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Sites sur l'autisme et les troubles envahissants du développement (Hélène Laberge)
TEDDI au tribunal (Jacques Dufresne)
Un minou robot pour mamie
Un minou robot pour mamie (Jacques Dufresne)

Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
Un conte californien
Dossier : Philia
Dernière modification :
03 / 10 / 2006
Marc Twain

Présentation
C’est la philia, cette amitié qui fonde et qui fait les communautés, que nous retrouvons dans ce conte de l'illustre écrivain américain.

Nous avons choisi de traduire ce conte de Mark Twain parce que nous pensons qu’il illustre de façon admirable comment, à une époque où les seuls moyens existants en cas d’un malheur comparable à celui de Henry, étaient ceux d’une concertation de quelques amis fidèles pour empêcher qu’il ne sombre dans une angoisse mortelle.

Dans le contexte actuel, les amis auraient sans doute choisi de remettre Henry entre les mains des professionnels qui, avec le secours des antidépresseurs, et dans le meilleur des cas, d’une bonne psychothérapie auraient sans doute fini par le ramener à la conscience et à l’acceptation de son malheur, mais en lui enlevant le bonheur de ressentir le caractère sacré de ces lieux dont il préservait la beauté. Dans ce récit conçu comme un polar où nous sentons naître le drame sans pouvoir en deviner le dénouement, Mark Twain, plutôt célébré comme humoriste, nous donne la preuve que le rire chez les meilleurs d’entre eux est l’envers de leur compassion.

Texte
          L’histoire que raconte Mark Twain ) se déroule à la fin du XIXe siècle (en 1893) dans la région de Stanislaus, en Californie, où se trouvaient jadis des gisements d’or importants et une petite ville prospère. Il ne restait de cette époque faste que quelques maisons délabrées et une poignée de vieux mineurs. Et une nature très belle et très florissante qui avait recouvert progressivement tous les travaux des hommes. Mark Twain y prospectait dans l’espoir sans cesse déçu de découvrir un nouveau gisement. Il vivait dans une cabane rudimentaire avec quelques autres mineurs partageant son rêve. Or, voici qu’en errant dans la ville fantôme, il se trouve tout à coup devant un cottage coquet, parfaitement bien entretenu, entouré d’un merveilleux jardin débordant de fleurs épanouies. Un homme de quarante-cinq ans environ qui se tenait à la barrière du jardin l’invite cordialement à entrer.

« Quelles délices de se trouver dans un tel lieu, après ces longues semaines d’enfermement jour et nuit dans des cabanes de mineurs avec tout ce que cela comporte de parquets sales, de lits défaits, d’assiettes et de tasses de tôle, de bacon, de fèves et de café noir, sans autre ornement que des images de guerre découpées dans les journaux illustrés de l’Est des USA et épinglées sur les murs de rondins : le matérialisme le plus dur, le plus attristant, le plus désolant. Et voilà que je me trouvais dans un nid qui avait ce charme qui repose le regard fatigué et fait renaître chez l’être humain, après une longue période de jeûne, devant des objets d’art si simples et si modestes soient-ils, le sentiment qu’il était soudainement comblé par quelque chose dont il avait inconsciemment ressenti la privation.

« Je n’aurais jamais cru qu’une simple carpette pouvait m’être une telle fête et me contenter autant ou qu’il pouvait y avoir une telle douceur pour l’âme dans un papier peint, des lithographies bien encadrées, des abat-jour aux couleurs vives, des chaises de style Windsor, des étagères garnies de coquillages, de vases de porcelaine, tous ces bibelots qu’une main de femme répand dans une maison, qu’on regarde sans les voir mais qui vous manqueraient sur-le-champ s’ils étaient enlevés.

« Le bonheur qui était dans mon cœur rayonnait sur mon visage et l’homme le remarqua et en fut heureux, si bien qu’il me répondit comme si j’avais parlé : « Tout cela c’est son œuvre, dit-il d’un ton caressant, elle a tout fait elle-même, chaque détail. » Et il jeta sur les lieux un regard plein d’affectueuse adoration. L’un de ces tissus japonais que les femmes drapent au-dessus d’un cadre avec une négligence étudiée s’était déplacé. Il le remit en place avec grande minutie, reculant à plusieurs reprises pour juger de son effet jusqu’à ce qu’il en fût satisfait. Puis il le caressa une ou deux fois de la main et dit : « C’est toujours comme cela qu’elle fait. Vous ne savez pas ce qui manque mais il manque quelque chose si vous ne le faites pas - comme vous le constatez après l’avoir fait. Mais c’est tout ce que vous savez. Vous ne pouvez pas connaître la loi qui préside à cela. Je dirais que c’est comme les petites tapes qu’une mère donne sur la tête de son enfant une fois que sa chevelure a été peignée et mise en place. Je l’ai vue faire ces gestes si souvent que je peux les refaire exactement à sa manière, bien que je ne connaisse la loi d’aucun d’entre eux. Mais elle connaît leur loi. Elle sait à la fois le pourquoi et le comment. »

Il me conduisit dans une chambre pour que je puisse me laver les mains; une chambre comme je n’en avais pas vu depuis des années : un couvre-lit blanc, des oreillers blancs, un tapis sur le plancher, un papier peint sur les murs, des tableaux, une coiffeuse avec un miroir et des accessoires de toilette; dans un coin, une commode avec un bol et un pichet en belle porcelaine, un savon dans une assiette également en porcelaine et, sur un support, plus d’une douzaine de serviettes trop éclatantes de blancheur pour qu’on puisse les utiliser sans éprouver un vague sentiment de profanation. Mon visage montrant à nouveau mon émerveillement, il me dit d’un ton reconnaissant : « C’est son œuvre, elle a tout fait elle-même, chaque détail. Il n’y a rien ici que sa main n’ait touché. Vous pouvez penser… mais il ne faut pas que je parle trop. »

« Pendant ce temps je m’essuyais les mains tout en jetant un œil sur les divers objets de la chambre comme on est porté à le faire dans un lieu inconnu où tout ce qu’on regarde est un plaisir pour les yeux et un réconfort pour l’esprit et j’eus l’intuition qu’il y avait encore quelque chose que cet homme s’attendait à me voir découvrir par moi-même. Je le sentais profondément, je sentais qu’il cherchait à m’aider par de furtifs coups d’œil et j’essayais de toutes mes forces de suivre ses indications dans mon désir de lui rendre hommage, mais à plusieurs reprises en vain, jusqu’à ce que je sus par le plaisir que je sentis monter en lui que j’avais trouvé. Il éclata joyeusement de rire et s’écria en se frottant les mains : « Ça y est! Vous avez trouvé. Je savais que vous trouveriez. C’est son portrait. » Sur le mur du fond, se trouvait sur une petite étagère de noyer un coffret contenant un daguerréotype. Il contenait le plus ravissant, le plus beau visage d’une fraîche jeune fille que j’aie jamais vu, me sembla-t-il. L’homme but littéralement l’admiration qu’il lut sur mon visage et fut pleinement, parfaitement satisfait : « Elle a eu dix-neuf ans à son dernier anniversaire qui fut aussi le jour de notre mariage. Mais quand vous la verrez! Ah! Attendez seulement de la voir! »
          Suit alors une conversation : Mark Twain apprend qu’elle est allée rendre visite à sa famille et qu’elle doit revenir samedi. On est alors mercredi et Twain doit quitter la Californie le lendemain soir par train. Devant l’insistance de son hôte qui lui dit qu’elle est en plus très cultivée « qu’elle sait tout, presque tout et cause comme un oiseau et qu’elle adore converser avec des gens comme vous », sa curiosité est piquée et il décide de reporter son départ.

« Ce soir-là nous avons paisiblement fumé la pipe en parlant de choses et d’autres mais surtout d’elle; je n’avais pas connu depuis longtemps une soirée si agréable et si reposante.
          Le jeudi s’écoule doucement et dans la soirée arrive Tom l’un de ces vieux et rares pionniers vivant encore dans cette région abandonnée par les chercheurs d’or. Il est venu s’enquérir du jour exact du retour de la « p’tite dame ». Et Henry, le mari sort une lettre d’un petit porte-documents et en fait la lecture à ses invités. C’est une lettre écrite de façon gracieuse et remplie de chaleureuses salutations pour les amis, Tom, Jos, Charley, etc. Henry surprend des larmes dans les yeux de Tom et le taquine :Je vais lui dire quel effet elle produit sur toi. Et Tom de se défendre et de mettre son émotion sur le compte de sa vieillesse. Et sur sa déception de ne pas la voir là. Et lorsque Henry lui rappelle que c’est seulement samedi qu’elle doit arriver, il se demande où il avait la tête et que certainement tous les amis viendront l’attendre.

          Le vendredi survient Joe, un autre vieux mineur, qui propose que les amis organisent une petite fête le samedi soir pour célébrer son retour, à moins qu’elle ne soit trop fatiguée après son long voyage. « Fatiguée, elle? s’écrie Henry, vous savez bien qu’elle resterait debout pendant six semaines si nécessaire pour faire plaisir à tous ses amis! »

          Twain passe la journée du samedi avec Henry chez qui, à sa grande surprise, il voit surgir une angoisse qu’il ne s’explique pas.

« Ah! je suis inquiet, je suis terriblement inquiet, répète-t-il sans fin. J’ai beau savoir qu’elle ne peut pas arriver avant neuf heures (21 heures) quelque chose à l’intérieur de moi semble vouloir m’avertir qu’il est arrivé quelque chose de grave. Dites-moi que vous ne croyez pas qu’un événement grave se soit produit.» Je commençais à avoir honte pour lui de son attitude infantile. »
          Mais Henry ne semble pas s’en apercevoir et continue à répéter sans cesse qu’il est mortellement inquiet. Twain perd patience et le rabroue brutalement, mais Henry semble à la fois si blessé par cette colère et si humble dans sa souffrance que Twain se reproche amèrement de l’avoir fait souffrir par sa cruauté. L’arrivée de Charley (autre vieil ami) détend l’atmosphère. Lui aussi réclame la lecture de la lettre et rassure Henry avec beaucoup de chaleur : « Que dit sa lettre? Qu’elle est en bonne santé, qu’elle arrivera à 9 heures ce samedi. A-t-elle jamais manqué à sa parole? Elle va arriver aussi vrai que tu es là. » La venue de Jos et Tom allège l’atmosphère et la fête du retour commence. La maison est décorée de bouquets de fleurs.

« Ils ont apporté leurs instruments de musique, violon, banjo et clarinette et se mettent à jouer un air de danse en battant la mesure avec leurs grosses bottes. Neuf heures approchaient. Bien que ses amis l’aient fait boire à plusieurs reprises à la santé de sa femme, Henry était debout dans l’embrasure de la porte et tout son corps exprimait une angoisse torturante. « Tout le monde debout! Encore un verre, et elle sera là », s’écria Tom. Joe apporta des verres sur un plateau et servit tout le monde. Je tendis la main vers l’un des deux verres qui restaient, mais Joe grommela dans sa barbe : « Pas celui-là, l’autre! » Je lui obéis et Henry fut servi le dernier. Il avait à peine avalé le contenu de son verre que neuf heures se mirent à sonner. Au fur et à mesure que l’horloge sonnait, son visage devenait de plus en plus pâle: « Mes amis, dit-il, je suis mort de peur, je veux m’étendre. » Ses amis le portèrent sur un sofa où il murmura en sombrant dans le sommeil : « Je crois entendre le bruit des sabots de son cheval. Est-elle arrivée? » (…) « C’est Jimmy Parrish qui vient de nous avertir qu’il y a un retard. Son cheval boîte et elle sera ici dans une demi-heure. » « Oh! Je suis si heureux que rien ne soit arrivé. » Il tomba endormi avant même d’avoir achevé sa phrase. À l’instant même, ses amis le déshabillèrent et le transportèrent dans le lit de la chambre où je m’étais lavé les mains. Ils fermèrent la porte, revinrent me trouver et s’apprêtèrent à partir. Je leur dis : « Je vous en prie messieurs, ne partez pas. Elle ne me connaît pas. Je suis un étranger. » Ils se regardèrent tous. Puis Joe dit : « Pauvre petite, il y a dix-neuf ans qu’elle est morte. » « Morte? » « Morte, ou pire. Elle était allée rendre visite à sa famille six mois après son mariage et en revenant, un samedi soir, les Indiens l’ont capturée à cinq milles de sa maison et on n’a plus jamais eu de nouvelles d’elle depuis. » « Et son mari a perdu l’esprit? » « Il ne l’a plus jamais recouvré, ne serait-ce qu’une heure depuis. Mais il est en crise seulement quand revient ce moment de l’année. Seigneur Dieu! Quelle femme adorable c’était! »

Source imprimée
The Complete Short Stories of Mark Twain, Doubleday & Company, Inc. Garden City, New York, 1957. Now collected for the first time. Edited with an introduction by Charles Neider. Traduction de L’Agora.
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