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Revue Le partenaire
Créée en 1992, la revue le partenaire est devenue au Québec une voix importante pour les personnes utilisatrices de services en santé mentale et pour tous les acteurs concernés par la réadaptation psychosociale, le rétablissement et la problématique de la santé mentale. Ses éditoriaux, ses articles, ses dossiers proposent une information à la fine pointe des connaissances dans le champ de la réadaptation psychosociale. Ils contribuent à enrichir la pratique dans ce domaine et à stimuler le débat entre ses membres.
Destination El Paradiso
El Paradiso n’est pas une maison de retraite comme les autres. Située dans une île enchanteresse qui est réservée à son usage, elle accueille des pensionnaires bien particuliers. Ce sont, par un aspect ou l’autre de leur vie, par ailleurs tout à fait honorable, des originaux, des excentriques, habités par une douce folie, qui n’a sans doute d’égal que la simplicité de leur bonheur. C’est une galerie de personnages un peu fantasques que nous fait rencontrer cet ouvrage tout empreint de tendresse, d’humour et d’humanité. Voici donc les premiers douze membres de ce club très spécial: Perry Bedbrook, Guy Joussemet, Édouard Lachapelle, Andrée Laliberté, Céline Lamontagne, Guy Mercier, Avrum Morrow, Lorraine Palardy, Antoine Poirier, Michel Pouliot, Charles Renaud, Peter Rochester.
Le Guérisseur blessé
Le Guérisseur blessé de Jean Monbourquette est paru au moment où l’humanité entière, devant la catastrophe d’Haïti, s’est sentie blessée et a désiré contribuer de toutes sortes de façons à guérir les victimes de ce grand malheur. Bénéfique coïncidence, occasion pour l’ensemble des soignants du corps et de l’âme de s’alimenter à une source remarquable. Dans ce livre qui fut précédé de plusieurs autres traitant des domaines de la psychologie et du développement personnel , l’auteur pose une question essentielle à tous ceux qui veulent soigner et guérir : « Que se cache-t-il derrière cette motivation intime à vouloir prendre soin d’autrui? Se pourrait-il que la majorité de ceux et celles qui sont naturellement attirés par la formation de soignants espèrent d’abord y trouver des solutions à leurs propres problèmes et guérir leurs propres blessures? » Une question qui ne s’adresse évidemment pas à ceux qui doivent pratiquer une médecine de guerre dans des situations d’urgence!
Mémoire et cerveau
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
Spécial Mémoire
Dans ce numéro de La Recherche, on se limite à étudier la mémoire dans la direction indiquée par le psychologue torontois Endel Tulving, reconnu en en ce moment comme l'un des grands maîtres dans ce domaine. Cela confère au numéro un très haut degré de cohérence qui en facilite la lecture. Culving est à l'origine de la distinction désormais universellement admise entre la « mémoire épisodique » portant sur des événements vécus et la « mémoire sémantique » portant sur des concepts, des connaissances abstraites. C'est la première mémoire que je mets en œuvre quand je m'efforce d'associer des mots à un événement passé, un voyage par exemple; je m'en remets à la seconde quand je m'efforce d'associer des mots automatiquement les uns aux autres, abstraction faite de tout événement vécu auquel ces mots pourraient se rapporter. Au cours de la décennie 1960, Tulving a constaté que les résultats obtenus grâce au premier exercice étaient beaucoup moins bons que ceux obtenus par le second exercice, ce qui l'a incité à faire l'hypothèse qu'il existe deux mémoires distinctes.
L'itinérance au Québec
La personne en situation d’itinérance est celle : […] qui n’a pas d’adresse fixe, de logement stable, sécuritaire et salubre, à très faible revenu, avec une accessibilité discriminatoire à son égard de la part des services, avec des problèmes de santé physique, de santé mentale, de toxicomanie, de violence familiale ou de désorganisation sociale et dépourvue de groupe d’appartenance stable. Cette définition met en évidence la complexité du phénomène et l’importance de l’aspect multifactoriel des éléments déclencheurs tels que la précarité résidentielle et financière, les ruptures sociales, l’accumulation de problèmes divers (santé mentale, santé physique, toxicomanie, etc.). L’itinérance n’est pas un phénomène dont les éléments forment un ensemble rigide et homogène et elle ne se limite pas exclusivement au passage à la rue.L’itinérance est un phénomène dynamique dont les processus d’exclusion, de marginalisation et de désaffiliation en constituent le coeur.
L’habitation comme vecteur de lien social
Evelyne Baillergeau et Paul Morin (2008). L’habitation comme vecteur de lien social, Québec, Collection Problèmes sociaux et intervention, PUQ, 301 p. Quel est le rôle de l’habitation dans la constitution d’un vivre ensemble entre les habitants d’un immeuble, d’un ensemble d’habitations ou même d’un quartier ? Quelles sont les répercussions des conditions de logement sur l’organisation de la vie quotidienne des individus et des familles et sur leurs modes d’inscription dans la société ? En s’intéressant à certaines populations socialement disqualifi ées, soit les personnes ayant des problèmes de santé mentale et les résidents en habitation à loyer modique, les auteurs étudient le logement non seulement comme l’un des déterminants de la santé et du bien-être, mais également comme un lieu d’intervention majeur dans le domaine des services sociaux. De la désinstitutionnalisation à l’intégration, des maisons de chambres aux HLM, ils décrivent et analysent des expériences ayant pour objectif le développement individuel et collectif des habitants et les comparent ensuite à d’autres réalisées au Canada, aux Pays-Bas et en Italie. Pour en savoir plus : http://www.puq.ca
Revue Développement social
On a longtemps sous-estimé l'importance du lien entre les problèmes environnementaux et la vie sociale. Nous savons tous pourtant que lorsque le ciel est assombri par le smog, on hésite à sortir de chez soi pour causer avec un voisin. Pour tous les collaborateurs de ce numéro consacré au développement durable, le côté vert du social et le côté social du vert vont de soi. La vue d'ensemble du Québec qui s'en dégage est enthousiasmante. Les Québécois semblent avoir compris qu'on peut redonner vie à la société en assainissant l'environnement et que les défits à relever pour assurer le développement durable sont des occasions à saisir pour resserrer le tissu social.
La réforme des tutelles: ombres et lumières.
En marge de la nouvelle loi française sur la protection des majeurs, qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. La France comptera un million de personnes " protégées " en 2010. Le dispositif actuel de protection juridique n'est plus adapté. Ce " livre blanc " est un plaidoyer pour une mise en œuvre urgente de sa réforme. Les enjeux sont clairs lutter contre les abus, placer la protection de la personne, non plus seulement son patrimoine, au cœur des préoccupations, associer les familles en les informant mieux, protéger tout en respectant la dignité et la liberté individuelle. Le but est pluriel. Tout d'abord, rendre compte des difficultés, des souffrances côtoyées, assumer les ombres, et faire la lumière sur la pratique judiciaire, familiale et sociale ; Ensuite, expliquer le régime juridique de la protection des majeurs, et décrire le fonctionnement, les bienfaits, et les insuffisances ; Enfin, poser les jalons d'une réforme annoncée comme inéluctable et imminente mais systématiquement renvoyée à plus tard. Les auteurs: Michel Bauer, directeur général de l'Udaf du Finistère, l'une des plus grandes associations tutélaires de France, anime des groupes de réflexion sur le sujet et œuvre avec le laboratoire spécialisé de la faculté de droit de Brest. II est l'auteur d'ouvrages sur les tutelles et les curatelles. Thierry Fossier est président de chambre à la cour d'appel de Douai et professeur à l'Université d'Auvergne, où il codirige un master et l'IEJ. II est fondateur de l'Association nationale des juges d'instance, qui regroupe la grande majorité des juges des tutelles. II est l'auteur de nombreuses publications en droit de la famille et en droit des tutelles. Laurence Pécaut-Rivolier, docteur en droit, est magistrate à la Cour de cassation. Juge des tutelles pendant seize ans elle préside l'Association nationale des juges d'instance depuis plusieurs années.
Puzzle, Journal d'une Alzheimer
Ce livre, paru aux Éditions Josette de Lyon en 2004, a fait l'objet d'une émission d'une heure à Radio-France le 21 février 2008. Il est cité dans le préambule du rapport de la COMMISSION NATIONALE CHARGÉE DE L’ÉLABORATION DE PROPOSITIONS POUR UN PLAN NATIONAL CONCERNANT LA MALADIE D’ALZHEIMER ET LES MALADIES APPARENTÉES. Ce rapport fut remis au Président de la République française le 8 novembre 2007. «Je crois savoir où partent mes pensées perdues : elles s’évadent dans mon coeur…. Au fur et à mesure que mon cerveau se vide, mon coeur doit se remplir car j’éprouve des sensations et des sentiments extrêmement forts… Je voudrais pouvoir vivre le présent sans être un fardeau pour les autres et que l’on continue à me traiter avec amour et respect, comme toute personne humaine qui a des émotions et des pensées,même lorsque je semble «ailleurs »1à.
Les inattendus (Stock)
Premier roman d'Eva Kristina Mindszenti, jeune artiste peintre née d’un père hongrois et d’une mère norvégienne, qui vit à Toulouse. Le cadre de l'oeuvre: un hôpital pour enfants, en Hongrie. «Là gisent les "inattendus", des enfants monstrueux, frappés de maladies neurologiques et de malformations héritées de Tchernobyl, que leurs parents ont abandonné. Ils gémissent, bavent, sourient, râlent, mordent parfois. Il y a des visages "toujours en souffrance" comme celui de Ferenc évoquant "le Christ à la descente de la croix". Tout est figé, tout semble mort. Pourtant, la vie palpite et la beauté s’est cachée aussi au tréfonds de ces corps suppliciés. » (Christian Authier, Eva Kristina Mindszenti : une voix inattendue, «L'Opinion indépendante», n° 2754, 12 janvier 2007)
En toute sécurité
Cet ouvrage est l'adaptation québécoise de Safe and secure, publié par les fondateurs du réseau PLAN (Planned Lifetime Advocacy Network) et diffusé au Québec par un groupe affilié à PLAN, Réseaux pour l'avenir. Il s'agit d'un guide pratique dont le but est d'aider à les familles à planifier l'avenir "en toute sécurité" des membres de leur famille aux prises avec un handicap.
"Il faut rester dans la parade ! " - Comment vieillir sans devenir vieux
Auteur : Catherine Bergman. Éditeur : Flammarion Québec, 2005. "Dominique Michel, Jacques Languirand, Jean Béliveau, Antonine Maillet, Jean Coutu, Gilles Vigneault, Hubert Reeves, ils sont une trentaine de personnalités qui, ayant dépassé l’âge de la retraite, sont restés actives et passionnées. Ils n’ont pas la prétention de donner des conseils ni de s’ériger en modèles, mais leur parcours exceptionnel donne à leur parole une valeur inestimable. Journaliste d’expérience, Catherine Bergman les interroge sur le plaisir qu’ils trouvent dans ce qu’ils font, leur militantisme et leur vision de la société ; sur leur corps, ses douleurs et la façon dont ils en prennent soin ; sur leur rapport aux autres générations, ce qu’ils ont encore à apprendre et l’héritage qu’ils souhaitent transmettre ; sur leur perception du temps et leur peur de la mort. Son livre est un petit bijou, une réflexion inspirante sur la vieillesse et l’art d’être vivant." (présentation de l'éditeur).
Le temps des rites. Handicaps et handicapés
Auteur : Jean-François Gomez. Édition : Presses de l'Université Laval, 2005, 192 p. "Il est temps aujourd’hui de modifier profondément notre regard sur les personnes handicapées et sur les « exclus » de toute catégorie, qu’ils soient ou non dans les institutions. Pour l’auteur du Temps des rites, l’occultation du symbolique, ou son déplacement en une société de « signes » qui perd peu à peu toutes formes de socialités repérable et transmissible produit des dégâts incalculables, que les travailleurs sociaux, plus que quiconque doivent intégrer dans leur réflexion. Il faudrait s’intéresser aux rituels et aux « rites de passage » qui accompagnaient jusque là les parcours de toute vie humaine, débusquer l’existence d’une culture qui s’exprime et s’insinue dans toutes les étapes de vie. On découvrira avec étonnement que ces modèles anciens qui ont de plus en plus de la peine à se frayer une voie dans les méandres d’une société technicienne sont d’une terrible efficacité."
Dépendances et protection (2006)
Textes des conférences du colloque tenu le 27 janvier 2006 à l'Île Charron. Formation permanente du Barreau du Québec. Volume 238. 2006
Document associé
Sur les vieillards
Dossier : Vieillesse
Dernière modification :
03 / 23 / 2006
Alphonse Karr

Extrait
Les vieillards sont des amis qui s’en vont, il faut au moins les reconduire poliment.

Texte
Les vieillards sont des amis qui s’en vont, il faut au moins les reconduire poliment.

C’est un très-bon signe en faveur d’un jeune homme quand les vieillards disent de lui qu’il est poli.

Nous devons honorer dans les vieillards au moins le point de ressemblance que leur donne leur âge avec nos parents.

Outre qu’il est utile de demander des avis aux vieillards, comme on demande sa route à un voyageur qui revient de l’endroit où l’on va, c’est un moyen de leur faire plaisir, comme quand on donne au voyageur une occasion de raconter ses pérégrinations.

Le vieillard aime à croire que sa débilité est un perfectionnement, que ses infirmités sont des vertus, et que la force de l’homme est dans sa décadence; mais il n’en est pas toujours assez sûr pour qu’on ne lui réjouisse pas beaucoup l’esprit en ayant l’air d’être de son avis à ce sujet. Un jeune homme a très-bonne grâce, dans ses entretiens avec un vieillard, à regarder sa sève exubérante comme une sorte de fièvre ou de gourme, — à montrer qu’il se croit au milieu d’un courant dangereux que le vieillard a traversé heureusement avant de se reposer sur l’autre rive.

Il faut rendre aux vieillards les mêmes soins qu’aux enfants, avec lesquels ils ont d’ailleurs beaucoup de points de ressemblance. Seulement, si vous aidez un vieillard à descendre un escalier ou à passer un ruisseau, il faut lui cacher la pitié, de façon qu’il ne prenne ce soin que pour une marque de respect. Si vous lui offrez votre bras dans un chemin malaisé, il faut qu’il puisse croire que c’est surtout pour l’écouter que vous réglez votre pas sur le sien, et que vous pensez que la vigueur qui abandonne ses jambes s’est réfugiée dans sa tête.

Laisser un vieillard heureux de sa vieillesse et fier de n’être plus jeune, est un des plaisirs les plus délicats que puisse se donner un bon cœur.

Donnez la mesure, dans vos rapports avec les vieillards, des égards que vous désirez rencontrer dans votre vieillesse, et établissez-y vos droits.

Ne pas honorer la vieillesse, c’est démolir le matin la maison où l’on doit coucher le soir.

Il ne faut pas attribuer à la vieillesse tous les défauts des vieillards :

Un vieillard qui radote est un radoteur, et a au moins été bavard dans sa jeunesse. L’on ne voit si rarement des vieillards aimables que parce qu’il est très-peu d’hommes qui le soient.

Il faut traiter les vieillards avec un mélange d’égards qui rappelle qu’il y a pour tout le monde dans le vieillard un peu de père, un peu de magistrat, et un peu d’enfant.

Il faut tromper les vieillards sur les approches de la mort, comme le fait la nature. Voyez un jeune homme et un vieillard planter des arbres : le jeune homme plante des arbres tout venus et déjà forts, et c’est déjà beaucoup qu’il les plante; il n’a pas le temps d’attendre. Le vieillard n’est pas pressé : il plante de très-jeunes arbres, et dit : “ Ça me fera un joli couvert dans vingt ans. ”

ALPHONSE LE SAGE, roi d’Aragon. — “ Entre tant de choses que les hommes recherchent, il n’y a rien de meilleur que d’avoir de vieux bois pour se chauffer, de vieux vin pour boire, avec de vieux amis ou de vieux livres; tout le reste n’est que babiole. ”

MONTAIGNE. — “ Il faut secourir et étayer la vieillesse. ”

CHAMFORT. — M.***, connu par son usage du monde, me disait : — Ce qui m’a le plus formé, c’est d’avoir su aimer des femmes de quarante ans, et écouter des hommes qui en avaient quatre-vingts. ”

FONTENELLE. — “ J’avais quatre-vingts ans. Je m’empressai de ramasser l’éventail qu’une femme jeune, belle et mal élevée avait laissé tomber. Elle me remercia d’un ton dédaigneux : — Ah ! madame, lui dis-je, vous prodiguez bien vos rigueurs. ”

Après avoir dit ce que l’on doit aux vieillards, il est peut-être permis de dire ce que les vieillards doivent à eux-mêmes et aux autres.

FLÉCHIER. — “ Il est un âge où, quand même on ne serait pas sage, il faudrait faire semblant de l’être. ”

JOUBERT. — “ Deux âges de la vie ne doivent pas avoir de sexe : l’enfant et le vieillard doivent être modestes comme des femmes. ”

Cette modestie, dont parle Joubert, doit être faite d’ignorance pour les uns et d’oubli pour les autres. Ce semblant, dont parle Fléchier, doit consister non à faire des grimaces hypocrites, mais à se renfermer dans la sagesse, comme on reste chez soi quand on est enrhumé.

La religion est à la fois le faible et le soutien des vieillards. Le bœuf fatigué du labour s’appuie sur son joug.

LA ROCHEFOUCAULD. “ Les vieillards aiment à donner de bons préceptes; pour se consoler de n’être plus en état de donner de mauvais exemples. ”

“ Les défauts de l’esprit augmentent, en vieillissant, comme ceux du visage. ”

“ La vieillesse est un tyran qui défend, sous peine de la vie, tous les plaisirs de la jeunesse. ”

“ Peu de gens savent être vieux. ”

Je le crois bien, ça n’est ni agréable, ni commode, surtout quand on ne réussit pas à se tromper soi-même, à se faire croire que ne plus digérer est de la sobriété, que ne plus pouvoir agir est le calme de la sagesse, que l’indifférence est de la vertu.


Sur nos derniers instants avant l’heure fatate,
La sagesse, versant ses lueurs, semble bien
Briller comme la lune au rayon froid et pâle,
Aux heures de la nuit où l’on ne fait plus rien.


Les vieillards ne doivent croire que l’appétit est une maladie, et la vigueur une faiblesse, que bien juste au point nécessaire pour se consoler eux-mêmes, mais pas assez pour témoigner du mépris à ceux qui ont de la vigueur et de l’appétit.

LA BRUYÈRE. — “ Une trop grande négligence comme une excessive parure dans les vieillards multiplient leurs rides et font mieux voir leur caducité. ”

JOUBERT. — “ Il y a dans les vêtements propres et frais une sorte de jeunesse dont les vieillards doivent s’entourer. ”

Le vieillard doit faire oublier qu’il a un corps. — La logique du langage appelle vieillards indifféremment les vieux hommes et les vieilles femmes. — Le vieillard sera plus heureux et plus considéré s’il se persuade bien qu’il est d’un troisième sexe.

Si les jeunes gens doivent songer qu’ils vieilliront, il est important que les vieillards n’oublient pas qu’ils ont été jeunes, et que ça n’était pas alors si facile d’éviter tout ce qu’ils appellent aujourd’hui des faiblesses et des vices.

Les vieillards ne doivent pas blâmer et décrier tous les plaisirs de la jeunesse comme un buveur qui casse son verre après avoir bu, ou comme le voyageur égoïste qui trouble l’eau de la source quand il n’a plus soif.

GOETHE. — “ C’est aux oiseaux et aux enfants qu’il faut demander si les cerises sont bonnes. ”

Ne disons pas aux jeunes gens, mais ne laissons pas oublier aux vieillards que la vieillesse n’est pas nécessairement la sagesse; que l’on n’est pas sage par cela seul qu’il y a longtemps qu’on est fou.

Apprenez à devenir vieux, et évitez de ressembler à ces fruits que le temps pourrit sans les mûrir.

Certains vieillards vantent continuellement le passé d’une façon désobligeante pour ceux qui vivent dans le présent. Ils nous donnent par là la preuve que, dans ce passé qu’ils louent, il y avait au moins des sots tout comme aujourd’hui.

Les vieillards, comme les femmes et les enfants, ne doivent pas abuser de leur faiblesse.

Le vieillard, pas plus que l’enfant, n’a le droit d’exiger que les autres s’amusent exclusivement de ses hochets.

MONTAIGNE. — “ Puisque c’est le privilège de l’esprit de se r’avoir de la vieillesse, ie luy conseille, autant que ie puis, de le faire : qu’il verdisse, qu’il fleurisse cependant, s’il peult, comme le guy sur un arbre mort. ”

Les jeunes gens doivent rendre leur jeunesse parfois peu bruyante et agréable à visiter aux vieillards, pour qu’ils y yiennent avec plaisir faire un tour de promenade.

Les vieillards doivent orner et égayer leur vieillesse de façon que les jeunes gens viennent volontiers s’y reposer quelques instants.

Un vieillard ne doit pas faire dire de lui senescit et se nescit il vieillit sans avoir appris à se connaître.

Il ne sied pas au vieillard d’affecter de la fougue : c’est surtout en descendant l’escalier qu’on doit tenir la main sur la rampe.

Si vous ne pouvez éviter les rides du visage, évitez les rides de l’esprit. Disons aux jeunes gens que les hommes, comme le vin, deviennent meilleurs en vieillissant. Mais disons aux vieillards : “ Prenez garde de devenir aigres. ”

Il faut reconduire poliment l’ami qui s’en va, — disions-nous aux jeunes gens en commençant ce chapitre — disons aux vieillards :

“ Un homme près de quitter son pays pour toujours ne doit pas passer les derniers instants de son séjour au milieu de ses amis à les gourmander, à les bouder, à les gronder sans cesse. ”

Pour un vieillard, qu’il ait appartenu à l’un ou à l’autre sexe, c’est un si grand malheur d’être amoureux, que je ne songe pas à remarquer que c’est un très-grand ridicule; car, en fait d’amour, un vieillard ne sent plus son cœur que par la douleur.

Les femmes vieillies, qui, dans leur jeunesse et leur beauté, n’ont eu affaire, dans la vie, qu’à des juges corrompus, doivent se défier de déclarer les juges injustes parce qu’elles n’ont plus de quoi les corrompre.

MADAME DE LAMBERT. — “ Quand on ne pare plus les bals et les assemblées, il faut les abandonner. ”

“ Sophocle, à qui on demandait si, dans sa vieillesse, il regrettait les enivrements de l’amour, répondit : “ L’amour ? je m’en suis délivré de bon cœur comme d’un maître sauvage et furieux. ”

LA FONTAINE.— “ Fit-il pas mieux que de se plaindre ? ”

Il faut attendre que les hommes, que les femmes surtout, se soient eux-mêmes déclarés vieux, et qu’ils aient franchement arboré l’enseigne des vieux avant de les traiter comme tels. J’ai vu deux femmes devenir ennemies mortelles parce que la plus jeune des deux affectait à l’égard de l’autre une grande humilité, une déférence continuelle et un respect profond, pour faire ressortir les trois ou quatre ans de différence qu’il y avait entre leurs deux âges.

Quand une femme est-elle vieille ?

Une duchesse de la cour de Louis XV, qui n’était plus jeune, avait épousé un magistrat qui l’était encore. Cette union avait eu des suites plus que fâcheuses. Une amie de madame de *** saisit cette occasion de lui dire impunément des injures, et insista sur l’imprudence qu’elle avait commise en épousant un homme plus jeune qu’elle. “ Madame, dit la duchesse, apprenez qu’une femme de la cour n’est jamais vieille, et qu’un homme de robe est toujours vieux. ”

Madame Denis venait de jouer Zaïre chez M. de Voltaire. — Un homme lui adresse quelques compliments.

— Pour bien rendre ce rôle, dit madame Denis, il faudrait être jeune et belle.

— Ah ! madame, vous êtes bien la preuve du contraire

______________


Lorsque nous étions enfants, mon cher frère et moi, — nous avions, dans la maison que nous habitions, trois camarades, dont deux étaient à peu près de notre âge et le troisième beaucoup plus jeune. — On nous avait menés quelquefois au Cirque-Olympique, et ce spectacle nous avait inspiré facilement beaucoup le goût du théâtre, un peu celui des batailles. De là à vouloir jouer la comédie nous-mêmes, il n’y avait pas un pas. — Ainsi, le dimanche, pendant que nos mères prenaient le thé au salon, souvent seules, parfois avec quelques amis, — nous nous donnions quelques représentations dramatiques. — Dès le matin ; nous avions construit des sabres avec des lattes : la poignée était recouverte de papier d’or et la lame de papier d’argent ou enduite de mine de plomb. — C’était tout ce que nous préparions d’avance de notre drame ; pour le reste, nous comptions sur l’inspiration. Généralement, avec les chaises et les rideaux que nous décrochions des fenêtres d’une grande salle qu’on nous abandonnait, nous faisions les décors. — Le théâtre représentait volontiers une caverne de brigands ; — nous nous divisions en brigands et en voyageurs, et on imaginait les péripéties dans les coulisses. — Léon Gatayes et moi, qui étions les aînés, nous obtenions facilement les premiers rôles; — nos deux frères, plus jeunes d’un an, acceptaient les autres, et représentaient ou la troupe de brigands, ou la maréchaussée. — Le fond du drame était toujours un prétexte pour amener des combats au sabre. — Nous avions étudié avec assez de succès le fameux combat des quatre coups, si usité alors aux théâtres du boulevard ; nous l’avions presque toujours répété dans la journée. — Le reste du drame, comme je vous l’ai dit, s’improvisait; cette improvisation amenait quelquefois des difficultés. — Ainsi, fréquemment, au milieu d’un grand combat au sabre, il s’élevait, entre Gatayes et moi, une discussion à voix basse.

LE VOYAGEUR, haut. — Ah ! scélérat ! tu attaques un voyageur sans défense; mais je vendrai cher ma vie. (Bas.) Tombe donc !

LE BRIGAND, bas. — Non, tombe plutôt toi-même. (Haut.) Eh bien ! au plus fort et au plus brave; ta bourse et tes trésors. (Bas.) Tombe ! tu verras ce que je dirai quand tu tomberas; ça sera superbe.

LE VOYAGEUR, bas. — Ma foi non ! c’est toujours moi qui suis tué. (Haut.) Je veux purger ces forêts d’un monstre tel que toi.

Et, pendant ce double dialogue, le combat au sabre continuait avec acharnement et régularité.

Là n’était pas le plus grand inconvénient. — Ce cinquième garçon, qui était plus jeune que nous, avait un rôle invariable : — il était le public, il était l’assemblée. — Jouer la comédie sans spectateurs n’était pas possible, — cela lui aurait enlevé tout son charme. Or, notre public s’était assez vite blasé sur nos représentations. — Il vint un moment où il n’en voulut plus entendre parler. Nous étions obligés d’avoir recours à toutes les ruses d’affiches imaginables pour obtenir qu’il voulût bien honorer de sa présence la représentation du soir. D’abord il s’était contenté de promesses vagues, — telles que : “ Tu verras, ce sera très-beau ce soir; il y aura quelque chose à quoi tu ne t’attends pas. ”

Mais il ne tarda pas à devenir plus exigeant ; — il fallut préciser davantage nos promesses : — “ Il y aura un grand combat.

— Ah bah ! disait le public, il y en a toujours des combats.

— Oui, mais cette fois les sabres seront d’or et d’argent. ”

Une autre fois, nous lui promettions un décor nouveau, — ou un transparent sur lequel serait écrit : “ Caverne de la Mort. ” Bientôt il fallut passer à l’amorce indirecte. — Il ne voulait plus assister à nos spectacles pour les spectacles eux-mêmes. — Il fallait lui promettre des billes ou une toupie. — Plus tard, le public se montrant de plus en plus récalcitrant; nous fîmes entrer la menace dans nos moyens de l’appeler. — “ Si tu ne viens pas, tu verras. — Quand tu voudras jouer avec nous, nous t’enverrons jouer tout seul. — Viens nous demander à jouer à la balle, tu verras comme tu seras reçu ! ”

Puis, le public devenant encore plus difficile, nous arrivâmes au même degré que Néron, qui plaçait cinq mille soldats dans le cirque pour garder le public et chauffer l’enthousiasme. —Nous menaçâmes notre public de lui casser son cerceau, et une fois ou deux même, j’en suis encore honteux aujourd’hui, nous essayâmes de l’intimider par la promesse de quelques taloches, s’il n’assistait pas à la représentation du soir.

— Il n’est pas étonnant que ce public, malgré lui, profitât de tous les moyens pour échapper à notre tyrannie. — Dans les entr’actes; il se glissait au salon, s’asseyait sur un tabouret aux pieds de sa mère, et attrapait quelques gâteaux et quelques morceaux de sucre. — Il fallait, le plus souvent; aller le chercher, et trouver de nouveaux arguments pour le décider à venir voir l’acte suivant.

Il arriva même, un jour qu’il s’était enfui pendant un magnifique combat au sabre, que l’incertitude de la victoire prolongeait peut-être un peu trop, que nous allâmes le reprendre et l’enlever de force au salon, malgré les cris désespérés qu’il jetait en se cramponnant aux jupes de sa mère. Les parents intervinrent; notre public, sous leur protection, refusa formellement de rentrer dans la salle, et les représentations furent suspendues.

Je n’empêche personne de prendre ceci pour un apologue et de l’appliquer à la politique.



Alphonse Karr, Une poignée de vérités. Mélanges philosophiques, Paris, Eugène Didier, Éditeur, 1858.
Le texte intégral de l'ouvrage est disponible sur le site Les Classiques des sciences sociales.
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Les cheveux gris de l’indifférence
Auteur: Stéphane Stapinsky
vieillissement, vulnérabilité, indifférence, individualisme, égoisme, hébergement
Extrait: J’ai, dans mon entourage, une personne âgée qui a toutes ses facultés mais a perdu une partie de son autonomie physique. Cet article, qui s’appuie sur mon expérience, est, je le dis d’emblée, partiel et partial.
Les médica-menteurs
Formation continue, Compagnies pharmaceutiques, Revue Prescrire
Extrait: Les experts qui rédigent des recommandations concernant des médicaments ordonnancés brevetés sont en majorité des leaders d’opinion sponsorisés.
Les VIEUX de la tribu
Auteur: Lucie Dumoulin et Paule Lebrun
vieillissement, sagesse, dignité, respect, mort, fin de vie, intergénération, génération
Extrait: Vous voulez repenser radicalement le vieillissement ? Réhabilitez la fonction de sagesse dans nos sociétés et sortez la mort des oubliettes.
Pas de dignité sans autorité pour le vieillard
Auteur: Jacques Dufresne
Lumière, flamme, maturité, mort,
Extrait: Ce texte, tiré d'un série de chroniques intitulée Journal d'un marcheur, a été lègement retouché par l'auteur après après avoir été publié une première fois dans le numéro 16 de la revue Critère, ayant pour thème L'âge et la vie.
Un minou robot pour mamie
Extrait: Ici Radio-Canada. Nous sommes à une heure de grande écoute du matin. Une jeune femme dynamique a pour mission de réveiller les auditeurs en leur communiquant son enthousiasme pour les derniers gadgets.
Vie de ma grand-mère maternelle et de sa soeur, à Plancouët
Auteur: François-René de Chateaubriand
grand-mère, grand-parent, vieillissement, mort, liaison humaine, nostalgie
Extrait: En ce temps-là, la vieillesse était une dignité; aujourd'hui elle est une charge.
Vieillir sans fléchir
Auteur: Hélène Laberge
Sagesse, médecine, maturité, équilibre, organes
Extrait: Dans notre récent dossier sur la culture médicale nous avons accordé une large place au docteur Nortin M. Hadler qui s'appuie sur la médecine factuelle pour prévenir le plus grand mal qui menace la vieillesse: la médicalisation.
L'autiste show de Blainville
L'autiste show
Difficile de passer sous silence cette joyeuse initiative: les Autiste Show, qui ont lieu dans diverses régions du Québec, entre autres, Ville Lorraine et Repentigny, au printemps. Nous présentons celui qui a eu lieu le 22 mai 2010 au manège du Parc équestre de Blainville, à l'initiative de la ,
Régime enregristré d'épargne invalidité
Assouplissement de l'admissibilité au REEI
Pour être admis au REEI, il faut déjà être admis au régime de crédit d'impôt, ce qui suppose qu'on ait de l'argent dans un compte en banque. Jusqu'à ce jour, il n'était pas possible d'en appeler de cette règle. La procédure ayant récemment été simplifiée, les plus pauvres auront plus facilement droit au REEI.
Ce 3 décembre 2010, Journée Internationale des personnes handicapées
Vivre, peindre et écrire avec le syndrome de Down
La video est en anglais, mais comme d'une part le son n'y est pas très clair et comme d'autre part le langage de la personne en cause est la peinture, vous ne perdrez rien si vous vous limitez à regarder attentivement les visages et les tableaux. Elisabeth Etmanski, née il y a trente-deux ans avec le syndrome de Down, mène une vie autonome depuis longtemps. Ne soyez pas étonnés, si jamais vous la rencontrez, qu'elle vous salue en écrivant ou en disant un poème à votre sujet. Votre sensibilité est peut-être reléguée à l'arrière plan de votre être, la sienne imprègne tout sa personne y compris la surface. Vous comprendrez à son contact comment le réenchantement du monde peut s'opérer. Quelles sont ses aspirations en tant que peintre? On lui pose la question à la fin de la video. Sa réponse est à l'image de sa personne, naïve: «Je veux être la prochaine Emily Carr.»

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