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Humanisme |
Définition | Aperçus | Documents associés |
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Définition |
Voir aussi le dossier Humanisme de notre encyclopédie générale.
Le mot humanisme occupe une grande place dans le discours de la francophonie sur elle-même et l'éventail des sens qu'on lui donne est large. Au terme de notre survol, les deux conceptions qui nous semblent le mieux résumer l'opinion dominante sont celles du Libanais Antoine Courban et du Français Michel Guillou.
En raison des deux guerres mondiales dont l'Europe a été le théâtre principal, il n'est plus permis d'entretenir des illusions sur les rapports entre le Bien et la culture (humaniste?) de ce continent, culture dont Berlin était le haut lieu en 1930. Ce fait, parmi d'autres, nous oblige à soumettre la notion d'humanisme à une critique radicale. C'est à ce prix seulement que ce mot et l'idéal qui s'y incarne pourront inciter à une action féconde et durable. Cette critique a été faite. Nous en développons un aspect touchant la francophonie dans un document associé intitulé: Un humanisme à définir, en prenant comme point de départ la notion d'humanisme intégral qui est au coeur de la définition de la francophononie la plus souvent citée de Léopold Senghor.
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Antoine Courban
Les écrits d'Antoine Courban sur l'humanisme et la francophonie, que l'on peut trouver en accès libre sur divers sites Internet, dont Vigile et Vox Latina, sont d'autant plus intéressants qu'ils sont l'oeuvre d'un Libanais durement touché par le malheur qui frappe son pays. Il voit dans l'humanisme, étroitement lié à ses yeux à l'idéal de la cité antique, une inspiration qui pourrait aider son pays à échapper à l'implosion identitaire dont il est menacé. On trouvera dans le dossier Liban de cette encyclopédie quelques articles récents d'Antoine Courban sur la situation actuelle dans cette partie du Moyen-Orient. L'humanisme de cet homme paraîtra suranné à certains lecteurs, en raison du naturel, de la fraîcheur, de l'enthousiasme même avec lesquels il est proposé comme source d'inspiration pour le Liban et pour l'ensemble de la francophonie. Mais peut-être est-ce là l'une des caractéristiques de ce pays qui a adopté la langue et la culture françaises sans y être contraint, en tant qu'instruments pour sa libération et son épanouissement, l'idéal le plus naïf à première vue s'accompagne d'une lucidité sur la condition humaine que seule peut donner une douloureuse histoire de deux mille ans: « Faut-il rappeler, écrit Antoine Courban, que l’humanisme et l’objectivité scientifique étaient les jouets favoris du marxisme-léninisme et que c’est en leur nom que les plus graves atteintes à la personne humaine ont été perpétrées? » Ce n'est donc pas sous le coup de l'illusion qu'il explicite ensuite sa conception de l'humanisme:
«L’humanisme est une vision, un programme, un projet toujours inachevé. C’est un chantier permanent en perpétuel devenir, une aspiration centrée sur la personne humaine dans toute sa singulière plénitude et son irréductible subjectivité. Cette contradiction apparente permet d’entretenir une nécessaire tension créatrice, donc un élan de vie, au sein de la cité des hommes. Historiquement, ce mouvement est apparu, en Occident du moins, en réaction à la scolastique médiévale. Il n’exprime curieusement pas une philosophie bien précise. Ce n’est pas un système, ce serait plutôt un idéal toujours poursuivi, jamais atteint, ce qui le situe aux antipodes du discours idéologique contemporain sur la fin supposée ou réelle de l’Histoire.
Ce projet est tout entier résumé dans le titre que donne Pic de la Mirandole à son célèbre discours de 1486 : " De Dignitate Hominis ". Cette expression si moderne montre bien la permanence de ce projet et indique clairement qu’il s’agit d’un modèle de perfection humaine que cherche à concrétiser l’action d’individus qui se réclament de ce mouvement comme Érasme, Melanchton, Montaigne, Budé, et tous les autres. Ce modèle humain n’est pas le fruit d’une intuition solitaire car c’est une immense construction culturelle, progressivement mise en place tout au long de l’histoire de la culture gréco-latine mais également celle du monothéisme. Il est vrai que, souvent, on confond " humanisme " et amour des belles lettres. Mais il n’y a pas que cela.
Dans son discours sur la dignité de l’homme, Pic de la Mirandole va au-delà de l’héritage gréco-latin puisqu’il écrit : " J’ai lu dans les livres des Arabes, qu’on ne peut rien voir de plus admirable dans le monde que l’Homme ".
Cet éloge démesuré de l’homme et de ses capacités a quelque chose d’excessif voire d’orgueilleux. De plus, il ouvre la voie à toutes les idéologies fondées sur l’optimisme historique et la foi aveugle dans l’idée de Progrès. » Texte complet: Vox Latina.
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Michel Guillou
Michel Guillou a été pendant plusieurs années Recteur de l'AUF. Même si l'oeuvre qu'il y a accomplie n'a pas été appréciée également de tous, on reconnaît toujours en lui un homme qui a fait sienne la cause de la Francophonie et qui la défend avec une grande efficacité. Il le fait désormais dans le cadre de l'IFRAMOND(Institut pour l'étude la Francophonie et de la Mondialisation) qu'il a fondé en 2002 à l'Université Lyon 3, avec le soutien de Raymond Barre. Grâce à lui, la Francophonie est désormais au programme des universités. Dans le même esprit, une chaire Francophonie et Mondialisation a récemment été instituée à l'Université du Québec à Montréal et confiée à Mme Louise Beaudoin, ancienne ministre des Relations internationales du Québec.
« La Francophonie, écrit Michel Guillou, promeut des valeurs de liberté, d’humanisme, de droits de l’homme, de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, de démocratie, d’égalité, de dignité des hommes et des femmes, des cultures en dialogue, dans la solidarité communautaire pour le développement.
Elle veut, dans la mondialisation, montrer à l’humanité une autre voie, hors du "tout ayatollah" (de toutes religions !...), du "tout coca-cola", comme du "tout colonial". Une voie plus conforme à l’humanisme que le "choc des civilisations", que trop de gens en Amérique, en Orient… présentent comme inévitable, voire souhaitable. »7
Michel Guillou est l'un de ces Français qui, sans nier les aspects négatifs de la colonisation, ose souligner ses aspects positifs et se plaît à présenter la Francophonie comme l'héritière de l'aspect positif.
« L'humanisme colonial, marqua lui aussi cette période où l'Empire connut une gloire dont l'apogée se situa en 1931 avec l'Exposition Coloniale. A côté des écrivains qui dénoncèrent l'exploitation et le mépris des indigènes et de leurs cultures dont Victor Segalen, Gide et Céline, qui dénoncèrent légitimement nos excès, d'autres Français fondèrent un humanisme colonial. Hubert Lyautey, Albert Sarraut, et surtout Robert Delavignette, déjà cité, virent dans l'association, le dialogue, la solidarité et la fraternité, une possibilité de ressourcement et d'exemplarité pour la France.»
Michel Guillou est aussi d'avis qu'il faut substituer l'humanisme aux intégrismes dans la lutte contre le terrorisme.
« La mobilisation contre le terrorisme ne peut qu'être sans faille. Mais l'affirmation de la force technologique et les ripostes quelle que soit leur légitimité ne peuvent à elles seules résoudre les affrontements qui prennent corps. Le croire serait une faute lourde de conséquences. Il faut parallèlement relancer le dialogue, refaire de la solidarité une obligation, substituer l'humanisme aux intégrismes. »
Source:
Les propos de Michel Guillou sont aussi ceux d'Albert Salon et de Serge Arnaud. Ce sont les trois auteurs du livre que nous citons: Les défis de la francophonie.
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Aperçus divers |
La langue arabe et la langue française | Conférence de M. Antoine Courban au Colloque de l'Académie internationale de Géopolitique de Paris. La langue arabe et la langue française sont toutes les deux de grandes langues de civilisation. Ces dernières ne sont pas très nombreuses. L'anglo-américain ne fait pas encore partie de cette famille, malgré son efficacité, son pragmatisme, et sa globalité.
C'est en toute légitimité que ces deux cultures ont le devoir de parler au monde et de le faire au nom de l'Homme.
La culture arabe est au coeur de l'Islam et de l'Orient. La culture française est au coeur de l'Occident ; c'est elle qui a su, avec le plus de bonheur, construire les concepts et l'ossature intellectuelle de l'Occident européen.
| Humanisme | Courban, Antoine, professeur à la faculté de médecine de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth, texte de la conférence donnée à la Corderie Royale de Rochefort, France, le 29 août 2002.
Face au formidable défi de la globalisation, "l'humanisme n'est pas l'apanage des francophones ni l'esprit universel une exclusivité de la francophonie. Néanmoins, estime le Pr Antoine Courban, de Beyrouth, la culture française forme un tout cohérent dont les choix éthiques illustrent, avec une particulière pertinence, cet amour de la diversité et du partage au sein de l'universel. "
| L'école française selon Sainte-Beuve | M. Sainte-Beuve, Œuvres de M. de Fontanes, recueillies pour la première fois d'après les -manuscrits originaux, Paris, Hachette, 1859, t. I. Passage cité par Marc Fumaroli. Le jugement de Sainte-Beuve sur Louis de Fontanes journaliste littéraire dans ces années 1794-1797 est un chef-d'œuvre de finesse :
« Fontanes, comme Racine, comme beaucoup d'écrivains d'un talent doux, affectueux, tendre, avait tout à côté l'épigramme facile, acérée. Chez lui la goutte de miel lent et pur était gardée d'un aiguillon très vigilant. S'il ne -montrait d'ordinaire que de la sensibilité dans le talent, il portait de la passion dans le goût. Il était, ai-je dit, de l'école française en tout point : et, en effet, tout ce qui, à quelque degré tenait au germanisme, à l'anglomanie, à l'idéologie, à l'économisme, au jansénisme, tout ce qui sentait l'outré, l'obscur, l'emphatique, se liait dans son esprit par une association rapide et invincible ; il voyait de très loin et très vite : son imagination faisait le reste. En somme, toutes les antipathies qu'on se figure que Voltaire aurait eues et nous les représente, et non par routine ni par tradition, mais bien vives, bien senties, bien originales aussi ; il était né tel. De la famille de Racine par le cœur et les vers, il touchait à Voltaire par l'esprit et par le ton courant. Très aisément son tact fin tressaillait offensé, irrité : son accent se faisait moqueur ; et, en même temps, sa veine de poëte sensible, et son imagi-nation plutôt riante, n'en souffraient pas. Qu'on approuve ou non, il faut convenir que tout cela constitue en M. de Fontanes un ensemble bien varié et qui se tient, une nature, un homme enfin. »
| Francophonie, définitions de Léopold Senghor | Pour la première citation: Senghor, Léopold Sédar, «Le Français, langue de culture», Revue Esprit, Titre «Le Français langue vivante», Novembre 1962. On peut considérer ce numéro comme l'événement intellectuel fondateur de la francophonie. Le texte complet est accessible sur le site de la revue.
Pour la seconde citation: Traisnel, Christophe, Le français en partage, Timée-Éditions Zestory.
«La Francophonie, c'est cet Humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre : cette symbiose des " énergies dormantes " de tous les continents, de toutes les races, qui se réveillent à leur chaleur complémentaire.»
« La francophonie est une culture qui, dépassant la langue seule, se conçoit comme le moyen de faire participer les peuples qui en font partie à la civilisation de l'universel, seule détentrice d'un certain nombre de valeurs. »
| Fraternité | Archives de Radio-Canada Dans cet entretien qui eut lieu en 1976, Ionesco, qui n'a guère d'illusions sur les sociétés, évoque la fraternité dans la tragédie de l'insignifiant, Il rappelle à ceux qui n'ont pas vécu de tels événements à quel point le nazisme et le fascisme, ces épidémies collectives qu'on appelle idéologies, pouvaient être séduisants entre 1925 et 1945, époque où l'humanisme était une chose dont on rigolait. À ce propos, Ionesco ne craint pas d'établir un lien entre la pensée nazie et l'anti-humanisme de Sartre dans l'Être et le Néant. À la fin de l'entretien, il formule un souhait qui prend tout son sens aujourd'hui: respecter la différence, reconnaître la valeur personnelle de chacun..
| Abebe Bikila, premier africain médaillé d'or aux J.O. | Christian Laborde, article paru dans Le Figaro et reproduit sur le site de l'auteur. «Pendant que, pieds nus, Abebe Bikila court, le soleil se couche sur Rome, léchant la nuque des dieux invisibles, le pare-brise des FIAT garées à l'écart de l'itinéraire. Bikila court, et cet inconnu, je l'ai vu courir bien avant que les torches brandies par des policiers disposés tous les vingt-cinq mètres le long de la via Appia ne s'allument. Je l'ai vu courir dans Hosties noires, dans tous les poèmes de Léopold Sédar Senghor [...] Je l'ai vu courir dans Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire. Je le connais, Bikila. Il fait partie de ces hommes qui « n' ont inventé ni la poudre ni la boussole », de ces hommes « insoucieux de dompter, mais jouant le jeu du monde », ces hommes « poreux à tous les souffles du monde ». Bikila court. Le monde, il ne le veut pas à ses pieds mais sous ses pieds.»
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| Un humanisme à définir | Jacques Dufresne | Maritain (Jacques), humanisme intégral, Dieu, inspiration, dialogue des cultures, Weil (Simone), Illich (Ivan) | |
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