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Université ou multiversité?
Dossier: Université

Jacques Dufresne
Présentation
À l'échelle mondiale, les universités sont classées en fonction du nombre de citations dont leurs chercheurs sont l'objet. La qualité de la formation donnée aux étudiants n'entre pas en ligne de compte. N'est-ce pas regrettable?

Extrait
Mais si, dans de nombreux pays, le nationalisme contribué à l'essor des universités et à leur unité, n'est-il pas permis d'espérer que le sentiment d'appartenance à la francophonie devienne un facteur d'unité à l'intérieur de chaque institution comme au niveau du réseau international?

Texte
Il y a quelques années, les recteurs des universités du Québec formulaient avec regret le diagnostic suivant: «L'Université est devenue, selon les mots célèbres de Clark Kerr, la multiversité, c'est-à-dire cet immense agrégat de dispensation de compétences très diverses, aux finalités parfaitement hétérogènes et correspondant à des niveaux d'exigence très divers. Mais cette diversité extrême s'est dissimulée derrière une façade lisse de diplômes toujours étiquetés de la même façon: baccalauréat, maîtrise et doctorat»5

La francophononie agravera-t-elle ce problème, pourrait-elle au contraire être un élément de la solution? Le échanges de plus en plus nombreux entre les universités francophones auront certes des effets positifs à bien des égards, mais il serait bien étonnant qu'ils favorisent l'unité à l'intérieur de chaque université. Les valeurs à la hausse dans la francophonie, la diversité culturelle, le métissage, le dialogue des cultures et des religions favoriseront plutôt la multiversité.

Mais si, dans de nombreux pays, le nationalisme a contribué à l'essor des universités et à leur unité, n'est-il pas permis d'espérer que le sentiment d'appartenance à la francophonie devienne un facteur d'unité à l'intérieur de chaque institution comme au niveau du réseau international?

L'Université Senghor d'Alexandrie pourrait donner le ton. Ce serait hélas! un ton bien pragmatique. Il est difficile d'imaginer un énoncé de mission universitaire aussi peu inspirant que celui de cette institution pourtant bien située pour devenir un phare.

«L’Université Senghor a pour vocation d’être une université francophone internationale de 3ème cycle à finalité professionnelle, au service du développement africain. Elle prépare aux métiers du développement dans la ligne du sommet de Ouagadougou. Elle pilote des projets en matière de développement à travers les travaux des ses étudiants, tissant notamment un réseau de compétences et d’expertises au moyen de la professionnalisation de ses auditeurs, de formations continues et à distance.»
Cette neutralité est sans doute une façon d'éviter la discrimination à l'intérieur d'une institution internationale. Dans son énoncé de mission, l'École normale supérieure, que fréquentèrent Simone Weil, Aimé Césaire et Jean-Paul Sartre, est tout aussi prudente: on y fait la promotion du savoir pour le savoir, du savoir pour transmettre, et du savoir pour agir. À l'Université de Louvain, on commet un légère imprudence: le but à n'est pas seulement de transmettre des connaissances mais de «rendre par là les humains plus humains.» Quant à l'Université de Montréal, «Montréalaise par ses racines, internationale par vocation, elle compte parmi les plus grandes universités de la francophonie.»

Contradiction de notre temps: venant de toutes les parties du monde des êtres humains se rassemblent sur des campus à la recherche d'une unité compatible avec leur identité, mais le respect même de ces différences brisent les élans les plus discrets vers l'unité. Nous nous condamnons ainsi à une neutralité délétère. Devant le spectacle d'une telle variété sans espoir d'unité, on se prend à rêver de ces petites maisons de lecture, dont Ivan Illich disait qu'elles étaient le seul espoir de la grande culture livresque, désormais impossible dans les grandes multiversités.

L'humanité traverse pourtant simultanément une crise du sens et une crise écologique étroitement liées l'une à l'autre et rendant nécessaire un fin commune à toutes les disciplines, un refus de la multiversité, un retour à l'Université. Le développement durable est pourtant un objectif de plusieurs pays francophones, il est au centre de la Convention sur la diversité cutlurelle, il est même l'une des quatre missions de la francophonie. La recherche du sens est pourtant depuis toujours l'occupation la plus noble de l'intelligence.

Il y avait à l'origine de la francophonie un idéal inspirant. On en retrouvera l'essentiel dans nos dossiers Senghor, humanisme et universalité. Cet idéal est parfaitement compatible avec la recherche du sens et le développement durable de même qu'avec la pensée de visionnaires comme le physicien roumain Basarab Nicolescu. Ce dernier n'hésite pas à affirmer que les maisons de haut savoir doivent revenir aux fins associées au mot université: l'unité et l'universalité. Pour indiquer la voie vers l'unité dans un contexte où l'éclatement semble être la règle, Basarab Nicolescu a développé le concept de transdisciplinarité. Il a également compris que le souci de l'unité implique celui du concret, ce qui l'amène à déplorer le caractère exagérément formaliste et abstrait de l'université actuelle. «La clef de voûte de la transdiciplinarité réside dans l'unification sémantique et opérative des acceptions à travers et au delà des disciplines. Elle présuppose une rationalité ouverte, par un nouveau regard sur la relativité des notions de "définition" et d'"objectivité". Le formalisme excessif, la rigidité des définitions et l'absolutisation de l'objectivité comportant l'exclusion du sujet conduisent à l'appauvrissement.»6

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