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Questions vives
Fiannaland ou le repli identitaire au Liban
Pour Joseph O'Connor, l'écrivain irlandais, Fiannaland serait ce point de nos entrailles où la « maladie identitaire » fait le plus de ravages. « C'est un lieu », écrit-il, « où des événements arrivés il y a des siècles sont discutés avec l'âpreté corrosive d'une douleur toute récente.»

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La guerre libanaise des Gaules
Dossier: Liban

Antoine Courban
Texte
Paru dans l'Orient-Le jour, le 15 novembre 2006. p.5


La Guerre Libanaise des Gaules


Pendant que les tribus gauloises se déchiraient entre elles, s’égorgeaient, s’insultaient, se livraient aux pires coups bas, les légions romaines de Jules César envahissaient la Gaule. César lui-même en fait l’aveu dans ses écrits. Alors que l’armée romaine volait de victoire en victoire et soumettait toutes les Gaules, les tribus autochtones poursuivaient, sans merci, leurs luttes intestines afin de savoir qui sera le chef, qui aura le plus de pouvoir.

Tel est l’enseignement de l’histoire concernant le tribalisme, expression de ce fléau de l’esprit qu’on appelle l’Identitaire, ou crispation ethnicisante, et qui prend au Liban pour paramètre fondamental, non les liens du sang mais ceux de l’appartenance confessionnelle-sectaire.

Le Liban de Michel Chiha, cette romantique et très maurrassienne construction d’une mosaïque d’identités est, en dernière analyse, un conglomérat informe de micro-tribus, de sociétés « picrocolines », rongées jusqu’à la moelle par le fléau et dont il ne faut rien attendre. Laisser crever le malade serait une décision sage, point n’est besoin d’acharnement thérapeutique planétaire tant l’état du patient est désespéré. Le Liban serait-il une anomalie, une parenthèse de l’histoire ? Les événements qui secouent notre pays depuis ce funeste 14 février 2005 semblent donner raison aux plus pessimistes.

Quelques décennies avant la chute de Constantinople (1453), le conseiller de l’empereur Andronic II Paléologue écrivait dans ses Thrènes sur le Déclin de l’Empire Romain : « Une immense tristesse m’étreint quand je pense aux épreuves passées qui émergent de l’histoire et de ma mémoire, ainsi qu’aux malheurs du peuple…[…]. Mais c’est surtout de l’avenir qu’il me sera pénible de parler : Comment ces bouleversements innombrables et la fatalité inexorable amèneront ils les épreuves à venir et le naufrage final ? ». Cette vison sombre s’applique à la situation actuelle du Liban.

Bon nombre de membres de l’une ou l’autre de ces tribus libanaises sont incapables de comprendre l’ombre de notions élémentaires comme « bien commun », « espace public », « chose publique » ou encore « cité ». Ces grands malades sont englués dans les fantasmes identitaires et ne peuvent prétendre au statut de citoyens, c’est à dire d’hommes libres capables de gouverner et d’être gouvernés. Dès lors, il serait criminel et mensonger de qualifier l’entité « Liban » de patrie, c’est à dire de territoire du Père, régi par la règle du Droit et gouverné selon la Loi.

L’idyllique Liban de Michel Chiha serait-il un beau rêve, un leurre ou un cauchemar ?. Il est, en tout cas, loin d’être une « Patrie » car c’est une « Matrie », c’est à dire un ensemble d’enclos communautaires, pour ne pas dire utérins, où se dilue toute identité personnelle au profit de la fusion dans l’instinct grégaire de l’Identitaire collectif. Les individus libanais ne sont pas des citoyens car ils persistent à ne pas émerger et à vouloir être uniquement des héros de leur mère respective, la tribu.

Faut il s’étonner, dès lors, que d’encombrants « frères » et « amis », au même titre que les « ennemis » avérés puissent instrumenter à leur seul profit la vie publique libanaise en vue de conquérir des positions stratégiques sans troubler l’ordre public chez eux ?

Le plus désolant et le plus triste c’est de voir la jeunesse libanaise, ainsi que les pseudo-intellectuels, voire des universitaires, se mettre au diapason des discours de vieillards hargneux, rancuniers et acrimonieux, faisant ainsi le lit d’un authentique pouvoir de nature fasciste. Je passe sur l’engouement panurgiste de masses et de multitudes face au discours démagogique de supposés « guides » et autres « seigneurs ».

Que personne donc ne soit surpris si, tôt ou tard, nous n’allons pas nous réveiller dans un nouveau Liban, transformé en sous-préfecture sous la férule d’une camarilla protégée par des « frères » et des « amis ». Une hypothèse plus probable consisterait à nous retrouver sous la guidance d’un Satrape du Lubnanistan, comme ce fut le cas sous les Achéménides au VI°s avant JC, avant qu’Alexandre le Grand ne mette fin à l’hégémonie de la Perse sur les rives de la Méditerranée.

Pendant ce temps, l’ennemi avéré, l’ennemi sioniste, qu’il semble de bon ton de diaboliser, doit bien rire. Ce sont les libanais eux-mêmes qui lui servent d’exécuteurs de ses basses œuvres.


Antoine Courban
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