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Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
La mort française de Freud
Dossier : Maladie mentale
Dernière modification :
04 / 30 / 2010
Jacques Dufresne

Extrait
«La légende freudienne passe à peu près complètement sous silence le milieu scientifique et culturel dans lequel s'est développée la psychanalyse, d'où le thème de l'originalité absolue de ce qu'elle a apporté: on attribue ainsi au héros le mérite des contributions de ses prédécesseurs, de ses associés, de ses disciples, de ses rivaux et de ses contemporains en général.»

Présentation
Aux États-Unis, on serait quelque peu étonné, si l'on était au courant de l'événement, de l'ampleur que prend le débat sur Freud en France, après la publication du brûlot de Michel Onfray: Le crépuscule d'une idole. Le Time magazine a en effet annoncé solennellement la mort de Freud le 29 novembre 1993 tout en lui faisant l'honneur de sa page couverture. Le site Burying Freud a été consacré peu après au personnage qu'on déboulonne aujourd'hui dans cette France où la psychanalyse est demeurée vivante. Le Québec semble avoir conservé ses affinités avec la France sur ce plan. On y publie, aux éditions Liber notamment, de nombreux ouvrages sur la psychanalyse et la psychiatrie dynamique en général.

Texte
À l'appui de sa thèse, Michel Onfray cite l'ouvrage magistral de Henri F. Ellenberger, À la découverte de l'inconscient. 1 Il se trouve que la principale adversaire du philosophe iconoclaste, Élisabeth Rudinesco, a fait l'éloge de ce livre. Il se trouve aussi que le docteur Ellenberger fut pour moi un maître et un ami, que j'ai publié plusieurs de ses articles de même qu'un de ses livres intitulé Les mouvements de libération mythiqueJ'ai surtout écrit en 1973 un article en français sur À la découverte de l'inconscient, avant même que le livre ne soit traduit de l'anglais. Il s'intitule : « Du sorcier au psychiatre ». La querelle française m'a incité à le relire. En voici un extrait:

«Henri F. Ellenberger a atteint son but, qui était "de replacer les choses dans leur contexte". À cet égard, le chapitre le plus intéressant est peut-être celui qui porte sur les rapports entre Nietzsche et les trois grands de la psychiatrie, Freud, Adler et Jung. Partant d'une citation de Klages qui considère Nietzsche comme le fondateur de la psychologie moderne et d'une autre de Thomas Mann qui le considère comme le plus grand des psychologues de tous les temps, Ellenberger fait le recensement des principales intuitions psychologiques de Nietzsche; le tableau d'ensemble est si éloquent qu'on en vient à se demander s'il restait quelque chose d'essentiel à découvrir. On note que Jung et Adler ont reconnu leur dette. Mais le ton change, on sent une certaine gêne, lorsque la question de la reconnaissance de Freud est abordée. Sans vouloir exagérer l'influence de Nietzsche sur ce dernier et sans vouloir sous-estimer son originalité, M. Ellenberger s'étonne de son silence; il a même une allusion presque méchante, il écrit: ''À la différence de Freud, Jung a toujours proclamé ouvertement la profonde stimulation qu'avait représenté pour lui la pensée de Nietzsche.''»2

Faut-il en conclure que le jugement d'Ellenberger sur Freud est négatif? Ce n'est pas l'opinion d'Andrée Yanacopoulo, qui vient de publier la première biographie de l'auteur de À la recherche de l'inconscient. ''Ce qui de nos jours cristallise l'attention et ce en quoi son travail a un effet incontestable dans les débats actuels, c'est la partie qui concerne le freudisme. Mis en effet sur la piste de dites légendes qui embrumaient l'histoire des débuts de la psychanalyse, il n'a eu de cesse, au terme de minutieuses et inlassables enquêtes, de dé-couvrir (sic) les contrevérités énoncées par Freud. Et pourtant – c'est ma première remarque – ces mises au point n'ont en rien entaché son adhésion aux systèmes et aux concepts forgés par ce dernier.''

Suit cette note: «adhésion aux concepts formés par ce dernier, Freud, et par l'ensemble du mouvement psychanalytique, toutes écoles confondues, même si sa préférence va à C.G. Jung, ce qui se comprend aisément: il se sent beaucoup plus en affinité avec un Jung protestant et féru de spiritualité qu'avec un Freud athée, autoritaire et soucieux de rationalité.» Andrée Yanacopoulo avoue ensuite qu'elle comprend mal «que se réclament aujourd'hui de lui aussi bien les adversaires du freudisme – ce qui se comprend fort bien – que ses tenants, ce qui se comprend beaucoup moins bien.» 3

De toute évidence, l'atmosphère de légende, qui marque les origines de la psychanalyse selon Ellenberger, justifie davantage les critiques actuelles du freudisme qu'elle n’explique son succès passé. « La psychanalyse, dès ses origines, s'est développée dans une atmosphère de légende, si bien qu'une appréciation objective ne sera guère possible avant que l'on ait su dégager les données authentiquement historiques de cette brume de légendes. […] Malheureusement, l'étude scientifique des légendes, de leur structure thématique, de leur développement, de leurs causes reste une des provinces les moins explorées de la science.[...] Un coup d'oeil rapide sur la légende freudienne révèle deux traits essentiels. Le premier est le thème du héros solitaire, en butte à une armée d'ennemis, subissant, comme Hamlet, ''les coups d'un destin outrageant'' mais finissant par en triompher. La légende exagère considérablement la portée et le rôle de l'antisémitisme, de l'hostilité des milieux universitaires et des prétendus préjugés victoriens. En second lieu, la légende freudienne passe à peu près complètement sous silence le milieu scientifique et culturel dans lequel s'est développée la psychanalyse, d'où le thème de l'originalité absolue de ce qu'elle a apporté: on attribue ainsi au héros le mérite des contributions de ses prédécesseurs, de ses associés, de ses disciples, de ses rivaux et de ses contemporains en général.»4

Ici un parallèle s'impose entre Freud et les leaders charismatiques des mouvements de libération mythique, mouvements dont Ellenberger a étudié quelques cas. Je m'empresse de préciser qu'Ellenberger n'a pas établi lui-même un tel parallèle et que le contexte favorable aux mouvements de libération mythique tel qu'il le décrit ne correspond pas au contexte dans lequel Freud a vécu. On en est pas moins frappé par la similitude entre d'une part les légendes entourant Freud et l'organisation qu'il mit en place et d' autre part les diverses phases et caractéristiques des mouvements de libération mythique. N'est-ce pas davantage à un tel mouvement que ressemble la psychanalyse qu'à une école philosophique grecque ? Et Freud lui-même ne ressemble-t-il pas plus à un leader charismatique qu'à Platon ou Aristote ? Différence majeure: ce n'est pas le salut politique d'un peuple que Freud veut assurer, mais son salut psychologique. À défaut toutefois d'une science de la légende qui permettrait de comprendre le freudisme, ne convient-il pas de considérer l'analyse des mouvements de libération comme une piste intéressante ?


Mouvement de libération mythique
    «Souvent le prophète n'en impose pas par son physique et il a parfois été décrit comme hystérique, épileptoïde ou schizoïde. En réalité, il se distingue plutôt par quelque chose d'excessif ou d'excentrique dans ses idées et sa piété, et par son étroitesse d'esprit. (Ludwig Klages avait été frappé par l'étroitesse d'esprit de Freud. 1) Une certaine attitude, de défi, ''de folie'' exaspère ses adversaires et attire sur lui leur mépris ou leur haine, mais les fidèles y voient justement une preuve de sa vocation. Un trait remarquable est la disproportion entre sa faiblesse réelle et l'énormité de ses prétentions.

    Le premier contact entre le prophète et son milieu d’élection a pour effet d’infuser à un petit groupe de gens "tranquilles et inoffensifs" un esprit d’inquiétude et d`effervescence intérieure. L’événement essentiel est alors la proclamation du message, du mythe qui cristallisera cette agitation. Dès lors commence la phase de "mouvement" proprement dit. Une scission brutale se produit dans le groupe entre les fidèles et les incrédules; ces derniers sont exclus et l'agressivité se concentrera sur eux. L'agitation peut rester limitée au groupe originel, mais souvent elle déborde en dehors et peut se propager à de nombreux autres groupes (on estime qu’entre 1889-1890, sur 100 000 Indiens qui vivaient aux États-Unis, 60 000 participèrent à la "danse des esprits"). L'agitation, l'enthousiasme, subissent ainsi une intensification qui atteint bientôt son acmé mais ne saurait s’y maintenir longtemps.


    Deux issues sont possibles, soit la transformation du "mouvement" en "institution" fixée avec son organisation et ses rites, soit une catastrophe subite qui brise le groupe et disperse ses adhérents. Mais on ne peut jamais affirmer que le mouvement ne subsiste pas à l’état latent et ne revivra pas plus tard.

    Source: Henri F. Ellenberger, Les mouvements de libération mythique et autres essais sur l'histoire de la psychiatrie, Quinze/Critère, Montréal, 1978, p.26.

    1- «La distinction entre sexus et éros, au centre de ce texte, est sans aucun doute implicitement dirigée contre la théorie de Freud, pour la personne duquel, par ailleurs, Klages avait, après l'avoir rencontré, beaucoup de respect, mais dont il regrettait néanmoins «l'horizon borné ».Ludwig Klages, De l'Éros cosmogonique, Éditions L'Harmattan, Paris 2008, p.48



Andrée Yanacopoulo soutient enfin que «l'apport d'Ellenberger est un apport informatif et non – contrairement à ce qu'il estime – véritablement réflexif. »Ce n'est pas mon avis. Quand on a mis en lumière toute la fausse originalité d'un grand esprit comme Freud, aussi finement que l'a fait Ellenberger, on hésite à ajouter sa propre théorie et si on le fait c'est avec une extrême discrétion. C'est là précisément la manière d'Ellenberger, comme le montre bien ce jugement : «Mais c'est surtout, croyons-nous, de la maladie créatrice de Freud que procèdent les principes essentiels de la psychanalyse: les notions de sexualité infantile, de libido avec ses étapes successives, ses fixations et sa transformation possible en angoisse, la situation oedipienne, le roman familial, la théorie des rêves, des actes manqués et des souvenirs-écrans, la conception des symptômes comme substituts des désirs, l'idée que les phantasmes jouent un rôle essentiel dans les névroses et dans la création poétique, et que les tout premiers phantasmes, comme les premières expériences sexuelles authentiques, exercent une influence primordiale sur la destinée des individus.» 5

L'idée de la maladie créatrice est l'un des apports importants d'Ellenberger à la psychiatrie dynamique et c'est aussi l'une des principales clés dont il se sert pour interpréter l'oeuvre des maîtres. S'il ne dépasse pas ainsi le niveau de la simple information pour s'élever jusqu'à la réflexion, qui donc peut se dire capable de réfléchir? Ses réflexions sur la guérison sont un autre de ses apports importants.

Où se trouve donc l'authentique originalité de Freud? Dans sa méthode, répond Ellenberger et dans son sens de l'organisation. « La méthode psychanalytique est une authentique création de Freud […] mais l'innovation la plus frappante fut probablement la fondation d'une école selon un modèle sans exemple à l'époque moderne mais qui se présente comme une réviviscence des écoles philosophiques de l'antiquité gréco-latine ainsi que nous les avons décrites dans un chapitre antérieur.» 6

On connaît la puissance de l'organisation que Freud a mise en place. La réaction des psychanalystes français au livre de Michel Onfray l'illustre bien. Que penser de sa méthode? Henri F. Ellenberger est aussi l'auteur d'un manuel de psychiatrie. C'est là sans doute qu'il s'est prononcé le plus clairement sur l'efficacité des psychothérapies, dont la psychanalyse.

Il fait d'abord état de la recherche de Hans Eysenck, dont le second rapport, publié en 1965, confirmait le premier. «Il n'y avait selon Eysenck aucune différence entre le pourcentage de guérisons attribuées au traitement psychothérapeutique et le pourcentage des guérisons spontanées survenant dans un groupe de contrôle, avec la seule exception des sujets traités par la thérapie comportementale.» Cette découverte donna naissance à de nombreux projets de recherche. En 1969, Julian Meltzoff donna un exposé de plus de cent recherches de ce genre et concluait que l'efficacité de la psychothérapie était une chose solidement établie. Ellenberger ne fait toutefois état d'aucune recherche démontrant une supériorité de la psychanalyse par rapport aux autres psychothérapies. La recherche de la Menninger Foundation en 1972, précise-t-il, a démontré que les deux groupes ayant suivi des traitements montraient une amélioration significativement plus élevée que le groupe contrôle. Par contre on ne constata aucune différence entre le groupe traité par la thérapie du comportement et le groupe traité par la psychothérapie d'orientation psychanalytique.» C'est toutefois aux guérisons spontanées qu'Ellenberger s'intéresse le plus. « Ian Stevenson déclare que 40 à 60% des névrosés guérissent spontanément en l'espace de quelques années. Parmi les facteurs de ces guérisons, il note divers événements fortuits qui procurent au sujet l'affection, le respect et la satisfaction de désirs frustrés.»

Ellenberger en tire une leçon pour l'ensemble des psychothérapies: l'importance du kairos, ou art de saisir l'occasion opportune: «Un malade chronique, convaincu qu'il ne peut plus guérir par lui-même, mais n'ayant pas encore perdu tout espoir, se trouve dans le moment électif où une intervention souvent très simple peut amener une guérison rapide et durable.» C'est la rencontre, conclut Ellenberger, au sens que les philosophes existentialistes donnent à ce mot. Il y a aussi les cas, 5% des cas traités, où l'état des malades est nettement aggravé par la psychothérapie. Occasion de rappeler qu'Ellenberger a été parmi les premiers chercheurs à souligner l'importance des maladies iatrogènes. Il connaissait bien les travaux du pionnier en cette matière Nicola Shipkowensky, «lequel a donné une description détaillée dont le médecin iatrogène suscite involontairement la peur et l'obsession chez ses malades: sa mine soucieuse, sa voix inquiète, les questions insidieuses qu'il pose, sa terminologie que le malade comprend mal, son diagnostic qui retentit dans l'esprit du malade comme une déclaration d'incurabilité». 7 Le précis de psychiatrie que nous citons ici a été publié en 1981. Si l'on en juge par un essai paru récemment dans The New-Yorker, le tableau d'ensemble n'a guère varié depuis.

Pourquoi la grande querelle a-t-elle lieu en France en ce moment plutôt qu'à tout autre moment du passé où la statue de Freud a été fortement secouée? C'est sans doute le kairos qui est la meilleure explication. En 1985, Jean-Jacques Wunenburger, un autre lecteur d'Ellenberger, publiait chez Balland une étude sur Freud, intitulée Sigmund Freud, 8 qui à mes yeux constituait non seulement un déboulonnement, mais un enterrement du prophète. Ce livre écrit sur un ton serein et faisant constamment allusion aux écrits de Freud semble avant tout destiné à présenter l'oeuvre de Freud à des étudiants. Il se termine toutefois par une section intitulée Polémiques où l'on peut lire des jugements qui sont autant de condamnations de Freud. Quand on prend bonne note de la liste des auteurs de ces jugements, on voit la terre s'effondrer sous Freud: Gaston Bachelard, Albert Béguin,Théodore Caplow,Robert Castel, Jean Château, Pierre Debray-Ritzen,Gilbert Durand, Henri Ey, H. J. Eysenck, Michel Foucault, Pierre-P. Grassé, Ludwig Klages, Arthur Koestler, Stéphane Lupasco, Karl Popper, Theodor Roszack, Jean-Paul Sartre, Jacques Van Rillaer, Ludwig Wittgenstein, Clara Zetkin.

Voici le jugement de Karl Popper:

«Les “ observations cliniques ”, qui sont naïvement considérées par les psychanalystes comme des confirmations de leur théorie, ne sont pas plus probantes que les confirmations quotidiennes que les astrologues trouvent dans leur pratique. Quant à l'épopée freudienne du moi, du surmoi et du ça, elle ne peut pas plus sérieusement prétendre à un statut scientifique que les histoires qu'Homère a collectées sur l'Olympe. Ces théories décrivent certains faits, mais à la façon des mythes. Elles contiennent des énoncés psychologiques des plus intéressants, mais qu'on ne peut soumettre à vérification. » Conjectures and refutations,London-Routledge, 1963, pp. 37-38.

Et voici celui de Ludwig Klages :

« Cet inconscient ressemble à s'y méprendre à un avocat retors n'ayant pour tout office qu'à faire croire à la conscience, par des artifices et des finasseries de toute espèce, tout ce qu'il est utile qu'elle croie pour soutenir les intérêts manifestes, et encore plus les intérêts cachés, de son sujet; et avant tout de lui enlever toutes les croyances capables de blesser son amour-propre. Les considérations spirituelles et pénétrantes de Nietzsche sur la tactique de l'illusion sont ici traduites dans le langage des intrigues tout à fait vulgaire que l'on peut étudier par exemple dans la vie industrielle contemporaine, y compris les artifices diplomatiques des politiciens : procédé qui par compensation se nomme communément “ psychologie des profondeurs ” (Tiefenpsychologie).
Les principes de la caractérologie,
Alcan, 1930, p. 254, note 37.

Notes

1- Henri F. Ellenberger, À la découverte de l'inconscient, histoire de la psychiatrie dynamique, SIMEP Éditions, 1974.

2- Revue Critère, No 9, Juin 1973.

3-Andrée Yanacopoulo, Henri F. Ellenberger, Une vie, Éditions Liber, Montréal 2009, p.289.

4-Henri F. Ellenberger, op.cit, p.463-464.

5-Henri F. Ellenberger, op.cit. p.453

6-Henri F. Ellenberger, op.cit. p.465-466

7-Henri F. Ellenberger et R.Duguay et coll. Précis pratique de psychiatrie, Chenelière et Stanké, Montréal, Maloine, Paris, 1981, p.442-446

8-Jean-Jacques Wunenburger, Sigmund Freud, Une vie, une oeuvre, une époque, Éditions Balland, Paris 1985, p.409-419




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Extrait: Maladie mentale et violence "Contrairement à une opinion fréquente dans les milieux psychiatriques, les troubles mentaux graves représentent à eux seuls, sans abus d'alcool ou de drogues, un risque de violence physique envers autrui beaucoup plus
Un lieu de rencontre pour les personnes souffrant de maladie mentale
Auteur: Wilfrid Noël Raby
Extrait: Nous reproduisons les propos du Dr Wilfrid Noël Raby, neuropsychiatre (Columbia University, New York), enregistrés lors d'un séminaire de L’Agora sur l'éthique dans le cadre du projet du Fonds de l'autoroute de l'information (FAI).
L'autiste show de Blainville
L'autiste show
Difficile de passer sous silence cette joyeuse initiative: les Autiste Show, qui ont lieu dans diverses régions du Québec, entre autres, Ville Lorraine et Repentigny, au printemps. Nous présentons celui qui a eu lieu le 22 mai 2010 au manège du Parc équestre de Blainville, à l'initiative de la ,
Régime enregristré d'épargne invalidité
Assouplissement de l'admissibilité au REEI
Pour être admis au REEI, il faut déjà être admis au régime de crédit d'impôt, ce qui suppose qu'on ait de l'argent dans un compte en banque. Jusqu'à ce jour, il n'était pas possible d'en appeler de cette règle. La procédure ayant récemment été simplifiée, les plus pauvres auront plus facilement droit au REEI.
Ce 3 décembre 2010, Journée Internationale des personnes handicapées
Vivre, peindre et écrire avec le syndrome de Down
La video est en anglais, mais comme d'une part le son n'y est pas très clair et comme d'autre part le langage de la personne en cause est la peinture, vous ne perdrez rien si vous vous limitez à regarder attentivement les visages et les tableaux. Elisabeth Etmanski, née il y a trente-deux ans avec le syndrome de Down, mène une vie autonome depuis longtemps. Ne soyez pas étonnés, si jamais vous la rencontrez, qu'elle vous salue en écrivant ou en disant un poème à votre sujet. Votre sensibilité est peut-être reléguée à l'arrière plan de votre être, la sienne imprègne tout sa personne y compris la surface. Vous comprendrez à son contact comment le réenchantement du monde peut s'opérer. Quelles sont ses aspirations en tant que peintre? On lui pose la question à la fin de la video. Sa réponse est à l'image de sa personne, naïve: «Je veux être la prochaine Emily Carr.»

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