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Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
Déterminisme génétique et eugénisme
Dossier : Eugénisme
Dernière modification :
04 / 10 / 2006
Pierre Ancet

Extrait
L'idée eugéniste repose de la même manière sur une conception déterministe abusive, et elle ne cesse de refaire surface à mesure que de nouvelles conceptions biologiques apparaissent. Il n'est donc pas étonnant que la génétique y ait été annexée par certains, ni que l'on trouve des résurgences contemporaines de ces idées.

Texte
L'usage du déterminisme génétique dans le contexte de la socio-biologie

Les difficultés liées à la vision déterministe de la théorie génétique n'ont jamais gêné les réinterprétations sauvages, chargées d'entériner des idées préconçues ou des stéréotypes sociaux en postulant un ordre « par nature ». L'idée eugéniste propose de renforcer artificiellement la sélection naturelle en favorisant les plus aptes, c'est-à-dire les plus naturellement déterminés à devenir des individus socialement importants. Ce genre d'idée est commune à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle. Elle n'est pas réservée aux régimes autoritaires ou aux idéologues racistes ou antisémites. L'intérêt du livre d'André Pichot, La Société Pure , est de montrer que même des auteurs parmi les plus respectables dans l'histoire des sciences comme Ernst Haeckel (1834-1919) ont été partisans d'une théorie raciste, ou que Julian Huxley (1887-1975), directeur de l'UNESCO en 1946, biologiste social démocrate, frère d'Aldous Huxley, était un eugéniste convaincu. En la matière, Alexis Carrel n'était en rien extrémiste, en dépit de son pétainisme avéré sur le plan politique. Lorsque Carrel écrit que la médecine se fourvoie en essayant " d'améliorer les individus de mauvaise qualité ", qu'il convient plutôt de " fortifier les forts : il faut abandonner l'idée dangereuse de restreindre les forts, d'élever les faibles, et de faire ainsi pulluler les médiocres" (8) , il ne fait pas état d'idées particulièrement choquantes pour la majorité des contemporains. On peut trouver des citations exactement semblables chez Charles Richet (prix Nobel de médecine en 1913, un an après Carrel) : " Quoi! Nous nous appliquons à produire des races sélectionnées de chevaux, de chiens, de porcs, voire de prunes et de betteraves, et nous ne faisons aucun effort pour créer des races humaines moins défectueuses [...]. Quelle incurie étonnante ". (…) Les moyens de sélection serviront à " créer des races humaines moins défectueuses, pour donner plus de vigueur aux muscles, plus de beauté aux traits, plus de pénétration à l'intelligence, [...], plus d'énergie au caractère, pour faire accroître la longévité et la robustesse, [ce qui constituerait] un prodigieux progrès "! (9). " Il ne s'agit pas de punir [les tarés], mais de les écarter de nous. Il ne faut pas que leur sang vicié vienne corrompre le sang généreux d' une race forte" (10).

L'idée eugéniste, présente depuis l'Antiquité
(11) , a trouvé dans la théorie darwinienne et l'idée du struggle for life une vigueur nouvelle. Les réinterprétations de la pensée de Darwin ont vu le jour dès les premières publications de l'Origine des espèces (1859), en France dès 1862 avec la préface franchement eugéniste de sa traductrice, Clémence Royer (12). Pourtant, si le darwinisme social parle des plus aptes et des médiocres comme si ceux-ci étaient déterminés à l'être, la théorie de Darwin, elle, insiste sur toutes les formes de sélection possibles, et ne permet de parler que des plus aptes dans un milieu donné et dans un contexte de prédation et de reproduction donné. Il n'existe pas d'individus par nature plus aptes que les autres dans la théorie darwinienne dont l'eugénisme s'inspire.

L'idée eugéniste repose de la même manière sur une conception déterministe abusive, et elle ne cesse de refaire surface à mesure que de nouvelles conceptions biologiques apparaissent. Il n'est donc pas étonnant que la génétique y ait été annexée par certains, ni que l'on trouve des résurgences contemporaines de ces idées. Certes celles-ci sont moins aujourd'hui le lot de commun des scientifiques que d'une opinion mal informée, mais comme nous allons le voir il existe de notables exceptions. Les décideurs et dirigeants de la sphère politique et économique sont le plus souvent adeptes d'une vision simpliste de la génétique, allant dans le sens d'un « programme » établi par avance par chaque individu. Et il semble que les média y soient tout aussi sensibles, puisque nous entendons annoncer depuis quelques années la découverte du gène de l'immoralité, de l'homosexualité, de l'intelligence, etc…

Insistons sur ce dernier exemple, qui a une longue histoire. Nous pouvons remarquer que parler d'un gène de l'intelligence suppose:
    1° que l'intelligence soit définie (ce n'est pas parce que nous utilisons un mot qu'une entité est désignée par lui. L'intelligence peut très bien être un ensemble d'intelligences multiples, difficilement mesurables et comparables entre elles pour distinguer les formes les plus nobles) (13).
    2° que l'on puisse poser l'existence d'un gène correspondant à cette entité.
On constate que cette vision du gène a essentiellement pour fonction d'entériner un état de fait permettant de distinguer au sein d'une population les individus On constate que cette vision du gène a essentiellement pour fonction d'entériner un état de fait permettant de distinguer au sein d'une population les individus par nature intellectuellement moins aptes, et par là de justifier l'existence de différences sociales. Comme le fait remarquer S.J. Gould dans La Mal-Mesure de l'homme , le dernier avatar en date de cette pensée dans les sociétés occidentales est le livre de Herrnstein et Murray, The Bell Curve (1994), qui prétendait démontrer statistiquement et objectivement l'infériorité intellectuelle des noirs américains sur les blancs. Un individu aurait donc été déterminé par son appartenance ethnique à être moins intelligent qu'un autre. Il est significatif que de nombreux scientifiques américains contemporains aient souscrit à l'opinion de Herrnstein et Murray : les idées ségrégationnistes sont puissantes et prêtes à resurgir à un moment où à un autre. Cette vision défend l'existence d'une intelligence quantifiable, unimodale et innée pour chaque individu, contre laquelle tout le livre de Gould est construit. Cette idée a notamment permis de légitimer les campagnes de stérilisation dans les années 30 aux Etats-Unis, qui souhaitaient empêcher les individus jugés intellectuellement inférieurs de se reproduire par l'intermédiaire de stérilisations forcées (14).

Il est difficile de comprendre quel peut être le bénéfice des idées eugénistes pour ceux qui les défendent, tant de telles idées risquent de se retourner un jour contre leurs auteurs. Sans doute faut-il penser qu'ils ne se sentent rien de commun avec ceux dont l'élimination précoce (embryonnaire) ou la stérilisation forcée viendrait soulager la société. Le ferment de telles idées est la différence de nature. Mépriser les vieillards est difficile car on peut le devenir. Mépriser les débiles, les inaptes, cela semble plus facile : on suppose que l'on ne deviendra jamais comme eux (15) . L'eugénisme demande un aplomb absolu en ce qui concerne le bien-fondé de sa position sociale. En ce sens seulement, le déterminisme peut devenir un atout plus qu'un handicap vis-à-vis de la liberté individuelle.

Un dernier exemple emprunté au XIX
e siècle va nous montrer comment le déterminisme psychologique peut aller jusqu'à nier l'existence de la liberté. Il s'agit des théories sociales de Ludwig Gumplowicz (1838-1909), citées par André Pichot (16) dont la réception a été plus confidentielle que pour les auteurs précités, mais qui était néanmoins reconnu comme un universitaire influent dans son domaine. Gumplowicz adhère aux théories socio-biologiques partant de l'idée d'une naturalisation de la société et d'une « scientifisation » de la sociologie : la politique se doit de rejoindre l'ordre de la nature, qui influence la société et celui-ci passe essentiellement par la lutte entre les races.

De ce point de vue, le droit devrait servir à maintenir les inégalités sociales : « tout droit procède de l'inégalité, tout droit a pour but le maintien et la fixation de cette inégalité par établissement de l'autorité (ou domination) du plus fort sur le plus faible » (17). Si nous sommes déterminés par la société et que la société est elle-même déterminée par l'ordre naturel, nous ne pouvons qu'entrer dans des pratiques eugéniques visant à accentuer la sélection naturelle. Nous ne pouvons que nous résigner à aller dans le sens d'une nature supposée clémente, en réalité une nature réinterprétée de telle sorte qu'elle permette de justifier l'ordre établi et les valeurs de référence de l'auteur de la théorie.

C'est un exemple d'un phénomène fréquent : le travestissement de normes sociales en normes supposées strictement naturelles, comme le sont les lois. L'application pratique de ces idées ne pose pas de problème moral à cet auteur,   car la vie humaine n'est que de peu d'importance et les institutions la surestiment C'est un exemple d'un phénomène fréquent : le travestissement de normes sociales en normes supposées strictement naturelles, comme le sont les lois. L'application pratique de ces idées ne pose pas de problème moral à cet auteur,   car la vie humaine n'est que de peu d'importance et les institutions la surestiment (18). L'action habituelle de la société va à l'encontre de la voie supposée naturelle qui manifeste la supériorité de certains individus sur d'autres. A ce point, l'argument est clairement eugéniste. Mais cette pensée déterministe va plus loin que le déterminisme des eugénistes : en effet, pour Gumplowicz, la liberté n'existe pas. Il n'existe que « le fantôme de la liberté humaine ». « La plus grande erreur de la psychologie individualiste est d'admettre que l'homme pense.(…) car, d'abord, ce qui pense dans l'homme, ce n'est pas lui, mais sa communauté sociale k la source de sa pensée n'est pas lui, elle est dans le milieu où il vit, dans l'atmosphère sociale où il respire, et il ne peut penser que d'après les influences de son milieu social, telles que son cerveau les concentre. » (19). Gumplowicz, assez conséquent dans ses actes, s'est suicidé en 1909, preuve s'il en était besoin, que le sentiment de la liberté individuelle est essentiel à une conscience humaine.

Nous ne connaissons pas d'idées contemporaines aussi violentes que celles des eugénistes du début du XX
e siècle, mais c'est heureux, car nos moyens d'action, eux, sont beaucoup plus développés, et plus particulièrement nos moyens prédictifs en matière génétique.

Il ne faudrait pas sous-estimer cette importance du pouvoir pratique au vu de ce que nous disions pour commencer à propos de l'absence de déterminisme strict. De même, ce ne sont pas les ambiguïtés actuelles touchant la définition du gène (20) qui peuvent nous en faire douter. Même si nous ne pouvons pas parler de déterminisme génétique
stricto sensu , il n'en reste pas moins que l'identification de certaines maladies monogéniques fait peser un poids considérable sur les individus, en raison du pouvoir prédictif (et non thérapeutique) de la génétique.

Cette relativité nouvelle dans la connaissance du gène malgré une permanence du déterminisme en pratique est bien résumée par François Jacob dans sa préface au livre d'Evelyn Fox Keller
, Le Siècle du Gène :

« (P)eut-être a-t-on voulu, au cours du temps, attribuer au gène trop de propriétés, trop de capacités, trop de pouvoir. Il semble bien que le rôle qui lui avait été imparti doive être redistribué pari plusieurs acteurs cellulaires. En fait, au cours du dernier siècle, la recherche en biologie a été essentiellement analytique. Le gène, puis le génome témoignent du succès du réductionnisme. Mais il semble bien que le temps soit venu de modifier cette tendance. Il n'est plus possible d'attribuer au seul gène toutes les propriétés qu'on a voulu y voir. C'est maintenant le monde des interactions entre les composants de la cellule qui devient le centre de l'intérêt et de l'étude biologique. Ce qui ne diminue pas pour autant le déterminisme génétique qui pèse sur les individus. »
(21)

Pour rassembler l'argument, disons que le déterminisme génétique, malgré son aspect imparfait, a cependant été un atout de poids pour des théories déterministes en psychologie et sociologie, et son usage inconsidéré demeure une menace idéologique susceptible de réapparaître d'un moment à l'autre dans nos sociétés.

Il nous reste à voir quelle est la marge de liberté dont dispose aujourd'hui le patient face au pouvoir prédictif de la génétique. Dans ce but, nous prendrons pour terminer l'exemple de l'exercice de la liberté dans le cas du conseil génétique : quelle liberté reste-t-il au médecin et à son patient face aux influences sociales qui conditionnent le choix ?


Notes
8. CARREL (A.) L'Homme, cet inconnu, Paris, Plon, 1997, p. 349.
9. C
ARREL (A.) Eugénique et sélection, Paris, Alcan, 1922, p. 34.
10.
Ibid. p. 54.
11. On trouve des considérations clairement eugénistes dans
La République de Platon. L'infanticide des enfants mal formés à la naissance était répandu à Athènes et surtout à Sparte.
12. P
ICHOT (P.) Histoire de la notion de vie, Paris, Gallimard, coll. « TEL », 2000, p. 770.
13. G
OULD (S.J). La Mal-Mesure de l'homme Paris, Odile Jacob, 1997, introduction (Ce livre est une étude historique et critique sur un des thèmes principaux du déterminisme biologique: "l'estimation de la valeur des individus et des groupes par la mesure de l'intelligence en tant qu'entité séparée et quantifiable". L'argumentation est étayée autour de deux sources: la craniométrie et les tests psychologiques).
14. G
OULD (S. J.), « La fille de Carrie Buck » in Le Sourire du flamant rose, Paris, Seuil, coll. "Points Sciences", 1988.
15. Sans doute le ferment du racisme repose-t-il sur la même impression de distance radicale : si je peux devenir vieux, malade, fou, en tout cas je ne pourrai jamais devenir noir ou jaune si je suis né blanc. Cette différence de nature protège et assoit mon identité en stigmatisant l'autre. Quels que soient les avantages de l'autre par rapport à moi, quelles que soit ses qualités, il me restera toujours une marque de distinction qu'il ne pourra pas partager, un privilège de nature que je ne pourrai perdre.
16. P
ICHOT (A.) La Société pure. De Darwin à Hitler, Paris, Flammarion coll. «Champs », 2000, p. 51.
17. G
UMPLOWICZ (L.) Précis de sociologie, 1885 , trad de Ch Baye, Paris, 1896, p. 339.
18. « (E)st-il sensé ou justifié, en présence de ces conditions naturelles (des millions de nouveaux-nés humains apparaissent chaque jour), de surestimer la vie individuelle comme le font les nations civilisées ? que de malheurs, que de souffrance on pourrait épargner aux hommes, si les institutions sociales, politiques et juridiques issues de cette appréciation exagérée de la vie (…) venaient à être supprimées » (G
UMPLOWICZ (L.) Précis de sociologie, 1885 , trad de Ch Baye, Paris, 1896, p. 339).
19. G
UMPLOWICZ (L.) Précis de sociologie, 1885 , trad de Ch Baye, Paris, 1896, p. 274
20. On est passé d'une définition biochimique du gène conçu comme entité matérielle à une définition fonctionnelle du gène où il n'apparaît qu'au travers de ses effets (F
OX KELLER (E.) , Le siècle du gène, Paris, Gallimard, traduction de S. Schmitt, 2003, p. 70-72).
21- F
OX KELLER (E.) , JACOB (F.) préf. Le siècle du gène, Paris, Gallimard, traduction de S. Schmitt, 2003, p. III.


Pierre Ancet, Le déterminisme génétique et la liberté de choix. Extrait d'une communication présentée dans le cadre du colloque "Génomique-Génoéthique et Anthropologie" qui a eu lieu à Montréal, les 22 et 23 octobre 2004
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