada, c'est-à-dire silencieuse. Osant à peine évoquer Dieu, il le présente comme un no sé que que se halla por ventura, « un je ne sais quoi que l'on rencontre par hasard ». Tout ce qui est important pour nous se passe pour ainsi dire à notre insu. Ainsi se transmet la lumière vivante entre le maître et le disciple, comme nous l'apprend Platon dans ce passage écologique de la Septième lettre :

Ce n'est pas un savoir qui, à l'exemple des autres, puisse aucunement se formuler en propositions ; mais, résultat de l'établissement d'un commerce répété avec ce qui en est la matière même, résultat d'une existence qu'on partage avec elle, soudainement, comme s'allume une lumière lorsque bondit la flamme, ce savoir se produit dans l'âme et, désormais, il s'y nourrit tout seul lui-même. 6

Attente et silence sont aussi les conditions générales des formes les plus élémentaires de régénérescence. On peut bien décider d'entrer en symbiose avec la nature, les résultats n'auront pas plus de valeur que lorsqu'on décide de se donner une âme. Le génie des lieux est subtil, mystérieux et réservé. Il ne se révèle pas à celui qui tente de s'en emparer par effraction. La marmotte, en extase devant le soleil du printemps, n'évoque pas l'attitude contemplative pour celui qui la chasse depuis une voiture en marche. C'est le vide supporté patiemment et sans illusion qui nous donne accès au lien vivant entre les êtres.

On ne saurait nier toutefois que le besoin de la nature part d'une perception juste de la situation de l'homme contemporain. Il est trop évident qu'en affamant les sens on porte atteinte à la vitalité. On ne conçoit que trop bien d'autre part que les excès d'excitation finissent par créer un besoin incoercible de détente. « L'âme éclaterait si elle devait réagir profondément à chacune des sollicitations de la ville moderne. Instinctivement - pour se sauver, pour conserver un minimum d'équilibre au sein de ce tourbillon endiablé d'excitation - elle nivelle, elle automatise ses réactions. Trop de quémandeurs la harcèlent, ici cette affiche, là ce théâtre, plus loin cette femme aux atours provocants ; pour répondre à tous sans se ruiner, elle fait de l'inflation, elle émet de la fausse monnaie. Après quelques années de ce régime, elle n'est plus capable d'un sentiment profond, d'une idée personnelle. Toute sa vie s'étale en surface : les passions et les opinions y roulent indéfiniment, mais toute vertu de pénétration s'est envolée d'elle. » Ce diagnostic a été formulé par Gustave Thibon 7 dans les années trente, c'est-à-dire avant l'invention de la télévision, des jouets électroniques et des autres merveilles qui semblent destinées à transformer l'environnement en une immense pompe à aspirer l'homme hors de lui-même.

On ne peut donc pas en vouloir à ces Californiens qui cherchent la paix du corps et de l'âme en se laissant flotter dans un bain d'eau salée. Mais on ne peut que s'interroger sur leur logique à la pensée qu'ils vont ensuite aller « s'éclater » dans un week-end de rebirth et que le lendemain ils vont malmener ce qui leur reste de réactions instinctives en regardant un film d'horreur.

À l'attente et au silence comme conditions générales de la régénérescence, il faut donc ajouter la cohérence, laquelle place bien des mutants dans une situation de pétition de principe, parce qu'elle suppose l'esprit de système, une maîtrise de ses pensées et de soi-même qui rappelle fâcheusement cette conception aristocratique de la hiérarchie intérieure à la nécessité de laquelle ils voudraient pouvoir se soustraire.

Nous n'avons évoqué jusqu'à maintenant que des conditions générales de réinsertion dans le flux de la vie. Il reste les conditions particulières. La campagne ne convient pas à tout le monde. Et dans la campagne, tel paysage conviendra à l'un et pas à l'autre. Nietzsche prétendait qu'il n'existait qu'un paysage au monde qui puisse convenir aux êtres uniques que nous sommes. Cet alter ego cosmique, il a cru pour sa part le trouver à Sils Maria. Victor Hugo était sans doute chez lui à Paris, quoiqu'il ait fort bien chanté les ruisseaux et les bosquets.

Le septième sens qui nous donne accès à des correspondances à la fois subtiles et nécessaires, c'est le flair. Mais voilà un sujet que toute la finesse du monde ne nous permettrait pas d'épuiser. Celui qui a de bonnes racines dans la culture populaire et savante de son lieu, qui se nourrit d'autre part des chefs-d'oeuvre de la culture universelle, sera sans doute le mieux préparé à choisir les êtres, les lieux, les carrières qui lui conviennent. Mais qu'est-ce qu'une culture authentique ? On pourrait dire, paraphrasant Pascal : peu de culture éloigne de la nature, beaucoup de culture en rapproche. Ici encore nous sommes dans une situation de pétition de principe. Pour trouver la vie dans la nature, il faut l'avoir déjà en soi-même. On ne peut tirer qu'une conclusion de ce survol. Le scepticisme s'impose devant toutes les idéalisations de la nature, devant toutes les invitations au rebirth. Le flair d'un primitif combiné à la finesse de Pascal ne serait pas superflu pour quiconque voudrait être assuré de trouver le chemin de l'authenticité en dépit des occasions de déracinement, de facticité dont la vie contemporaine est remplie.

1-Marilyn FERGUSON, Les enfants du verseau. Pour un nouveau paradigme, Paris, Calmann- Lévy, 1981, p. 23.

2 Ibid., p. 14.

3 Ibid., p. 51.

4 Ibid., p. 25.

5 LA ROCHEFAUCAULD, Maximes.

6 PLATON, La septième lettre, Oeuvres complètes, Édition de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1950, tome 2, p. 1208.

7 Gustave THIBON, Diagnostics, Paris, Éd. Genin, 1942, p. 25.

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