|
|
|
Langues régionales et intérêt général |
|
|
Christian Authier |
Journaliste de L'Opinion indépendante, hebdomadaire toulousain. |
|
|
|
|
|
Texte |
La défense des cultures et des langues régionales est un combat légitime. La richesse et la diversité culturelles doivent être préservées mais le discours régionaliste ne doit pas miner les principes républicains qui sont porteurs de l’intérêt général et de la communauté de destin. Dans une Europe et dans un monde en proie aux replis identitaires et aux crispations ethniques, il convient de ne pas sacrifier la République et la Nation. La langue française est l’élément essentiel, le ciment premier de notre État-Nation. L’ordonnance de Villers-Cotterêts en 1536, qui bannit le latin de l’usage juridique et assure la domination du français, fut un instrument de centralisation et d’édification de l’État, d’unité de la Nation.Après avoir été la langue du roi, le français devient en 1789 la langue de la Révolution et de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la langue de la République qui donne naissance à l’idée de patrie autour des idéaux démocratiques et républicains. La Révolution puis la République laïque de Jules Ferry vont combattre les langues régionales. Au nom de l’universalité de la langue française. “Chez un peuple libre, la langue doit être une et même pour tous” déclare Barère le 27 janvier 1794. “Pour extirper tous les préjugés, développer toutes les vérités, tous les talents, toutes les vertus, fondre tous les citoyens dans la masse nationale, (…) il faut identité de langage” lui répond en écho l’Abbé Grégoire. Cette conception, malgré ses excès, son autoritarisme et sa violence, aura ses bienfaits. À l'extérieur, le français deviendra une langue internationale (la langue de la diplomatie) et effectivement universelle.À l'intérieur, l’éducation laïque et obligatoire enracinera à travers le français les principes républicains. C’est donc d’une certaine conception de la civilisation que la langue française est dépositaire.
(...) Bien au-delà des simples revendications linguistiques, c’est un enjeu de civilisation qui est en question. L’Europe en haut, les régions en bas : où est passée la souveraineté nationale ? Que fait-on de la République “une et indivisible” ? Le global et le local contre le national : tel est le sens du combat. De la planète conçue comme un “village global” aux revendications exacerbées des “tribus”, un projet cohérent se met en place. Les “élites mondialisées” que pourfend Chevènement et les élites régionalistes ont le même objectif : dépecer les États. Quand ne subsisteront que des “citoyens du monde” sans racines et des druides celtes enracinés dans leur réduit, la voie sera libre pour la langue du maître et son modèle de société : l’anglophonie standard et le libéralisme sans frontières. |
|
|
|
|
|
|
|
|
| |
|
| |
|