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Questions vives
Le pétrole va rester cher et une catastrophe climatique menace
Paris (AWP International) - Le repli des prix de l'or noir ne devrait pas durer prévient l'Agence internationale de l'Energie (AIE) jeudi, appelant aussi à une "décarbonisation majeure de l'économie" pour éviter des "dégâts catastrophiques et irrémédiables" sur le climat. Dans son rapport annuel de prévisions à long terme, l'AIE table sur une moyenne de 100 dollars le baril pour le prix du pétrole sur la période 2008-2015, en dollars constants de 2007 (c'est-à-dire hors inflation), et prévoit que la très forte volatilité des prix ces derniers mois va se poursuivre sur les deux prochaines années.


Document associé
Chevalier de la Légion d'honneur

Philippe de Saint-Robert
Présentation

Remise des insignes de chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur

à Philippe de Saint Robert

Conseil constitutionnel,

le 22 juin 2010


Réponse de l’impétrant au discours de M. Jean-Louis Debré,

Président du Conseil constitutionnel

Photo: Radio-Courtoisie


Extrait
« La meilleure façon de servir la République, c’est de redonner force et vie au langage. » Confucius ne disait pas autre chose. Et tout devient, à la relecture de cette leçon sur Malherbe, d’une reposante simplicité : « Nous pratiquons la langue française. Celle-ci n’est pas seulement pour nous un instrument naturel de communication, c’est aussi notre « moyen » de vivre. (…) Notre façon d’être est de pratiquer la langue française. » C’est, ajoute Francis Ponge, avec l’amour notre seul exercice où notre personnalité soit intégralement en jeu.



Texte

Monsieur le Président,


Je ne saurais trop vous remercier d’avoir bien voulu m’accueillir ainsi que mes amis – je tiens à saluer la présence de Mgr le comte de Paris, qui sait à quel point je suis attaché à tout ce qu’il représente, celle de Jean-Pierre Chevènement avec qui j’ai mené tant de combats, et celle de mon ami Jean de Boishue, sans la bienveillance de qui cette remise n’aurait pas eu lieu – pour cette cérémonie qui, à mes yeux, revêt le caractère d’une reconnaissance pour le combat que je n’ai cessé de mener pour la langue maternelle qui est la nôtre et, qu’à l’occasion d’une récente consultation, nos concitoyens ont plébiscité à 80 % comme étant le principal identifiant de cette « identité nationale » (j’aurais préféré qu’on parle de personnalité) de la France.


Le temple de cette constitution, qui doit tout à Michel Debré (je ne sais s’il la reconnaîtrait aujourd’hui) est aussi, par son article II – qui énonce que « la langue de la République est le français » – gardien de notre langue.


Il fallut attendre les années 60 pour que les autorités de la République s’inquiètent de son destin. Le général de Gaulle, qui était compris de la terre entière lorsqu’il parlait français, notait dans ses Mémoires de guerre que la France obtint, à San Francisco, « ce à quoi nous tenions le plus. C’est ainsi que, malgré certaines hostilités, le français fut reconnu comme langue officielle des Nations Unies. » Elle le demeure – et se trouve même, avec l’anglais, la seule langue de travail du Secrétariat de cette organisation.


Dans les années 60, donc, à la suite de la publication du célèbre libelle d’Etiemble, son condisciple de la rue d’Ulm – Parlez-vous franglais ? – Georges Pompidou s’émut et, s’inspirant des Lettres patentes de Louis XIII créant l’Académie afin de « rendre le langage françois non seulement élégant mais capable de traiter tous les arts et toutes les sciences », il mit en place des commissions de terminologie afin de permettre aux personnes de bonne volonté de ne pas jargonner gallo-ricain.


Ces problèmes n’ont guère intéressé tous ses successeurs. François Mitterrand, toutefois, eut des préoccupations de cet ordre. Il déclara : « Personne n’entend plus un peuple qui perd ses mots », ou encore, ce qui va plus loin : « Nous sommes restés au cœur des rapports de puissance. Nous y restons de même quand nous défendons notre langue. » D’habiles conseillers en communication lui représentèrent que ce combat pouvait sembler d’« arrière garde » : c’est fou ce que les communicateurs et les journalistes peuvent être d’avant-garde – sauf qu’à la différence des avant-gardes militaires, ils n’emportent jamais aucune position, mais conseillent plutôt de les abandonner. Mme Thatcher, qui pourrait revendiquer la palme de la Nouvelle Europe pour avoir désindustrialisé son pays, l’avait, paraît-il, pronostiqué : « Dans ce XXIe siècle, le pouvoir dominant est l’Amérique, le langage global est l’anglais, le modèle économique est le capitalisme anglo-saxon. » On connaît les résultats.


On a tout entendu, y compris que la langue française était machiste à cause de la prédominance du masculin au pluriel (c’est confondre sexe et genre), et que son orthographe, réputée difficile depuis une célèbre dictée qui ne voulait qu’être ludique, serait la cause de son recul – comme si toutes les langues n’avaient pas leurs difficultés, dont l’anglais aux prononciations impossibles.


Disons-le : le problème posé naguère par Etiemble est largement dépassé depuis que la Conférence des grandes écoles, encouragée par leur ministre de tutelle, prétend introduire dans notre enseignement supérieur un enseignement en anglais, ce qui est d’ailleurs contraire à la loi du 4 août 1994, dite loi Toubon – mais qui se souvient aujourd’hui des lois qui dérangent ?


Les arguments avancés sont nuls ou controuvés. Cette nouvelle déclinaison de l’identité française, en niant la capacité de notre langue de donner accès à tous les domaines de la culture, des sciences et des techniques, alors que le français a été la langue de la première grande encyclopédie, est ahurissante d’absurdité dans un monde qui est de plus en plus multilingue.


Déjà Paul Valéry et Fernand Braudel, rejetant toute définition ethnique ou territoriale de la France, pensaient, avec la majorité écrasante des Français d’aujourd’hui, que c’est par sa langue que la France pouvait le mieux se reconnaître. Serait-ce donc la raison pour laquelle, en ce temps de désintégration intérieure par intégration extérieure, l’on voudrait à tout prix priver les Français de leur langue, en contestant à celle-ci chaque jour davantage son rôle national et international ?


Relisons le Pour un Malherbe, de Francis Ponge, admirable livre où l’auteur du Parti pris des choses se méfiait du malheur des idées mais tenait à la langue comme à une espèce religieuse où la matière et l’esprit sont idéalement mêlés. Aux Trissotins du charabia déstructuré pour « libérer » la pensée, il répond par son apologie de Malherbe : « La meilleure façon de servir la République, c’est de redonner force et vie au langage. » Confucius ne disait pas autre chose. Et tout devient, à la relecture de cette leçon sur Malherbe, d’une reposante simplicité : « Nous pratiquons la langue française. Celle-ci n’est pas seulement pour nous un instrument naturel de communication, c’est aussi notre « moyen » de vivre. (…) Notre façon d’être est de pratiquer la langue française. » C’est, ajoute Francis Ponge, avec l’amour notre seul exercice où notre personnalité soit intégralement en jeu.


Plaçons donc notre belle langue française, comme l’appelait le regretté Maurice Druon, sous la protection de l’article II de notre Constitution et sous la vôtre, Monsieur le Président.


P.S.R.



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