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La langue de la liberté

Ernest Renan
Extrait
Je n'en finirais pas, Mesdames et Messieurs, si je voulais énumérer, siècle par siècle, toutes les phrases utiles à l'humanité qui sont écloses en notre chère langue. C'est une langue libérale, vraiment. Elle a été bonne pour le faible, pour le pauvre, ajoutons pour l'homme intelligent, pour l'homme d'esprit.

Texte
La conservation, la propagation de la langue française importent à l'ordre général de la civilisation.

Quelque chose d'essentiel manquerait au monde le jour où ce grand flambeau, clair et pétillant, cesserait de briller. L'humanité serait amoindrie, si ce merveilleux instrument de civilisation venait à disparaître ou à s'amoindrir.

Que de choses éternellement bonnes et vraies, Mesdames et Messieurs, ont été pour la première fois dites en français, ont été frappées en français, ont fait leur apparition dans le monde en français ! Que d'idées libérales et justes ont trouvé tout d'abord en français leur formule, leur définition véritable ! Comme notre langue a dit de belles et bonnes choses, depuis ses bégayements du XIIe siècle jusqu'à nos jours ! L'abolition du servage, les droits de l'homme, l'égalité, la liberté, ont été pour la première fois proclamés en français. C'est en Angleterre, mais c'est en langue française, qu'éclate, au XIIe siècle, ce premier appel à l'égalité, dans la bouche du paysan :
    Nous sommes hommes comme ils sont,
    Tous membres avons comme ils ont,
    Et tout aussi grand corps avons,
    Et tout autant souffrir pouvons ;
    Ne nous faut (1) fors cœur seulement.
C'est un peu brutal ; l'égalité l'est quelquefois. Mais voulez-vous une expression non moins fière de la liberté ? Voici comment s'exprime le roi de France en 1315. Cela fut écrit en latin, mais sûrement pensé en français : « Comme, selon le droit de nature, chacun doit naître franc…, nous, consi­dérant que notre royaume est dit et nommé le royaume des Francs, et voulant que la chose concorde avec le nom, avons ordonné et ordonnons.... etc. » Ce beau préambule sert, à ce qu'il paraît, dans l'édit de 1315, de préface à des mesures fiscales ; mais n'importe, le principe était bon ; il ne faut pas se plaindre si les bons principes coûtent un peu cher.

Voici maintenant un évêque, conseiller intime de Charles V, qui, vers le milieu du XIVe siècle, prélude à 1789 : « Oncques la très noble séquelle (2) des rois de France n'apprit à tyranniser, et aussi le peuple gallican ne s'accoutume pas à sujétion servile, et pour ce, si la royale sequelle de France délinque (3) de sa première vertu, sans nul doute elle perdra son royaume, et sera translaté (4) en d'autres mains. »

C'est assez crâne, n'est-ce pas ? C'était un évêque de Lisieux qui parlait ainsi ; en d'autres temps, il aurait pu être évêque d'Autun et célébrer, au Champ-de-Mars, la messe de la Liberté sur l'autel de la Patrie.

Je n'en finirais pas, Mesdames et Messieurs, si je voulais énumérer, siècle par siècle, toutes les phrases utiles à l'humanité qui sont écloses en notre chère langue. C'est une langue libérale, vraiment. Elle a été bonne pour le faible, pour le pauvre, ajoutons pour l'homme intelligent, pour l'homme d'esprit.

Notes
(1) Ne nous manque que... »
(2) « Suite, succession. »
(3) « Abandonner, laisser perdre. »
(4) « Transféré. »
(5) Talleyrand (1754-1838), qui devint prince de Bénévent, célébra la messe lors de la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790.

Source
«Extrait d'une conférence faite à l'Alliance pour la propagation de la langue française, le 2 février 1888, publiée dans les Feuilles détachées, faisant suite aux Souvenirs d'enfance et de jeunesse
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