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Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
La dépression: une réaction saine à un monde fou?
Dossier : Dépression
Dernière modification :
03 / 22 / 2010
Hélène Laberge

© Université d'Albany

Extrait
« Dans son livre incontournable, The Antidepressant Era (1997), souligne Menand, David Healy dénonce ce qu’il appelle le scalpel pharmacologique. « Des traits communs de personnalité comme, par exemple, la timidité ont été considérés comme pathologiques à partir du moment où une drogue comme le Paxil a eu un certain effet sur le comportement. La timidité devient alors un désordre à traiter. La découverte du remède crée la maladie. »

Présentation
Quelques rarissimes articles de revue sont l'équivalent d'un grand essai. On a, en les lisant, la certitude qu'on s'en souviendra encore dans trente ans. En général, l'auteur a une égale maîtrise des données scientifiques relatives à son sujet et de la culture générale permettant de bien les interpréter. C'est le cas de Louis Menand, auteur d'un article sur la dépression paru dans l'édition du 1er mars 2010 du Magazine The New Yorker. Nous sommes heureux de vous en donner un aperçu en langue française.

Texte
Et si la dépression était non pas une maladie mentale mais une saine réponse à un monde fou?

Une amie vient de perdre son mari, beau, jeune encore et plein de vie. Elle l’a assisté au cours des quelques mois pendant lesquels il a été rongé par un cancer incurable. Elle est pleine d’une douleur qui s’exprime par des pleurs, des alternances de tristesse, de fatigue, de désabusement, de dégoût de la nourriture, d’insomnie, de perte de concentration mais aussi de retour vers la vie lorsqu’elle est en présence des quelques personnes qui l’aiment vraiment. Car ces vrais amis partagent sa douleur en la respectant; si elle pleure, ils pleurent avec elle en silence; si elle désire en parler, raconter ses derniers moments mais aussi sa vie passée près de lui, ils l’écoutent et ensemble ils évoquent ses qualités, ses paroles, ses gestes, tout ce qui fait qu’un être est unique. Ce qu’on ne verra plus jamais, ce qu’on entendra plus jamais de lui prend alors un caractère définitif; il est « tel qu’en lui-même l’Éternité le change ». Autant cette amie trouve un réel réconfort dans cette écoute simple et vraie (qui n’exclut pas les bienfaisants fou-rires), autant elle est blessée par l’indifférence sinon l’insensibilité de ceux et celles qui lui suggèrent de prendre des calmants ou de suivre une thérapie pour se libérer de sa souffrance le plus rapidement possible!

Cette histoire, qui est celle toujours nouvelle, jamais banale des souffrances du deuil, c’est la lecture d’un remarquable article de Louis Menand dans The New Yorker, « Head Case, can psychiatry be a science? » qui l’a faite ressurgir. La thèse de cet article est comme une fenêtre qu’on ouvre après des mois d’hiver ; qu’il est revigorant l’air qui s’engouffre alors dans la maison! Menand nous apporte à l’égard de la psychiatrie l’air de notre entière humanité. À partir de très rigoureuses recherches fondées sur les écrits et les expériences de divers psychiatres au cours des dernières décennies, Menand nous pose les questions suivantes : est-ce que éprouver de la tristesse, de la douleur, des souffrances morales à la suite d’un deuil ou d’une dure épreuve comme la perte brutale d’un emploi, c’est être en état de dépression ? Et faut-il recourir aux antidépresseurs pour être soulagé de sa douleur ou accepter patiemment que le temps joue son rôle de guérisseur? Surtout que dans les milieux de la psychiatrie, « on s’entend peu sur les causes de la dépression et il n’existe pas de consensus sur la façon de la guérir. »

Les antidépresseurs sont considérés à l’heure actuelle comme des moyens incontournables de guérison. C’est l’approche biologique. Les examens du cerveau prouvent qu’il y a un manque de sérotonine lorsque les patients sont en dépression. Seulement, fait remarquer Menand, « Les cerveaux des personnes qui souffrent d’une dépression mineure sont semblables aux cerveaux des personnes dont le club de football vient de perdre le Super Bowl. Et ils ressemblent même aux cerveaux des personnes à qui on a demandé de penser à des choses tristes. » Freud lui-même était d’avis qu’on ne pouvait pas différencier la souffrance du deuil de celle de la mélancolie. Le psychiatre qui fonde son diagnostic sur l’examen du cerveau aboutit à de faux positifs. « La science, et particulièrement la science médicale n’est pas un gratte-ciel aux fenêtres transparentes. C’est un champ rempli de trous noirs. »

La pharmacopée des antidépresseurs si répandue maintenant est-elle fiable? Menand remonte aux effets du premier des tranquillisants : la thalidomide prescrite comme sédatif et qui, comme on sait, causa des handicaps chez les nouveaux-nés. Quant au Valium et au Librium lancés dans les années 1960, 1963, ils causèrent de la dépendance. Le Prozac mis sur le marché comme antidépresseur est couramment prescrit contre l’anxiété. Mais plus important encore, on sait que « dans presque cinquante pour cent des cas, la dépression guérit spontanément, ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas un dysfonctionnement dans le cerveau des personnes déprimées ». Mais compte tenu des nombreuses variétés des désordres qu’on peut attribuer à une dépression, doit-on parler de maladie ou de symptômes ? À titre d’exemple, une fièvre n’est pas en soi une maladie et c’est la maladie, et non le symptôme que la médecine cherche à guérir.

En dehors de maladies mentales graves au sujet desquelles Menand souligne les effets bienfaisants de certaines drogues, y a -t-il une utilisation abusive des antidépresseurs ? Dès sa découverte par Frank Berger dans les années 1940, la première drogue destinée à soulager l’anxiété, le Miltown, « éclata comme une bombe et devint le premier psychotrope le plus vendu et dans le délai le plus court dans l’histoire des États-Unis. La première année, un Américain sur vingt l’utilisa et en l’espace de deux ans, la compagnie avait mis sur le marché 1 milliard de comprimés ».

Psychothérapie ou antidépresseur?
Qu’en est-il de la psychothérapie comme moyen de combattre la dépression ? Hans Eysenck, un psychologue britannique, publia en 1952 un résumé de plusieurs études sur l’efficacité de la psychothérapie. Sa conclusion : « Il semble y avoir une corrélation inversement proportionnel entre la guérison et la psychothérapie [¼] Plus il y a de psychothérapie, plus bas est le taux de guérison. [¼]Mais d’autres études démontrent que les patients qui souffrent de dépression et d’anxiété réagissent bien lorsqu’ils sont traités par des psychanalystes ou par des thérapeutes behavioristes. » En revanche, « les patients qui sont traités par des psychothérapeutes utilisant diverses méthodes n’affichent pas de meilleurs résultats que ceux qui ont suivis par des professeurs sans aucune formation psychiatrique qui sympathisent avec eux. Et que les patients soient suivis en psychothérapie ou traités avec des antidépresseurs, ils ne sont ni mieux, ni pires; les résultats sont les mêmes. » [¼] En somme, « ce qu’une somme importante de recherches semble démontrer c’est que les soins ont parfois des effets bénéfiques pour certaines personnes quelle que soit la sorte de traitement employé. »

Et qu’en est-il des diagnostics ? Y a-t-il consensus entre les psychiatres à ce sujet? L’une des plaintes les plus courantes portent sur le fait que les diagnostics des psychiatres ne concordent pas. En 1949, Philip Ash, un psychologue américain publiait une étude sur 52 malades mentaux qu’avaient examinés trois psychiatres, dont deux étaient très renommés. C’est seulement dans 20% des cas qu’ils formulèrent le même diagnostic et deux des trois psychiatres ne s’entendirent pas dans plus de la moitié des cas. » Ash en conclut qu’il existe un terrible fossé entre les étiquettes des diagnostics et « la biodynamique complexe de la structure mentale des humains. »


Quand le remède crée la maladie
« Dans son livre incontournable, The Antidepressant Era (1997), souligne Menand, David Healy dénonce ce qu’il appelle le scalpel pharmacologique. « Des traits communs de personnalité comme, par exemple, la timidité ont été considérés comme pathologiques à partir du moment où une drogue comme le Paxil a eu un certain effet sur le comportement. La timidité devient alors un désordre à traiter. La découverte du remède crée la maladie. »

Trop de diagnostics de dépression ???
Le nombre de personnes dépressives a-t-il augmenté? « Jerome Wakefield, un professeur de service social à l’Université de New York, dans The Loss of Sadness (2007) soutient que « ce qui a changé ce n’est pas le nombre de personnes qui sont reconnues cliniquement dépressives mais la définition même de la dépression dans laquelle on inclut désormais la tristesse normale. » Cette nouvelle définition explique-t-elle pourquoi en 2005, un Américain sur dix se voyait prescrire un antidépresseur ? Wakefield et Horowitz en sont à devoir rappeler qu’il existe de nombreux problèmes de la vie autre que le deuil, devant lesquels une profonde tristesse est une réponse tout à fait naturelle.

« The National Institute of Mental Health estime que plus de 14 millions d’Américains souffrent d’une dépression majeure chaque année et plus de trois millions, d’une dépression mineure (dont les symptômes sont moins graves mais ont une durée de plus de deux ans). » [¼] Gary Greenberg, l’auteur d’un livre récent, Manufacturing Depression) trouve ces chiffres ridicules – non pas que ces personnes ne soient pas déprimées mais parce que, dans la majorité des cas, leur dépression n’est pas une maladie mentale. C’est, dit-il, une réaction saine à un monde fou. »

Sa thèse fondamentale « c’est que la pathologisation de la mélancolie et du désespoir et l’invention des pilules pour guérir les personnes de ces sentiments est une immense conspiration capitaliste pour coller une grande face souriante sur un monde qui a toutes les raisons de nous rendre malades. [¼] Les compagnies pharmaceutiques et la plupart des formes que prend la psychiatrie actuelle, à l’exception des thérapies existentielles et humanistes privilégiant la parole, ont essentiellement pour objectif d’amener les personnes à accepter les obligations de la vie quotidienne. Ils n’ont aucun but moral ou politique : leur enjeu est de préserver le statu quo. Ils ne voient dans le malheur du monde qu’une occasion de faire de l’argent. Ils ont inventé une maladie pour pouvoir vendre son traitement. »

Notre conclusion
Le sain scepticisme dont font preuve tous les auteurs cités par Menand n’est pas destiné à décourager les humains frappés par la perte de leur emploi, un handicap, la mort d’un être cher, une maladie grave, une catastrophe atmosphérique ou toute autre forme de malheur mais à nous rappeler à tous, puisque hélas les religions et philosophies sont en partie muselées pour le faire, que la vie n’est pas un long fleuve tranquille mais une mer agitée sur laquelle il est possible de naviguer sans sombrer. Mais comment?

Louis Menand a d’ores et déjà répondu à cette question à la fin de son article : « Quelle raison avons-nous de résister aux pilules du bonheur, dit-il en substance, lorsqu’un deuil nous atteint? Serait-ce parce que nous croyons que cette souffrance peut nous transformer de l’intérieur? Ou peut-être pensons-nous que la sélection naturelle s’est faite de telle manière que nous devenions des êtres capables de pleurer leurs morts et que par conséquent, nous ne devrions pas interrompre ce processus ? À moins que nous refusions de faire partie de ceux qui ne ressentent pas profondément de chagrin lors de la mort d’un être aimé? Ce sont des questions de la sorte qui sont à l’origine même de la littérature et de la philosophie. Aucune science ne sera jamais en mesure d’y répondre. »

Adaptation par Hélène Laberge d’un article de Louis Menand dans le magazine The New Yorker, 1er mars 2010 : “A critic at large HEAD CASE Can psychiatry be a science?”

Notes sur Louis Menand
Le professeur Louis Menand (de lointaine origine française) est considéré comme le plus éminent auteur des études américaines. Son livre le plus connu, (2001), une histoire détaillée de la vie philosophique et intellectuelle de l’Amérique au XIXe et XXe siècle, a reçu en 2002 le prix Pulitzer ainsi que le prix Francis Parkman. Menand a également publié (2002), un mélange d’essais et d’articles sur tous les auteurs qui ont grandement contribué à la culture américaine. Menand signe régulièrement des articles dans The New Yorker et occasionnellement dans The New York Reviews of Books.

Docteur en philosophie de l’Université Columbia, il a été professeur honoraire d’anglais au Graduate Center de l’Université de New York et il est depuis 2003 professeur d’anglais et de littérature américaine à Harvard. Il a réussi une rare alliance comme professionnel de l’enseignement avec le journalisme.


Pour en savoir plus : le site http://www.louismenand.org/ fait une présentation admirative de son œuvre; loue la clarté et l’humour fin de son style. On y trouve également une bibliographie de ses livres et de ses articles. .

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Secteur
Soins de santé
Discipline
Sciences de l'homme
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