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Fiannaland ou le repli identitaire au Liban
Pour Joseph O'Connor, l'écrivain irlandais, Fiannaland serait ce point de nos entrailles où la « maladie identitaire » fait le plus de ravages. « C'est un lieu », écrit-il, « où des événements arrivés il y a des siècles sont discutés avec l'âpreté corrosive d'une douleur toute récente.»

Extraits de livres
Roman africain et idéologie
Laté Lawson-Hellu
Presses de l'Université Laval



Péripéties du roman

Dossier
Hexagonal
DéfinitionEnjeuxEssentielAperçus




Donald F. Bell, professeur de français Duke University

Définition

«De deux mots il faut choisir le moindre.»disait Paul Valéry. Celui qui parle hexagonal fait systématiquement le contraire. En hexagonal, la France devient l'Hexagone.

Dans La langue française, atout ou obstacle, Charles Durand commente ainsi le livre de Robert Beauvais sur l'hexagonal:

«En 1970, Robert Beauvais publiait "L'hexagonal tel qu'on le parle" . "L'hexagonal", d'après la définition de l'auteur, est un langage qui dérive directement du français et semble, pour ses locuteurs, être mieux adapté à la définition d'une grande nation moderne. Écoutons Robert Beauvais

" Largement propagé par les moyens de diffusion actuels, Presse, Radio et Télévision, l'hexagonal est en train de gagner les masses auxquelles il s'impose par ces deux vertus à quoi le public con­temporain résiste difficilement : la laideur et la prétention. Mais d'autres causes favorisent son développement ; parmi celles-ci no­tons en premier lieu ce que j'appellerai le "syndrome du garde champêtre".

On sait que le garde champêtre et les autres assermentés en uni­forme ayant à choisir entre "nonobstant" et "malgré", ou "subsé­quemment" et "ensuite" iront d'instinct vers le plus redondant, cela en vertu de la fascination que les mots exercent, depuis tou­jours, sur les âmes simples.

En raison de ce syndrome du garde champêtre, il y aura toujours des gens pour penser que "ondée" est plus joli que "pluie", qui préféreront "opuscule" à "petit livre", "missive" à "lettre", «'expliciter" à "expliquer" et "pinacothèque" à "musée", "céphalalgie" à "mal de tête" et trouveront plus distingué d'avoir une protubé­rance qu'une bosse.

Ce n'est pas sans raison que les médecins d'autrefois parlaient la­tin : il est important de ne pas être compris si l'on veut être res­pecté ; un médecin d'aujourd'hui qui prescrirait de l'aspirine perdrait les neuf dixièmes de sa clientèle ; qu'il conseille des comprimés de rhinalgène et le voilà réhabilité.­

Robert Beauvais parle des restaurants qui rivalisent d'une imagination sans frein pour composer leur menus. Il cite les "gastéropodes à la Charles le Téméraire" (Escargots de Bourgo­gne), le "concentré occitan de fleurs des abysses" (Bouillabaisse) ainsi que d'autres exemples tout aussi bouffons. Il explique qu'un des dogmes les plus solidement ancrés dans la tète de l'honnête homme contemporain est qu'il faut "comprendre son époque" ("être en prise directe avec elle" en hexagonal !). Or, notre époque est celle des ordinateurs, des laboratoires et des missiles, des sondages d'opinion, de la technicité et du progrès "explosif' (selon les médias) des sciences. "L'honnête homme" de notre époque se doit donc être scientifique et mathématicien. Malheureusement, les neuf dixièmes de ceux qui manipulent un porte-plume en France (et ailleurs), comme ceux qui pren­nent la parole à la radio et à la télévision, n'ont des sciences qu'une notion assez rudimentaire. D'où, chez l'écrivain et le journaliste, un complexe qui se traduit par une boulimie de mots savants, de réminiscences scientifiques élémentaires et de mathématiques mal digérées.

Vingt-cinq ans plus tard, il est certain que ce que Robert Beauvais a écrit peut être transposé facilement à l'anglomanie qui projette, chez les esprits simples, une image de haute spé­cialisation et de technicité. Cela facilite le travail du journaliste dans la mesure où il peut parler abondamment de n'importe quel sujet sans en connaître grand-chose. Comme ce langage est obscur, il donne l'illusion de la profondeur, car un écrivain qui s'explique clairement passe pour superficiel. "L'instruction" devient ainsi un moyen de dire des choses ordinaires avec des mots étonnants. Robert Beauvais ajoute :
» Ajoutons à cela que l'obscurité est toujours payante : de même que nous trouvons infiniment plus drôles les plaisanteries que nous arrivons à comprendre dans une langue étrangère que nous parlons mal, par le simple fait que nous l'avons comprise (et que nous y rions pour cette raison dix fois plus fort qu'il ne serait justifié), de même une pensée exprimée en hexagonal nous paraît cent fois plus profonde qu'elle ne l'est réellement, par le simple fait que nous avons réussi à en saisir le sens..»







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Extraits de livres
Après l'homme, le cyborg?
> Les mots plastiques
Jacques Dufresne
«Quand les mots se mettent à enfler, poursuit Marcel Aymé, quand leur sens devient ambigu, incertain, quand le vocabulaire se charge de flou, d'obscurité, de néant péremptoire, il n'y a plus de recours pour l'esprit.»