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| Revue Le partenaire | | Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres. | |
Destination El Paradiso | | El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial:
Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté,
Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy,
Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
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Le Guérisseur blessé | | Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable.
Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence! | |
Mémoire et cerveau | | Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes. | |
Spécial Mémoire | | Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
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L'itinérance au Québec | | La personne en situation d’itinérance est celle :
[…] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et
dépourvue de groupe d’appartenance stable.
Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation
en constituent le coeur. | |
L’habitation comme vecteur de lien social | | Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection
Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p.
Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement
individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie.
Pour en savoir plus : http://www.puq.ca | |
Revue Développement social | | On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
| La réforme des tutelles: ombres et lumières. | | En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009.
La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard.
Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années. | |
Puzzle, Journal d'une Alzheimer | | Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT
LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007.
«Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
| Les inattendus (Stock) | | Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007) | |
En toute sécurité | | Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap. | |
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux | | Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur). | |
Le temps des rites. Handicaps et handicapés | | Auteur : Jean-François Gomez.
Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p.
"Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion.
Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité." | |
Dépendances et protection (2006) | | Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006 | | |
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Lettre ouverte aux parents d’un enfant autiste |
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Hélène Laberge |
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Tirée du site officiel de Daniel Tammet: Optimnem |
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Extrait |
Il récuse l’idée que le cerveau humain est analogue à un ordinateur. « Chaque cerveau est
pourtant bien singulier , non seulement en raison de différences biologiques
(le genre, l’âge ou la santé de l’individu), mais parce qu’il est en perpétuelle
évolution , réagissant constamment à l’environnement externe et interne de
son propriétaire. » 13 |
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Présentation |
Cette lettre s'inspire du témoignage de Daniel Tammet, l'homme qui voit les chiffres en couleur et peut donner dans l'ordre les 22 514 premières décimales de pi...l'homme aussi qui se refuse à réduire l'homme à son cerveau et son cerveau à un ordinateur. |
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Texte |
Chers parents,
Vous trouverez dans le livre d’un autiste devenu célèbre, Daniel Tammet, Je
suis né un jour bleu, 1 des raisons d’espérer qu’à force d’attention aux
besoins, souvent si particuliers, de votre enfant, il en résultera un jour un être
dont l’humanité, la sensibilité et les talents vous combleront, à sa façon et
selon ses dons. Daniel Tammet maintenant âgé de 30 ans décrit d’une façon
claire son enfance : ses anxiétés, sa peur d’autrui, sa sensibilité aux bruits,
son besoin de rituels fixes, ses colères, mais aussi et surtout la façon dont
son cerveau fonctionne : un instinct naturel des nombres, d’ailleurs propre à
tous les humains, mais qui, chez lui, prend la forme d’une visualisation
étonnante des chiffres et des nombres. Cette autobiographie unique d’un
autiste devenu un grand savant est une mine de compréhension pour les
parents, les médecins, thérapeutes et éducateurs dans leurs relations avec les
enfants atteints d’autisme.
Daniel Tammet qui vient d’être élu « l’un des 100 génies vivants du monde
par un panel d’experts et un jury britannique » est l’aîné d’une famille de
neuf enfants aux revenus modestes. Et il naît à un moment où le
développement si particulier de l’enfant autistique, son comportement, sa
fermeture à son entourage, sa sensibilité extrême à son environnement, ses
difficultés à s’intégrer à l’école pouvaient être attribués à un handicap
intellectuel. En l’absence d’un programme de soins, les parents de Daniel se
contentèrent de répondre à ses besoins et à ses désirs avec une incroyable
patience. « Ma chambre était mon sanctuaire, un espace intime dans lequel
je me sentais à l’aise et heureux. J’y passais une grande partie de la journée,
au point que mes parents prirent l’habitude de monter dans la chambre, pour
venir s’asseoir près de moi et passer du temps tous ensemble. Jamais ils ne
m’ont montré d’impatience. […] En proie à tous les problèmes que je leur
posais, mes pleurs, mes colères, ils m’ont aimé sans conditions, se sacrifiant
pour m’aider – petit à petit, jour après jour. Ils sont mes héros. » 2
Daniel, comme beaucoup d’enfants autistes, avait une sensibilité particulière
à un mode de connaissance, en l’occurrence une visualisation des chiffres
telle qu’il voyait « leurs formes lisses et rondes comme les galets sur la
plage. » « Mon expérience visuelle et émotionnelle des nombres correspond
à ce que les scientifiques appellent la synesthésie . » 3D’autres enfants
autistes ont un sens artistique extrêmement développé en musique, en dessin,
en maîtrise d’une langue. Vous qui devez quotidiennement composer avec
tous les symptômes de ce handicap, vous serez rassurés par la description
fine, intime, que Daniel devenu adulte fait de son expérience personnelle. :
« L’autisme, y compris le syndrome d’Asperger, se définit par l’altération
des interactions sociales, de la communication et de l’imagination (surtout
en ce qui concerne l’abstraction, la souplesse intellectuelle et l’empathie). Le
diagnostic n’est pas facile et ne peut pas se faire par simple prise de sang ou
scanner cérébral : les médecins doivent pouvoir observer le comportement
d’un individu et étudier l’histoire de son développement depuis
l’enfance. Les personnes touchées par le syndrome d’Asperger se
distinguent souvent par de bonnes aptitudes linguistiques et mènent une vie
relativement normale. » Il nous apprend aussi que l’autisme touche plus
d’hommes que de femmes, (environ 80% des autistes et 90% des personnes
atteintes du syndrome d’Asperger sont des hommes) ». Notons que ce
dernier syndrome n’a été identifié qu’en 1994!4
Symptômes
Voici quelques-uns des symptômes décrits par Daniel à partir des
témoignages de ses parents, et les moyens que ceux-ci employaient pour les
atténuer. Vous y trouverez sans doute des analogies avec vos propres
expériences : Insomnies et pleurs sans arrêt du nourrisson (il fut nourri au
sein pendant 18 mois, seule façon de le calmer avec le mouvement. Ses
parents passaient des heures à le bercer et à le promener dans un landau.
Daniel se demande comment ils ont pu traverser cette longue période (plus
d’une année)! « Je leur ai certainement fait perdre en partie la raison! »5 (On
sait maintenant que les nourrissons qui pleurent trop présentent de
l’hyperactivité vers l’âge de cinq ans).
À la garderie, il joue seul de façon répétitive (il passe des heures à
ramasser et à éparpiller les grains de sable d’un bac à sable). Il ne
communique pas avec les autres enfants. Marcher lui procure un grand
plaisir, il est sensible au contact du sol avec ses pieds. Il mange peu, du
lait, des céréales et du pain. Il retarde le coucher en sautant et en courant
sans arrêt. Il fait des cauchemars et finit par se réfugier dans le lit de ses
parents. Il décrit aussi ses obsessions : « L’un de mes jeux favoris était de
prendre une pièce de monnaie et de la faire rouler sur la tranche… sans me
lasser » 6 Autre trait : l’amour du silence et du calme de la lecture. Ses
parents étaient de grands lecteurs; le silence du salon pendant qu’ils lisaient
« m’apaisait et me rendait heureux. » 7 Autres petits bonheurs de son
enfance se balancer: La balançoire indéfiniment, le manège des chevaux de
bois. Et la terreur que lui inspirait le bruit subit du klaxon d’une voiture.
Une extrême acuité de la vue (fascination des couleurs de certains livres)
de l’ouie et du toucher.
Pour aider à sa coordination, ses parents lui présentaient sous forme de
jeux le repassage (à fer froid!), le rangement des livres dans la bibliothèque
familiale. Il apprend à 8 ans seulement à lacer ses chaussures et à
différencier celle de droite de celle de gauche. Pour éviter qu’il marche en
regardant par terre, ce qu’il fait habituellement, ils lui apprennent à fixer un
objectif au loin. Ses frères lui apprennent à se tenir sur un vélo, un long et
pénible apprentissage (beaucoup de chutes).
Autre symptôme : à 4 ans, violente crise d’épilepsie diagnostiquée au lobe
temporel. Bon pronostic, la moitié des enfants guérissent de ce type
d'épilepsie.8 . Il s’ensuit 3 ans de médication, de vérification médicale de
leur effet. Il n’a depuis plus jamais eu de crise.
Adaptation à l'école : nous sommes en Angleterre où l’on réunit les enfants
pour les faire entrer en classe et où les cours commencent par un chant: « La
sensation forte d’ordre et de routine me calmait. Les yeux clos, je me
balançais doucement sur le sol du préau en chantant bouche fermée… »
Anxiété trait dominant, suscitée par les changements dans la routine de la
classe. Besoin de s’occuper seul. Aucun sens naturel de l’orientation. Doit
apprendre les trajets à force de répétitions.
Manie des collections : en promenade, il remplit ses poches de marrons puis
ses chaussettes et ses souliers et rentre pieds nus. Les compte et les garde
dans un sac… jusqu’à ce qu’ils pourrissent. Idem pour les dépliants
publicitaires qu’il empile. Première ouverture au monde : Les jeux
olympiques en Corée du Sud en 1988; il mémorise le nom de tous les pays et
de tous les athlètes.9 Découverte des instruments de musique, le piano en
particulier. Gestion de ses émotions de la colère en particulier: le saut à la
corde est le remède efficace découvert par ses parents. 10
Cette liste de symptômes, vous la compléterez à partir de vos propres
observations. Car chaque autiste a un caractère particulier comme tout être
vivant. Dans un second livre Embrasser le Ciel immense,11 Daniel a tant
appris sur le fonctionnement du cerveau lors de ses dialogues avec des
savants du monde entier qu’il en a conclu que « tous les cerveaux ont du
génie. Les surdoués comme les gens ordinaires. » Votre enfant ne connaîtra
sans doute pas le destin exceptionnel de Tammet. Mais combien d’enfants
autistes ont le don d’apprendre des langues, de dessiner, de faire de la
musique! « Mon objectif est de montrer que les esprits qui fonctionnent
autrement, comme le mien, celui de Bill Gates ou de Kasparov, ne sont pas
si étranges ; et que n’importe qui peut apprendre d’eux … j’espère clarifier
les nombreuses idées fausses concernant les capacités des autistes savants et
proposer une nouvelle conception de l’intelligence. »12 Il récuse l’idée que
le cerveau humain est analogue à un ordinateur. « Chaque cerveau est
pourtant bien singulier , non seulement en raison de différences biologiques
(le genre, l’âge ou la santé de l’individu), mais parce qu’il est en perpétuelle
évolution , réagissant constamment à l’environnement externe et interne de
son propriétaire. » 13
Un génie des mathématiques :
Daniel a étudié d’abord son propre cerveau. Il est célèbre pour sa
mémorisation des décimales du nombre pi, le record était de 22 500
décimales. En décembre 2003 grâce à un ordinateur de Tokyo qui avait dans
ses fichiers des millions de décimales il les visualise et apprend à surmonter
la difficulté de les dire à haute voix. De 11 heures 5 à 4 heures et quart lors
d’un concours devant le public à Oxford, il défile 22 514 décimales sans
erreur. Comment est-ce possible? Et pourquoi ? « Pi est pour moi quelque
chose de très beau et tout à fait unique. Comme Mona Lisa ou une
symphonie de Mozart, pi est sa propre raison pour être aimé. » 14
Ne perdez pas de vue qu’il ne s’agit pas d’une mémorisation apparue
subitement ou mécaniquement. À l’école il faisait preuve d’une
extraordinaire rapidité de calcul mental et de résolution de problèmes
mathématiques. Son premier rapport avec son frère Lee (ouverture à l’autre)
est lié à un calcul mathématique! Il s’agissait de multiplier 82x 82x 82x 82. « Je
trouve la réponse en dix secondes mes mains crispées l’une sur l’autre et ma
tête remplie de formes, de couleurs et de textures : 45 212 176 , répondis-je.
Mon frère ne dit rien et je levai les yeux. Son visage était différent : il
souriait. Lee et moi n’avions jamais été proches jusqu’à ce moment-là.
C’était la première fois que je l’ai vu me sourire.» 15
Ses parents ont joué un rôle primordial dans son développement intellectuel.
Après ses cours, tous les soirs Daniel se rend à la bibliothèque de son
quartier où il apprend par coeur le nom des rois d’Angleterre et des
présidents des États-Unis. Il y gagne le prix de concours de lecture.
Je vous laisse découvrir sa merveilleuse rencontre avec une Jeanne
imaginaire, une vieille femme qu’il se représente comme très douce et très
apaisante et qui, lorsqu’elle le quitte après des mois de dialogue intérieur, lui
permet de prendre « la pénible décision d’essayer de trouver ma voie dans le
vaste monde, et d’y vivre. »16
Une fois fait le dur apprentissage de l’école, ses résultats dans les diverses
matières furent les suivants : A en histoire, langue anglaise, littérature,
français, allemand; B en sciences.
« Sa voie dans le vaste monde »
À sa façon simple et directe, voici comment Daniel décrit sa puberté : « La
ruée des hormones affecta la façon dont je voyais les gens autour de moi,
dont je ressentais leur présence. Je ne comprenais pas les émotions. Tout ce
que je savais c’est que je voulais être proche de quelqu’un. […] Dès l’âge de
11 ans, je sus que les garçons m’attiraient, bien que ce ne soit que plusieurs
années plus tard que je commençai à me considérer comme gay. […] Je n’ai
jamais senti le moindre embarras en ce qui concerne mes sentiments parce
que ce n’était pas un choix. Ils étaient spontanés et aussi réels que les
changements physiques de la puberté. Toute mon adolescence, j’ai souffert
de ne pas avoir confiance en moi, à cause des moqueries dont j’étais l’objet,
et de mon incapacité à parler et à agir naturellement avec mes camarades –
de sorte que la séduction ne m’apparaissait pas possible. »17
Enfin, un autre facteur essentiel dans sa maturation fut ses premiers voyages
à l’étranger, « une perspective à la fois effrayante et très excitante » écrit-il à
propos d’un long séjour en Lituanie où il fera l’expérience d’une hospitalité
et d’une amitié inconditionnelles ainsi que l’apprentissage rapide du
lituanien, l’une des neuf langues qu’il maîtrise maintenant. Suivront la
découverte de l’amour, lors de sa rencontre avec Neil au retour de ce
voyage, et la vie de couple qui s’ensuivra. « L’amour m’a définitivement
transformé en m’ouvrant aux autres et en me faisant prendre conscience du
monde qui m’entoure. » 18
Pour gagner sa vie, il crée un site éducatif avec des cours en ligne pour les
étudiants en langues.19Il est actuellement sur « la liste de la National Grid for
Learning » du Royaume Uni, un portail gouvernemental qui propose une
sélection de contenus éducatifs de qualité sur Internet. »20 Les Américains
s’intéressent à cet autiste de haut niveau. D’où une tournée aux Etats-Unis et
une rencontre inoubliable avec un autre autiste célèbre , Kim Peek, vedette
du film Rain Man.21
Cette célébrité n’a pas fait de Daniel une vedette. Il est d’abord un écrivain
qui consacre son temps, de concert avec des savants à étudier le cerveau
humain et à briser les préjugés à l’égard des personnes atteintes d’autisme.
On le décrit comme « un savant plein d’humanité et doté d’une sensibilité
bouleversante. »
Daniel s’est converti au christianisme. Voici comment il explique cette
adhésion : « Beaucoup de gens sont surpris quand je leur dis que je suis
chrétien. Ils imaginent que croire en Dieu ou explorer des chemins spirituels
est incompatible ou très difficilement compatible avec le fait d’être autiste. Il
est absolument vrai que mon Asperger rend l’empathie ou la pensée abstraite
plus difficile pour moi. Mais cela ne m’empêche pas de penser à des sujets
profonds, qui concernent la vie et la mort, l’amour et les relations, par
exemple. … L’emphase religieuse du rituel, par exemple, est une aide pour
les personnes atteintes de troubles du spectre autistique car la stabilité et la
solidité qu’elle apporte leur sont précieuses. » 22 La découverte de
Chesterton, écrivain et journaliste anglais du début du XXe siècle, a eu une
influence décisive sur sa décision de se faire baptiser. « Lire Chesterton
adolescent m’aida à comprendre intellectuellement Dieu et le christianisme
(ailleurs, il écrit ne pas avoir compris les cours d’éducation religieuse de son
école). Le concept de la Trinité, d’un Dieu qui est une relation vivante et
aimante , était quelque chose que je pouvais me représenter mentalement et
qui signifiait quelque chose pour moi. J’étais également fasciné par l’idée de
l’Incarnation, de Dieu se révélant Lui-même dans le monde, tangible,
humain, en Jésus-Christ. » 23
Enfin, après avoir reconnu sa totale indifférence à l’égard de sa famille et de
ses parents pendant son enfance (ce dont peut-être vous-mêmes faites
l’expérience dans vos rapports avec votre enfant), il écrit : « Leur soutien a
été l’une des raisons principales de mon succès dans la vie… Avec le recul,
je leur suis extrêmement reconnaissant pour tout l’amour qu’ils m’ont donné
et qu’ils continuent de me donner. » 24Reconnaître comme le fait Daniel
devenu adulte que c’est l’amour de ses parents qui lui a permis de surmonter
son autisme, n’est-ce pas là un merveilleux antidote contre le découragement
? On aimerait connaître à ce sujet ce qui a soutenu leur patience et leur
persévérance !
À l’heure actuelle, Daniel vit avec son ami Jérôme à Avignon, dans le Sud
de la France.
Notes
1À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste, Éditions J’ai lu, 2009, diffusion Flammarion. Traduit de l’anglais (Grande-
Bretagne) par Nils C. Ahl. (Coup de coeur Renaud-Bray)
2 Ibid. p.43
3 Ibid,p.11
4 Ibid. p.16
5 Ibid.p.28
6 Ibid.p.36
7 Ibid.p.37
8Ibid.p.49
9 Ibid.p.85
10Ibid.p.92
11Daniel Tammet, Embrasser le ciel immense Le cerveau des génies, Le Arènes, janvier 2009. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Daniel Tammet et Jérôme Tabet. (Coup de coeur Renaud-Bray)
12 Ibid.p.11
13Ibid.p 312
14Ibid.p.233
15À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste, Éditions J’ai lu, 2009, diffusion Flammarion. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Nils C. Ahl. (Coup de coeur Renaud-Bray) p.94
16Ibid.p.107
17Ibid. p.17
18Ibid. p.201
19 Site officiel de Daniel Tammet, Optimnem
20 À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste, Éditions J’ai lu, 2009, diffusion Flammarion. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Nils C. Ahl. (Coup de coeur Renaud-Bray) p.192-193
21Daniel Tammet, Embrasser le ciel immense Le cerveau des génies, Le Arènes, janvier 2009. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Daniel Tammet et Jérôme Tabet. (Coup de coeur Renaud-Bray) p.253
22À l’intérieur du cerveau extraordinaire d’un savant autiste, Éditions J’ai lu, 2009, diffusion Flammarion. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Nils C. Ahl. (Coup de coeur Renaud-Bray) p.276
23 Ibid. p.278
24 Ibid.p.269 |
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