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Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
Le roi Lear ou la tragédie de la vieillesse
Dossier : Démence
Dernière modification :
07 / 07 / 2009
Jacques Dufresne

Ian Mckellen dans le rôle du roi Lear,
au State Theatre de Melbourne, en juillet 2007

Extrait
Lear est guéri de sa démence par un simple. «La scène du réveil de Lear est d'une indicible beauté. Le médecin prie Cordélia de se rapprocher de son père. Elle l'embrasse en lui disant: « Puisse ces miennes lèvres te rendre à la santé et mes baisers guérir les cruels maux dont mes deux soeurs ont affligé tes vénérables ans.

Présentation
Au moment où les clowns dépêchés auprès des vieillards suscitent un débat public et où l'on veut choisir le moment et la nature de sa mort, la tragédie Le roi Lear, de Shakespeare, présente le plus grand intérêt. Bien que les événements en cause se déroulent en un temps mythique qui, au premier regard, n'a rien de commun avec le nôtre, on ne manque pas d'être frappé par la ressemblance des situations et des enjeux. »

Texte
Lear: la plus grecque, la plus tragique des pièces de Shakespeare, mais aussi la plus chrétienne, la plus remplie d'espérance: la meilleure de ses oeuvres. Relire cette pièce dans le contexte actuel, après avoir réfléchi sur la maladie d'Alzheimer, les liens entre les générations, la solitude des vieillards, l'euthanasie, est une expérience bouleversante, au sens le plus littéral du terme. Sentiments convenus, idées reçues, tout est bouleversé en nous au contact des situations et des caractères extrêmes qui sont l'ordinaire de la pièce.

Deux histoires s’entrelacent, celle du roi Lear et celle d'un grand du royaume, Gloucester, l'un et l'autre d'un grand âge. Sous l'effet du malheur, le premier perdra la raison, le second la conservera, à son grand désespoir.

La pièce s'ouvre au moment où Lear réunit ses trois filles, Cordélia, Gonerille, Régane, pour partager entre elles son royaume et consacrer ensuite les derniers jours de sa vie aux choses essentielles. Gonerille et Régane rivalisent si bien d'une feinte affection pour le vieux roi qu'elles gagnent peu à peu son coeur, cependant que Cordélia, qui aime plus qu'elle n'ose le dire, se discrédite à ses yeux, au point d'être déshéritée.

En échange de leur part du royaume, Gonerine qui épousera le duc de Cornouailles et Régane devenue la femme du duc d'Albany s’engagent à héberger à tour de rôle le roi et sa suite d'une centaine de chevaliers. À la façon mesquine dont elles rempliront cette obligation, Lear se rendra vite compte de sa fatale erreur et la douleur extrême qui s'ensuivra le conduira à la démence.

Pendant ce temps, Gloucester vit une déchirure semblable. Dupe des propos flatteurs et des mensonges d'Edmond, son fils bâtard, il répudie Edgar, son fils légitime, qui devra fuir sous le déguisement d'un fou pour échapper à la mort. C'est le second fou de la pièce, qui en compte autant que de sages. Kent, un autre grand du royaume, fidèle à Lear mais condamné par ses filles renégates, fuira lui aussi sous un déguisement et devra souvent feindre la folie pour parvenir à ses fins.

Après le partage du royaume d'Angleterre entre Gonerille et Régane, le roi de France demande Cordélia en mariage, à cause de sa bonté et de sa beauté, même si elle ne lui apporte aucune dot. Cordélia le convaincra ensuite d'envoyer une armée en Angleterre pour venger son père adoré Lear, réduit à la plus noire misère.

Chacun de ces événements est l'occasion de commentaires d'une profonde et poignante sagesse, sur le pouvoir en particulier. «Tombez choses d'emprunt,» s'exclame Lear en se dépouillant de ses vêtements royaux alors qu'il est au sommet d'une douleur devant laquelle il est aussi démuni que le commun des mortels.» Lear a aussi son fou dans sa suite, un fou d'une étonnante sagesse qui se fait l'écho de vérités que le roi déchu porte déjà en lui mais auxquelles il n'a pas encore pleinement consenti.

Notons au passage que si l'on devait s'inspirer de ce passé pour justifier la présence de clowns auprès des personnes âgées, il faudrait s'assurer que les clowns soient capables d'une fidélité inconditionnelle à l'endroit de leurs protégés et d'une liberté totale, d'une liberté telle qu'ils puissent leur dire des vérités que personne d'autre n'oserait leur dire. Jean, c'est le nom du fou de Lear, suit son maître partout et ce maître le réclame constamment. Les clowns de nos centres d'accueil offrent plutôt des divertissements temporaires et on ne les imagine pas disant aux aînés qu'ils ont la faiblesse de se laisser infantiliser. Or Jean est capable de dire des vérités de la sorte à son maître. Voici un exemple de cette médecine. Le fou s'adresse à Lear qu'il appelle mon oncle:

Le fou« Le jour où tu as fendu ta couronne par le milieu pour en donner les deux moitiés, tu as porté ton âne sur ton dos pour passer le bourbier. Tu avais peu d'esprit sous ta couronne de cheveux blancs, quand tu t'es défait de ta couronne d'or. Ai-je parlé en fou que je suis? Que le premier qui dira que oui reçoive le fouet! [...]
LEAR. — Depuis quand, maraud, êtes-vous tant en veine de chansons?
Le Fou. — Eh bien! m'n oncle, c'est depuis que tu t'es fait l'enfant de tes filles; car, le jour où tu leur as livré la verge en mettant bas tes culottes
(chantant:)

Soudain elles ont pleuré de joie,
Et moi j'ai chanté de douleur,
A voir un roi jouer à cligne-musette,
Et se mettre parmi les fous!»

Le fou a pour son maître un attachement, que dis-je, un amour tel qu'il ne peut pas lui mentir, à son grand regret: «Je t'en prie, m'n oncle, trouve un précepteur qui enseigne à ton fou à mentir; je voudrais bien apprendre à mentir..»

Nous nous arrêterons aux deux grands moments de la pièce. Le salut de Gloucester et la guérison de Lear.

Le salut de Gloucester

Pour punir Gloucester de sa fidélité à Lear, le duc de Cornouailles ordonne qu'on lui crève les yeux. Gloucester entre temps avait appris la vérité: son fils Edgar ne l'avait pas trahi, il l'avait injustement banni et promis à la mort. Sa douleur, extrême, lui paraît sans remède. Il en viendra à envier la folie du roi:

«Le roi est fou. Combien ma vile raison est tenace, puisque je persiste à garder l'ingénieux sentiment de mes immenses souffrances! Mieux vaudrait pour moi la démence: mes pensées alors seraient distraites de mes chagrins, et mes malheurs dans les errements de l'imagination perdraient la conscience d'eux-mêmes. .»

La mort, pense-t-il, à défaut de la folie, le libérera de ses afflictions. Il demandera à un passant venu vers lui de le conduire à Douvres, au sommet d'une falaise, d'où il se laissera tomber dans la mer. Ce passant, c'est en réalité son fils Edgard sous un déguisement. Edgar est l'âme soeur de Cordélia, il répond à l'injustice de son père par un amour accru pour lui.

Qui êtes-vous bon sire, lui demande Gloucester:

Edgar: «Un fort pauvre homme, apprivoisé aux coups de la fortune, que l'expérience encore douloureuse de ses propres chagrins a rendu tendre à la pitié. Donnez-moi votre main, je vais vous conduire à quelque gîte.»

Il lui fera croire qu'il le mène au sommet de la falaise du suicide, mais avec l'intention d'user à la dernière minute d'un stratagème pour satisfaire à la fois son désir et le sien. Le désir de son père est de mourir, le sien est de lui donner accès aux joies et à la paix de l'abandon dont le désespoir est la froide caricature. Pendant leur longue marche, Edgard se montrera de plus en plus filial avec son père, mais sans jamais lui révéler son identité, de sorte que Gloucester se sentira aimé comme par un fils, sans savoir que c'est son fils qui l'aime. Ils s'arrêteront en un point dont Edgard dira qu'il est le bord de la falaise. Après avoir pris congé de lui, Gloucester se laissera tomber dans ce faux abîme. Et c'est Edgar qui l'y accueillera pour lui rappeler que c'est miracle s'il est toujours vivant: « Thy life is a miracle! » «Ainsi, mon heureux père, sois persuadé que les dieux tutélaires, qui tirent leur gloire des impossibilités humaines, ont préservé tes jours. La réponse de Gloucester est celle d'un homme nouveau:

«Je me rappelle à présent. A l'avenir, je supporterai la douleur, jusqu'à ce que d'elle-même elle me crie: Assez! assez! meurs!».

«Que votre âme reprenne force et patience », lui répond Edgar.

Quand Edgar apprendra à Gloucester la défaite de la France et l'emprisonnement de Lear et de Cordélia, Gloucester voudra mourir sur place plutôt que de suivre de nouveau son fils, lequel le réprimandera avec douceur: «Quoi! encore de sinistres pensées! L'homme doit être passif, pour partir d'ici comme pour y venir. Le tout est d'être prêt. En marche!.» «Oui c'est vrai, répond Gloucester. » Il a retrouvé l'esprit d'enfance.

Cette histoire a le mérite de nous révéler l'enseignement chrétien sur la mort en l'enracinant dans des sentiments qui semblent surgir de la nature. C'est moins d'un péché qu'Edgar veut libérer son père que d'une tristesse et s'il songe à sa destinée éternelle, il n'y fait pas allusion. Son premier souci est de guider son père vers la joie de l'abandon... Et dans la conversion de ce père, il n'y a rien, absolument rien qui ressemble à ce marchandage si souvent reproché à l'Église: si tu obéis à ma loi, tu auras accès au paradis.

La question fondamentale sur l'euthanasie, souvent négligée dans le feu du débat public, est ainsi parfaitement bien posée: y a-t-il au fond de la nature humaine une loi profonde associant la joie à l'abandon au destin et la tristesse à la volonté d'en finir avant l'heure ?

Le réveil de Lear

Gloucester fut sauvé par la gratitude d'un fils qui avait toutes les raisons d'être ingrat, parfait exemple d'un amour qui, dans cette pièce, est toujours inconditionnel. C'est par l'amour tout aussi inconditionnel de sa fille que Lear sera sauvé, mais dans ce cas avec le secours de la médecine. Cordélia en effet était accompagnée d'un médecin de la cour de France, à qui elle demande à la vue de son père: «Que peut la science de l'homme pour lui restituer le bon sens qu'il n'a plus? À qui le guérira, je donne tous mes biens!»

Voici la réponse du médecin:

«Il y a un moyen, madame: le repos est le souverain nourricier de la nature. C'est le repos qu'il lui faut: pour le provoquer chez lui, nous avons des simples dont la puissance fermerait les yeux même de l'angoisse.»

La suite de l'histoire contient le plus précieux des enseignements. Il montre que l'efficacité des simples, l'amour de Cordélia pour son père et son sens cosmique ne font qu'un. Cordélia s'adresse aux plantes en ces termes: «O vous tous, secrets bénis, vertus encore inconnues de la terre, jaillissez sous mes larmes! Soyez secourables et salutaires à la détresse du bon vieillard!... Cherchez, cherchez-le, de peur que sa rage indomptée ne brise une existence qui n'a plus de guide..»

La scène du réveil de Lear est d'une indicible beauté. Le médecin prie Cordélia de se rapprocher de son père. Elle l'embrasse en lui disant: « Puisse ces miennes lèvres te rendre à la santé et mes baisers guérir les cruels maux dont mes deux soeurs ont affligé tes vénérables ans. »

Quand Lear se réveille on ne sait pas, il l'ignore lui-même, s'il revient à la vie terrestre ou s'il entre dans une autre vie. Cordélia lui apparaît alors comme une divinité.

Lear: «Vous avez tort de me retirer ainsi de la tombe... (A Cordélia.) Tu es une âme bienheureuse; mais moi je suis lié sur une roue de feu, en sorte que mes propres larmes me brûlent comme du plomb fondu. »

Moment de grâce: Lear reconnaît enfin Cordélia. « The great rage is kill'd in him », voilà la crise de frénésie est guérie chez lui, dit le médecin. Il recommande ensuite à Cordélia de ne pas remuer le passé douloureux et de l'emmener chez elle.

L'Angleterre gagne la bataille. Lear et Cordélia sont faits prisonniers. Qu'importe, ils sont ensemble. Suit dans la bouche de Lear, la plus déchirante évocation du bonheur.

« Non, non, non, non. Viens, allons en prison: tous deux ensemble nous chanterons comme des oiseaux en cage. Quand tu me demanderas ma bénédiction, je me mettrai à genoux et je te demanderai pardon. Ainsi nous passerons la vie à prier, et à chanter, et à conter de vieux contes, et à rire aux papillons dorés, et à entendre de pauvres hères causer des nouvelles de la cour; et causant avec eux nous-mêmes, nous dirons qui perd et qui gagne, qui monte et qui tombe, et nous expliquerons les mystères des choses, comme si nous étions les confidents des dieux. Et nous épuiserons, dans les murs d'une prison, les séries et les groupes des grands qu'apportent et remportent les changements de lune.»


Dans leur malheur extrême, Gloucester et Lear ont la joie d'avoir près d'eux des enfants qui les aiment absolument, inconditionnellement, qui désirent leur bien de tout leur être, un bien où la santé et le salut sont étroitement unis. Edgar se soucie d'abord du salut de son père, Cordélia souhaite d'abord ramener Lear à la raison, mais dans l'un et l'autre cas ce qui est en cause c'est le mystérieux accomplissement d'un être ayant une destinée éternelle et l'on a une vive conscience du fait que cet accomplissement se situe dans l'ordre de l'être et non dans celui du faire. Le faire appartient au passé de Gloucester et de Lear. Il ont fait ce qu'ils avaient à faire. Mais comme dans le contexte où ils vivent, le faire est subordonné à l'être, on ne s'éloigne pas des vieillards quand ils sont devenus inutiles. On se rapproche d'eux au contraire. Libérés de leurs responsabilités matérielles, devenus faibles ils deviennent plus attachants. On ne les infantilise pas, bien au contraire, on leur ouvre les yeux, on leur rappelle leurs responsabilités spirituelles. Ils redeviennent ainsi enfants, ce qui n'est pas une régression comme l'infantilisation, mais un progrès intérieur: l'accès à l'abandon.
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