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| Revue Le partenaire | | Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres. | |
Destination El Paradiso | | El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial:
Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté,
Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy,
Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
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Le Guérisseur blessé | | Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable.
Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence! | |
Mémoire et cerveau | | Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes. | |
Spécial Mémoire | | Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
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L'itinérance au Québec | | La personne en situation d’itinérance est celle :
[…] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et
dépourvue de groupe d’appartenance stable.
Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation
en constituent le coeur. | |
L’habitation comme vecteur de lien social | | Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection
Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p.
Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement
individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie.
Pour en savoir plus : http://www.puq.ca | |
Revue Développement social | | On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
| La réforme des tutelles: ombres et lumières. | | En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009.
La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard.
Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années. | |
Puzzle, Journal d'une Alzheimer | | Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT
LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007.
«Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
| Les inattendus (Stock) | | Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007) | |
En toute sécurité | | Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap. | |
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux | | Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur). | |
Le temps des rites. Handicaps et handicapés | | Auteur : Jean-François Gomez.
Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p.
"Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion.
Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité." | |
Dépendances et protection (2006) | | Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006 | | |
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Euthanasie |
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Définition |
L'étymologie nous invite à définir l'enthanasie comme l'art de donner une bonne (eu) mort (thanatos). Par bonne mort, on entend surtout aujourd'hui mort sans souffrance. Dans le contexte médical contemporain, le mot euthanasie désigne la mort choisie par opposition à la mort naturelle. On peut hâter la mort d'un malade en renonçant à certains traitements ou en dépassant les limites dans l'administration d'autres traitements. Euthanasie passive dans le premier cas, euthanasie active dans le second! Active ou passive, l'euthanasie peut être pratiquée avec ou sans le consentement de l'intéressé, ou avec un consentement qui a été arraché par de subtiles pressions.
Euthanasie vs suicide assisté
Voir : Ward, Karen. "Differentiating Assisted Suicide and Euthanasia", North Country Gazette, 1er mars 2006 |
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Enjeux |
La question de l'euthanasie place les individus et les législateurs devant deux obligations qui sont contradictoires et semblent aussi fondamentales l'une que l'autre: le respect de la liberté et le respect de la vie. Simone Weil disait que le désordre dans une société se mesure à la multiplication des situations de ce genre.
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"Dans de nombreux pays d'Occident, on fait plus de cas aujourd'hui de la vie d'un animal qu'on n'en faisait de la vie d'un être humain il y a deux siècles. Cette importance croissante attachée à la vie s'accompagne d'une érosion des mobiles surnaturels sur lesquels reposaient les soins aux grands malades. Il en résulte une disproportion de plus en plus inquiétante entre les responsabilités à l'égard des êtres vivants et les moyens, matériels et spirituels, de les assumer. D'où le retour de l'eugénisme, la légitimation d'une certaine euthanasie et les espoirs que suscitent les manipulations génétiques. D'où aussi une déshumanisation des soins aux grands malades rendant impossible cette compassion par-delà le bien et le mal qui peut légitimer bien des actes... " (Jacques Dufresne, Compatir par-delà le bien et le mal) |
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Essentiel |
De son regard pénétrant, Karl Stern voit «ce que serait une société organisée sur la base de principes prétendus scientifiques», et soulève le problème de l’euthanasie tel qu’il se pose hic et nunc et se posera pendant toute la durée de la vie humaine sur terre: pourquoi, au nom de quoi laisser vivre les incurables? Voici sa réponse: "D’un point de vue strictement pragmatique, en dehors de toute idée métaphysique de la personne humaine, il n’y a vraiment aucun argument à lui opposer. Nous, qui vivons dans un univers sans impératifs, nous accrochons à bien des principes formels qui sont un héritage du christianisme dont nous avons perdu la conscience - et non parce que nous avons gardé la foi réelle en la doctrine chrétienne de la réversibilité des mérites de la souffrance, ou dans l’enseignement hindou de la Karma, ou tout simplement dans l’immortalité de l’âme humaine. En fait, la plupart d’entre nous ne croient plus en rien de tout cela. De sorte que nous nous accrochons d’une main au pragmatisme moderne et de l’autre à la philosophie judéo-chrétienne. Mais la faille s’élargit chaque jour davantage, et le moment viendra où l’une des deux devra lâcher prise." (Karl Stern, Le Buisson ardent, Paris, Seuil, 1953, p. 140).
La stérilisation imposée aux inaptes par le régime nazi est devenu un choix volontaire dans une proportion effarante dans de nombreux pays du monde. Quelle main a donc lâché prise?
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"La mort était un mystère. Elle est désormais un problème. N'est-ce pas la façon la plus simple et la plus juste de rendre compte de la mort actuelle, dans les hôpitaux en particulier? À la lumière de l'interprétation qu'en donne Gabriel Marcel, cette distinction entre le mystère et le problème nous indique même les gestes à poser et à ne pas poser pour que se crée le climat qui permet de respecter les voeux les plus secrets du mourant.
Il est des questions dont les réponses se trouvent dans un climat et non dans des distinctions qui satisfont la raison et le droit. Les questions ultimes entourant la mort sont de celles-là.
'Le problème, écrit Gabriel Marcel, est quelque chose qu'on rencontre, qui barre la route. Il est tout entier devant moi. Au contraire, le mystère est quelque chose où je me trouve engagé'. Le problème est du côté de l'avoir, du vérifiable, le mystère est du côté de l'être, de l'invérifiable. Comment éviter la transformation du mystère en problème? Comment éviter, par exemple, le passage, qui semble fatal, du mystère de l'amour aux problèmes sexuels?
On peut participer au mystère de l'éveil de l'intelligence d'un enfant. Ce mystère devient un problème dès lors qu'un test révèle, ou plutôt étale le fait que le quotient de l'enfant est au-dessous de la moyenne... ou trop au-dessus.
Le problème est étalé à la portée de tous les regards, même les moins respectueux. Le propre du mystère est qu'il est voilé et que j'en fais partie.
On aura compris le lien entre le problème et la science. Partout où passe la science, s'accroît le risque qu'un mystère soit réduit à l'état de problème.
La mort est devenue un problème. Et là se trouve précisément le problème. La question éthique fondamentale, dans le débat qui nous intéresse, ce n'est pas celle de l'euthanasie, c'est celle de la dégradation du mystère de la mort en problème.
Tant qu'on reste dans la sphère du mystère, même un geste qui, vu de l'extérieur, apparaîtrait comme de l'euthanasie active, peut être justifié. On peut sentir alors qu'un être a accompli son destin et avoir la certitude qu'on ne le privera de rien en prenant le risque de hâter sa fin pour soulager davantage sa souffrance. L'essentiel en effet n'est pas la durée en tant que succession de minutes, c'est la durée en tant que lieu d'un accomplissement.
Mais quand on descend au niveau du problème, on peut penser que le mal est fait quoiqu'il advienne ensuite. Le grand malade alors n'est plus qu'un cas, qu'une chose. Il se sent exclu du festin de la vie, il se voit comme un fardeau pour son entourage. Son désir le plus profond est d'échapper à cette condition. S'il dit qu'il veut vivre c'est parce qu'il espère encore être enchanté, illuminé par la présence irradiante et compatissante de la vie à ses côtés. On le trompera si l'on se contente de reporter l'échéance par des prouesses techniques. S'il dit qu'il veut mourir, on le trompera encore si on interprète sa demande littéralement et si on se contente d'y répondre par une aide technique au suicide.
Il faut évidemment faire les lois en partant de l'hypothèse que la mort est plus fréquemment vécue comme problème que comme mystère. C'est pourquoi il ne serait pas sage de légaliser l'euthanasie active. Le flou juridique actuel est un moindre mal dans ce contexte. Il éloigne l'illusion qu'il existe une solution technique impeccable, que la solution se trouve dans une mort juridiquement correcte. Parce que le flou entretient l'incertitude chez les proches et les soignants, il les rapproche du malade qui vit l'incertitude suprême. Il favorise ainsi le retour à l'humanité, au mystère, dans une situation trop objectivée.
Si le climat de mystère est respecté ou recréé, il y a toutes les chances que la volonté authentique du malade soitrespectée, car c'est justement ce climat, et lui seul, qui permet à la dite volonté de se manifester dans toute sa vérité. L'essentiel, c'est la compassion qui est alors possible. Il faut tout mettre en oeuvre pour en favoriser l'éclosion. En d'autres termes, le but ultime doit toujours être de ramener la situation de l'état de problème à l'état de mystère.
Pourquoi faudrait-il que toutes les situations soient nettes alors que la contradiction est la caractéristique fondamentale de la condition humaine?"
Jacques Dufresne, Le chant du cygne, Mourir avec dignité, Montréal, Éditions du Méridien, 1992. Introduction. |
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Documentation |
Documents associés au dossier Euthanasie de l'Encyclopédie de l'Agora :
Textes émanant d'organismes médicaux ou bioéthiques
Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et la santé (France). Fin de vie, arrêt de vie, euthanasie. Avis no 63, 27 janvier 2000.
Résolution de l'Association médicale mondiale sur l'euthanasie. Adoptée par l'Assemblée générale de l'AMM, Washington, 2002
Législations
France
Sénat français. Service des affaire européennes. Études de législation comparée :
L'euthanasie (LC 49, janvier 1999)
L'euthanasie (LC 109, juillet 2002) - complète l'étude LC 49
Les droits du malade en fin de vie (LC 139, novembre 2004) - complète l'étude LC 109 sur l'euthanasie
Couture Armelle. Le soignant face à l'euthanasie, droit comparés français et suisse. Mémoire de fin d'études, Institut d'Etudes Politiques de Lyon. Année universitaire 2002-2003. 102 p.
Suisse
Assistance au décès (Département fédéral de justice et police, Office fédéral suisse de la justice)
Assistance au décès: appliquer et faire respecter résolument le droit en vigueur - Le Conseil fédéral prend acte du rapport sur l’assistance au décès. Communiqué du 31 mai 2006 (Département fédéral de justice et police, Office fédéral suisse de la justice)
Assistance au décès et médecine palliative: la Confédération doit-elle légiférer? Rapport. 24 avril 2006 (Département fédéral de justice et police, Office fédéral suisse de la justice) - format PDF
Pays
Canada
L'affaire Robert Latimer - Tuer "par compassion" (dossier du service des nouvelles de Radio-Canada)
Euthanasia (Conseil des Canadiens avec déficiences)
Latimer Watch (Conseil des Canadiens avec déficiences)
Suisse
L'euthanasie en Suisse romande. Un dossier de Construire (année 2001, no 17, 17 juillet 2001) - format PDF
Belgique
"Dépénaliser l'euthanasie ? La parole aux professionnels de la santé", Ethica Clinica (Fédération des institutions hospitalières de Wallonie), n° 8, décembre 1997. Sommaire.
"L'euthanasie, un an après la loi", Ethica Clinica (Fédération des institutions hospitalières de Wallonie), n° 32, décembre 2003. Sommaire.
États-Unis
Emanuel, E. J., E. R. Daniels, D. L. Fairclough et B. R. Clarridge. "The Practice of Euthanasia and Physician-Assisted Suicide in the United States : Adherence to Proposed Safeguards and Effects on Physicians", Journal of the American Medical Association, vol. 280, no 6, 12 août 1998, p. 507-513. Résumé.
Pays-Bas
Pijnenborg, L., J. J. M van Delden, J. W. P. F. Kardaun, J. J. Glerum et P. J. van der Maas. "Nationwide study of decisions concerning the end of life in general practice in the Netherlands", British Medical Journal, vol. 309, 5 novembre 1994, p. 1209-1212
Revues
"Euthanasie", Frontières, vol. 3, no 1, printemps-été 1990. Sommaire en ligne sur le site de la revue.
"Aide au suicide et euthanasie", Frontières, vol. 8, no 1, printemps-été 1995. Sommaire en ligne sur le site de la revue.
"L'euthanasie", Études sur la Mort, n° 120, L'Esprit du Temps, 2001. Sommaire sur le site de l'éditeur.
"L'euthanasie fœtale", Études sur la Mort, hors série, L'Esprit du Temps, 1999. Sommaire sur le site de l'éditeur.
Position de l'Église catholique
Académie pontificale pour la Vie. Le respect de la dignité du mourant - Considérations éthiques sur l'euthanasie (9 décembre 2000) - site du Saint-Siège
Académie pontificale pour la Vie. Ve Assemblée Générale. La dignité du mourant (24-27 février 1999) - site du Saint-Siège
Académie pontificale pour la Vie. Réflexions de S.E. Mgr Elio Sgreccia sur le thème: "L'euthanasie en Hollande: aussi pour les enfants!" (3 septembre 2004) - version anglaise - site du Saint-Siège
Mourir dans la dignité - Lettre pastorale des évêques suisses sur l’euthanasie et l’accompagnement des mourants, 2002 (format PDF)
La mort ou la vie. Lettre pastorale sur l’euthanasie de l'évêque de Sault Ste-Marie (Ontario), Mgr Jean-Louis Plouffe, 13 octobre 2005 (format PDF)
Position des organismes oecuméniques
Conseil canadien des Églises - Commission Foi et Témoignage. Déclaration œcuménique sur l'euthanasie : déclaration de convergence sur l'euthanasie et le suicide assisté, décembre 1996.
Autres textes
Houziaux, Alain (dir.), et André Comte-Sponville, Marie de Hennezel et Axel Kahn. Doit-on légaliser l'euthanasie ?, Paris, Éditions de l'Atelier, coll. "Questions de vie", 2004, 120 p. Présentation sur le site de l'éditeur.
Trégouët, René. Peut-on choisir sa mort ? (éditorial), La Lettre de Prospective, 11 octobre 2002 (Groupe de prospective du Sénat français)
Laplante, Laurent. S'agit-il bien d'euthanasie, Dixit Laurent Laplante, 7 décembre 2000.
Comte-Sponville, André. Euthanasie, la règle et l'exception, Psychologies Magazine, avril 2000.
Comte-Sponville, André, Le droit de mourir, Psychologies Magazine, septembre 1998.
Oeuvres littéraires abordant le thème de l'euthanasie
Courtemanche, Gil. Une belle mort, Montréal, Boréal, 2005, 216 p. Présentation sur le site de l'éditeur.
Montpetit, Caroline. "Gil Courtemanche - Mourir de vivre", Le Devoir, 17-18 septembre 2005
Paquin, Éric. "Tuer le père", Voir, 22 septembre 2005
Laurin, Danielle. "Gil Courtemanche antihéros?" (entretien), Elle Québec,
Danielle Laurin
Haubruge, Pascale. "Mourir en vie", Le Soir, 24 mars 2006
Documents sonores
Regard sur l'euthanasie - Lucien Israël, auteur de l'ouvrage Les dangers de l'euthanasie (Au fil des pages, Canal Académie (Académie des sciences morales et politiques, France)). On peut faire l'écoute de cette émission ou la télécharger (00:14:22 - 13.2 Mo)
L'euthanasie (émission "Indicatif présent", Première chaîne radio, Radio-Canada, 22 septembre 2003). Invités : David J. Roy, directeur du Centre bioéthique de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM); Jean-Louis Beaudoin, juge à la Cour d'appel du Québec. On peut en faire l'écoute à l'aide de Windows Media Player.
Films
Les Invasions barbares (2003), réalisé par Denys Arcand
Jean-Philippe Trottier, "Les invasions barbares", L'Agora, vol. 10, no 1, 2003
"Le film hésite entre le tragique et le mélodrame sans que l'on sache vraiment quel parti prendre. L'émotion y est certes palpable, trop même, et réduit d'autant le ressort dramatique. Nécessaire à bien des égards, elle est un peu collante et rappelle l'atmosphère du téléroman. Trop descriptive, trop réaliste, l'histoire souffre de cette absence de distance qui permet au spectateur d'élaborer sa réponse propre. La scène qui voit Rémy se faire euthanasier et embrasser une dernière fois par ses amis, son fils, et sa fille (par satellite et ordinateur portatif car elle est en voyage sur un océan lointain) manque de profondeur et de crédibilité car le radicalisme de la mort est évacué; la fin du film aurait pu souligner le deuil : au lieu de cela, chacun se sépare pour retrouver sa vie normale, un peu comme si rien ne s'était passé."
Million Dollar Baby (2005), réalisé par Clint Eastwood
Mar Adentro (2003), réalisé par Alejandro Amenabar |
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| Euthanasie: les enjeux lointains | Auteur: Jacques Dufresne | Eugénisme, Mort, Suicide, Culte des morts, Soins palliatifs, Mystère, Problème | Extrait: L'éthique est une science de la complexité. Pour comprendre la question de l'euthanasie, il faut la situer par rapport aux divers courants qui l'ont imposée à nos esprits. | |
Euthanasie et complexité | Auteur: Jacques Dufresne | Mort, Euthanasie, Complexité, Système vivant, Culte des morts, | Extrait: Dans la science classique, on considérait bien des facteurs comme négligeables. C'est ce qui a permis à Newton d'établir les lois simples et élegantes de l'attraction. Dans les sciences de la complexité d'aujourd'hui, on tient compte du négligeable, de l'effet papillon par exempe. Le plus souvent on procède en éthique, discipline demeurée classique, comme dans la physique de Newton. | |
Euthanasie des incurables | Auteur: Thomas More | Extrait: Les malheureux affligés de maux incurables reçoivent toutes les consolations, toutes les assiduités, tous les soulagements moraux et physiques capables de leur rendre la vie supportable. Mais, lorsque à ces maux incurables se joignent d'atroces souffrances, que rien ne peut suspendre ou adoucir, les prêtre; et les magistrats se présentent au patient, et lui apportent l'exhortation suprême. | |
L'euthanasie familiale dans la France du XIXe siècle | Auteur: Philippe Ariès | Extrait: CRITÈRE. Que pensez-vous du jugement rendu dans le cas de la petite Américaine, Karen (1), dont on a prolongé l'existence artificiellement? On a donné raison aux médecins. P. A. En légalisant l'euthanasie dans ce cas, les juges auraient ouvert la porte à des abus. En tant que médecin cependant mon attitude aurait été très différente. J'aurais sûrement trouvé le moyen de débrancher l'appareil. | |
L'euthanasie en France au début du XXe siècle : quelques réflexions d'époque | Auteur: Jean de Gourmont, Émile Forgue, Henri Bouquet | Extrait: Un cas d'euthanasie volontaire en 1924. Par Jean de Gourmont Ainsi qu'on peut le voir à la lecture de cet article, les débats autour de l'euthanasie et du suicide assisté ne datent pas d'hier. Le texte est écrit sous le nom de R. de Bury, qui est un pseudonyme utilisé à cette époque par Jean de Gourmont. "R. de Bury est un des pseudonymes de Remy de Gourmont (et , après sa mort, de Jean de Gourmont)" (site des Amateurs de Remy de Gourmont). "M. | |
Le médecin doit adoucir les douleurs et les souffrances attachées aux maladies | Auteur: Francis Bacon | Extrait: Je dirai de plus, en insistant sur ce sujet, que l’office du médecin n’est pas seulement de rétablir la santé, mais aussi d’adoucir les douleurs et les souffrances attachées aux maladies; et cela non pas seulement en tant que cet adoucissement de la douleur considérée comme symptôme périlleux, contribue et conduit à la convalescence; mais encore afin de procurer au malade, lorsqu’il n’y a plus d’espérance, une mort douce et paisible. | |
Les principes et la réalité | Extrait: « Gilles Carle a-t-il déjà songé au suicide assisté? Chloé Sainte-Marie répond : "Non. Il a toujours dit quand il était en parfaite santé qu'il était pour l'euthanasie. (.) Quand on est dans la situation où la mort est proche, le discours change. Parce que c'est facile de dire quand on est en pleine santé : 'moi j'ai pas peur de la mort.' (.) Gilles aime trop vivre.» | |
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Etymologie |
«Le mot "euthanasie" a été créé par Roger Bacon à partir du grec eu (bien) et thanatos (mort). Primitivement, il signifiait la mort heureuse, ou la bonne mort, c'est-à-dire très douce, sans souffrance, sans même qu'on s'en aperçoive. Aujourd'hui, on pense plus volontiers à une mort accélérée ou provoquée pr un tiers pour mettre fin à des souffrances inhumaines ou inutiles.» Robert Sabatier, Dictionnaire de la mort, Paris, Albin Michel, 1967, p. 199. |
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| À lire également dans L'Encyclopédie de L'Agora |
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