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Questions vives
Réchauffement climatique et refroidissement linguistique
Le français, langue de l'environnement? Rien n'est moins sûr. Pour l'heure, il n'a toujours pas droit de cité au sein des instances onusiennes travaillant sur le réchauffement climatique, qui viennent de déposer le 2 février 2007 un important rapport d'un groupe d'experts international sur l'évolution du climat, en anglais exclusivement, au coeur même de la capitale française où siège la Francophonie.

Document associé
Maïs biochar au Sénégal

Centre de développement du Biochar au Sénégal
Présentation
Fertilisation du sol et séquestration de carbone par ajout de biochar, application au maïs au Sénégal dans la Région de Saint-Louis



Extrait

Pro-Natura a décidé de promouvoir l’utilisation de son charbon vert comme biochar et a lancé en 2008 un projet pilote sur son site principal de production de charbon vert à Ross Bethio, Sénégal. Pro-Natura procure aux cultivateurs participant au projet le biochar produit localement, ainsi que des sessions de formation et des avantages financiers destinés à faciliter l’adoption de pratiques agricoles durables basées sur l’utilisation de biochar et de fertilisants biologiques.


Texte

1. Application du charbon vert à l’augmentation de la productivité agricole

La fertilisation du sol par le charbon de bois est une pratique ancestrale initiée il y a plus de 7 000 ans par les Indiens pré-Colombiens des régions amazoniennes. D'après les études les plus récentes, les enrichissements que ces derniers appliquèrent sur leurs champs consistaient principalement en un mélange varié de matières carbonées (comme le charbon de bois, appelé biochar ou agrichar dans ce contexte) et de déchets organiques, qui ont mené à la formation d'une terre très particulière de couleur sombre et d'une remarquable fertilité, la "Terra Preta".
Les propriétés de ces sols ont été conservées jusqu'à nos jours, et découvertes récemment par la communauté scientifique qui accorde désormais au biochar un intérêt croissant [Voir les références 1, 2 pour des articles parus dans la revue « Nature »]. De récentes recherches ont ainsi montré que la grande fertilité de la Terra Preta résulte principalement de la présence de nombreuses particules carbonées qui agissent comme un "nid" facilitant la fixation d'eau et de nutriments et le développement d'une riche population de microorganismes, eux-mêmes responsables d'une meilleure croissance et résistance des plantes. Cela explique également pourquoi la fertilité optimale est en fait obtenue en combinant un enrichissement par du biochar (d’une granularité inférieure à 2 mm et appliqué à un taux de 1 à 5 kg/m2 de sol environ) avec une fertilisation complémentaire traditionnelle (compost, fumier...) apportant les micro-éléments essentiels qui s'y logeront. Si la durée exacte de la rétention du carbone par la Terra Preta reste toujours entourée de mystère, les sols retrouvés prouvent que cette longévité peut facilement atteindre plusieurs milliers d'années, ce qui permet de les considérer comme de véritables "puits de carbone" capables d'apporter une solution efficace, propre et durable aux problèmes de changements climatiques en absorbant et en stockant sous forme de carbone l'excès de CO2 de l'atmosphère.

Face à ce constat et aux nombreux résultats très positifs d’expérimentations réalisés au cours des dernières années avec du biochar à travers le monde montrant des augmentations de productivité d’environ 200 à 300%, Pro-Natura a décidé de promouvoir l’utilisation de son charbon vert comme biochar et a lancé en 2008 un projet pilote sur son site principal de production de charbon vert à Ross Bethio, Sénégal. Pro-Natura procure aux cultivateurs participant au projet le biochar produit localement, ainsi que des sessions de formation et des avantages financiers destinés à faciliter l’adoption de pratiques agricoles durables basées sur l’utilisation de biochar et de fertilisants biologiques.
Outre leurs bénéfices directs pour les cultivateurs, ces opérations contribuent également à la recherche scientifique puisqu’elles sont supervisées par des spécialistes du sol reconnus dans la communauté scientifique travaillant sur le biochar, comme le Dr. Bruno Glaser de l’Université de Bayreuth (Allemagne).
Parallèlement à ses activités de terrain, Pro-Natura fait également la promotion du biochar sur la scène internationale des grandes négociations sur les changements climatiques et la pauvreté rurale, et a présenté à ce titre sa technologie et ses projets lors de la 2nde Conférence Internationale sur le Biochar qui s’est tenue à Newcastle en septembre 2008.
Les réductions d’émissions de GES induites par l’utilisation de charbon vert comme combustible domestique ont déjà été évaluées et validées comme crédits carbone commercialisables sur les marchés volontaires du carbone.
Pro-Natura souhaite désormais faire également valider les crédits de carbone liés à la séquestration de carbone par l’ajout de biochar dans le sol. Un calcul préliminaire a montré que chaque tonne de charbon vert ajoutée dans le sol pouvait, sous des hypothèses conservatrices, séquestrer au moins 3 tCO2e (soit 30 tCO2e par hectare pour un amendement biochar standard de 1 kg de biochar par m2). La vente de ces crédits carbone constituerait une source complémentaire de revenus permettant de reproduire cette approche dans d’autres régions marquées par la pauvreté rurale et dangereusement menacées par les changements climatiques.
Grâce à cette stratégie, il devient possible de rendre le bilan carbone globalement négatif (en retirant davantage de CO2 de l’atmosphère qu’il n’en est émis) tout en luttant efficacement contre la pauvreté et la crise alimentaire par l'augmentation durable et à moindre coût de la productivité des terres et la réduction de la dépendance aux engrais chimiques chers et polluants.
(1] Putting the carbon back: Black is the new green, Nature 442, 624-626, 2006
(2] A Handful of Carbon, J. Lehmann, Nature 447, 2007

2. Potentiel en matière de lutte contre les changements climatiques
Le réacteur fonctionne sans émissions de GES autre que le CO2 recyclé dans le processus de régénération de la biomasse renouvelable. Le charbon vert présente les avantages suivants :
Evite la pression sur les forêts par la substitution d’autres biomasses renouvelables à la place du bois. Cette déforestation évitée représente une séquestration de carbone additionnelle par rapport au scénario de référence ;
Evite la combustion en plein air de résidus agricoles traditionnellement pratiquée, ce qui permet de réduire les émissions de CO2, NH4 et N2O ;
Elimine les émissions de CH4 dues à la production traditionnelle de charbon de bois. Cette technologie améliore considérablement l’efficacité de la carbonisation (30-45%) par rapport aux méthodes traditionnelles (10-15%).

L’estimation des réductions d’émissions est basée sur les hypothèses suivantes :
Chaque tonne de charbon de bois évitée correspond à une déforestation évitée de 5,5 tonnes de bois sec. Ce chiffre conservateur a été choisi par les Fonds Carbone de la Banque Mondiale ;
Chaque tonne de charbon de bois évitée permet d’éviter une émission de CH4 équivalente à 3,5 tCO2. Cette valeur est une moyenne entre les émissions issues des techniques de carbonisation traditionnelles les moins sophistiquées dans les régions sahéliennes (qui sont courantes dans le scénario de référence) et la valeur utilisée par le projet Plantar, où des fours sophistiqués sont utilisés ;
Chaque tonne de biomasse renouvelable utilisée pour alimenter le pyrolyseur évite une émission de GES équivalente à 0,06 kg de CO2 qui résulterait de la combustion en plein air de cette biomasse.
Pro-Natura a évalué les réductions d’émissions (ERs) de ses projets de charbon vert, en se basant sur des hypothèses conservatrices et en justifiant chaque étape, comme l’exige la Convention-Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) pour les projets candidats à la certification suivant le Mécanisme de Développement Propre (MDP). Ce calcul a donné un résultat de 11,6 tonnes de CO2-équivalent par tonne de charbon vert produite par une machine Pyro-7.
Cependant, il n’existe à ce jour aucune méthodologie MDP approuvée par la CCNUCC pour ce type de projets, et nous vendons donc actuellement ces crédits carbone sur le marché volontaire (VERs).
Pro-Natura développe une nouvelle méthodologie qui sera prochainement proposée à la CCNUCC et qui rendrait les projets charbon vert éligibles à la certification MDP. Les crédits de carbone générés seraient ainsi commercialisables sur le marché réglementé du carbone (CERs).

3. Résultat des essais maïs financés par la Société Générale






Légende : C = compost ; E = engrais NPK & urée ; B1 = biochar 1 kg/M2 ; B2 = biochar 2 kg/M2 



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Agriculture
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