Il s’agit de la surdimensionnalité de cet organe dont la taille semble être une obsession parmi les internautes adeptes du basic english. Ils auront réussi à ajouter un 501ème mot à leur langue paternelle : enhancement (surdimensionage). Quelle explication les psychanlystes des siècles a venir donneront-il de de ce désir d'une puissance d'emprunt, d'autant plus étonnant qu'il se manifeste avec force chez les Blancs qui l'ont inventé au moment précis où bien Noirs considérent leur puissance de nature comme un désavantage. C'est en effet la thèse que soutient Serge Bilé dans son dernier livre, intitulé: : la légende du sexe surdimensionné des Noirs.
L’organe en cause n’échappe pas à la diversité bioculturelle. L’attente créée par la couleur de la peau dans ce domaine est telle que le surdoué paraît tout juste normal et que le sous-doué ne peut que décevoir. La surdimensionalité serait en effet un avantage que la nature accorde surtout aux Africains noirs. Légende! Mythe! s’indigne Serge Bilé. Dans un article du journal Le Monde, qu’Alain Mabanckou reproduit et commente dans son blogue, Pierre Assouline résume ainsi la thèse de Serge Bilé : «de tous temps, la rumeur publique a accrédité l’idée que les Noirs étaient dotés d’un sexe bien plus long et plus épais que les blancs, et ce à seule fin de mieux les bestialiser. De mieux les déshumaniser (sans même attendre le colonialisme...). De quoi renforcer l’idée qu’ils ne sont au fond doués que pour ce qui relève de l’instinct primaire (courir, danser, chanter, forniquer) et non de l’intelligence. Ainsi un stéréotype que l’on aurait crû valorisant se retrouve-t-il méprisant. En fait, d’après notre enquêteur, sur la question sexuelle, il en est des Noirs comme des Blancs : on y trouve toute la gamme, de l’étalon de concours au pénis introuvable.»Dans de nombreux blogues, on cite des propos de Galien et d’Ibn Khaldoun à l’appui de cette thèse
Plusieurs associent aujourd’hui cette présumée légende, qui perdure, à un racisme qui perdure également. D’autres préfèrent toujours s’en tenir à ce qu’ils croient être la vérité des faits. "Le plus drôle, précise Serge Bilé, est que le préjugé est colporté depuis des siècles par des Blancs racistes, tant et si bien qu’aujourd’hui nombre de Noirs, eux-mêmes persuadés de leur supériorité sexuelle, ne supportent pas qu’on veuille la démystifier. L’auteur rapporte notamment les résultats édifiants d’une enquête d’opinion Ipsos effectuée en avril dernier en Martinique."
D’où ce commentaire prudent de Pierre Assouline:
"Au fond, démolir cette légende comme Serge Bilé le fait (et il va jusqu’à évoquer la triste condition des Noirs dotés d’un petit sexe, terriblement inhibés à l’idée de provoquer une double déception), c’est risquer de mettre à mal un cas historique de discrimination positive. A cette aune, on mesurera l’enjeu politique d’un essai consacré au sexe des Noirs."
L’essentiel est qu’on n’établisse pas un lien trop étroit entre la négritude, selon Senghor et Césaire et la taille de l’Objet d’envie.