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Culture |
Définition | Aperçus | Documentation | Documents associés |
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Définition |
Les cultures exotiques, au yeux des Occidentaux, étaient jadis des curiosités pour les explorateurs et les territoires qu’elles occupaient, des objets de convoitise pour les conquérants. Elles inspiraient une sorte de frayeur sacrée. On les craignait, comme on craignait les espaces vierges qui demeuraient leur refuge, comme on craignait la vie sauvage en général.
Peu à peu, et de façon accélérée au cours de la seconde moitié du vingtième siècle, ce rapport avec la vie sauvage s’inversa. Elle est désormais objet de compassion. Le rapport avec les cultures connut la même évolution. Les deux processus sont si étroitement liés que le concept de diversité bioculturelle est en voie de se substituer aux concepts distincts de diversité biologique et de diversité culturelle.
En Amérique du Nord, on a créé les parcs nationaux à peu près en même temps qu’on a confiné les nations amérindiennes dans des réserves. Dans ce cas précis, le sort fait à la nature s’est avéré meilleur que celui qui a été fait aux cultures, au point qu’on peut se demander si le but était vraiment de protéger les cultures ou de les mettre entre parenthèses.
Aujourd’hui, la mondialisation fait planer sur toutes les cultures, y compris sur les cultures nationales majoritaires et fortes, un danger comparable à celui qui pesa si longtemps sur les cultures amérindiennes devenues minoritaires dans les Amériques.
Ce phénomène est extrêmement complexe. Une métaphore empruntée à la biologie, le principe de clôture, nous aidera à le comprendre. Chaque cellule d’un organisme vivant est entourée d’une membrane qui filtre aussi bien l’information qui sort de la cellule que celle qui y pénètre. Si ce mécanisme se dérègle, l’organisme dégénère. Chaque culture est entourée d’une membrane analogue, qui se confond souvent avec la frontière du territoire occupé, mais peut aussi suivre les peuples dans leurs migrations.
Les mêmes questions se posent partout : combien une culture peut-elle assimiler d’éléments étrangers en un temps donné? Comment distinguer les éléments étrangers nocifs des éléments nourriciers? Àsupposer même que l’on puisse les distinguer, de quelle façon pourrait-on les appliquer? Le problème n’est pas seulement complexe. Il est nouveau en tant qu’objet de réflexion et visée politique. Jadis les cultures défendaient leur identité comme les bêtes sauvages défendaient leur territoire et l’opération était simplifiée par le fait qu’entre les cultures voisines les différences n’étaient généralement pas très grandes et les interactions limitées. Défendre son identité est désormais une chose qu’il faut apprendre, un jeu dont il faut établir les règles, dans un contexte où les interactions se sont accrues entre des cultures de plus en plus différentes les unes des autres.
Hier encore, les nations et les Églises pouvaient être des filtres efficaces. Les normes de la télévision variaient d’une région du monde à l’autre. La transmission par satellite a percé ces membranes, le réseau Internet les a pratiquement détruites. Dans ce cas, la norme est unique. Toutes les images du monde, toutes les idées tombent du ciel partout à tout instant en format numérique.
La bombe @
Ce bombardement continu orchestré par les Américains rappelle les tirs d’artillerie et les raids aériens opérés avant un débarquement. La comparaison est en partie justifiée. Comme l'écrit le théoricien du Soft Poweraméricain, Joseph S. Nye: « On a désormais la preuve que les changements technologiques et économiques sont des forces de fragmentation induisant la formation de marchés libres plutôt que des forces répressives renforçant le pouvoir central. » 1On peut mesurer la portée de cette phrase en la jumelant à ce propos de David Rothkopf:
« La realpolitik de l’ère de l’information, c’est que l’établissement des normes technologiques, des normes des logiciels, la production des produits d’information les plus populaires, le leadership dans le développement du commerce global des services est aussi essentiel à celui qui veut être leader que l’étaient autrefois les ressources requises pour soutenir l’empire ou l’industrie. Rien n’a plus d’importance stratégique cruciale pour les Etats-Unis, seule superpuissance de l’information, que de tout faire pour structurer le développement de l’infrastructure globale de l’information, pour définir les règles qui la gouvernent et l’information qui y circule. Oeuvrer pour une culture globale unificatrice ne relève pas de l’idéalisme, c’est la realpolitik ultime, l’acte ultime de son intérêt bien compris. Les Américains ne devraient pas nier le fait que parmi toutes les nations du monde, la leur est la plus juste et représente le meilleur modèle pour l’avenir. » 2Cette puissance démesurée en information ne réduit-elle pas les opposants les plus pauvres et les plus déterminés au terrorisme médiatique comme la puissance militaire démesurée les réduit au terrorisme armé? Les Islamistes ont en tout cas réussi à inciter tous les médias à la prudence dans la façon dont ils représentent Mahomet. La parents du monde entier qui réclament pacifiquement l’interdiction de la pornographie sur Internet n’ont pas eu le même succès.
Que faire? Il faut d’abord poursuivre l’analyse de la realpolitik en information à l’instar de plusieurs chercheurs, dont Jean Tardif et Joëlle Farchy, qui viennent de publier les résultats de leurs travaux dans un ouvrage intitulé : Les enjeux de la mondialisation culturelle.
Après avoir commenté la définition de la culture de l’Unesco, après l’avoir précisée, en avoir mis en relief son caractère systémique, symbolique et dynamique et en s’inspirant de Levi-Strauss, les auteurs proposent le recours à un nom de code pour rendre compte de la réalité actuelle :
« En attendant de trouver un nom approprié à cette nébuleuse, on pourrait la désigner sous un nom de code: HCG pour “ Hyper-Culture-Globalisante ”. Culture désigne ici, conformément à ce qui a été dit plus haut, non pas une entité figée identifiable par une série de caractéristiques matérielles, mais bien un processus qui fonctionne comme “un ensemble de systèmes symboliques ”. “Hyper ” entend signifier non pas une quelconque supériorité par rapport aux autres expressions de la culture, mais le fait que ce processus n’est attaché à aucun groupe social localisé: il se déroule dans un espace virtuel qui transcende les autres espaces sans les anéantir. “Globalisante ”, et non globale ou globalisée qui évoquerait une situation établie: cette dynamique se déploie comme une force gravitationnelle dont l’attractivité se fait sentir partout. »3
On trouvera quelques passages de cet ouvrage dans la section livres de cette encyclopédie. Nous ne pouvons ici qu’inciter nos lecteurs à participer à l’effort de réflexion des deux auteurs, via le site PlanetAgora.
Jean Tardif et Joëlle Farchy distinguent ensuite l’hyper culture globalisante de la civilisation mondiale qui « selon Edgar Morin, serait issue de la civilisation occidentale sous l’effet conjugué de la science, de la technique, de l’industrie, du capitalisme, et comporterait un certain nombre de valeurs partagées. » Ils la distinguent également « de la culture mondiale qui, prolongement de la main invisible du marché, dont elle épouserait la rationalité permettrait enfin d’éviter les conflits attribuables aux cultures nationales grâce aux vertus du “doux commerce” ».
Quand vient le temps pour eux de définir la HCG de façon positive, les deux auteurs ont recours à des mots et des accents qui rappellent ceux de Senghor quand il traite de la civilisation de l’universel:
« L’HCG est une construction symbolique qui, comme tout phénomène culturel, affecte les divers volets de l’activité sociale. Elle crée une nouvelle dynamique d’interactions entre deux pôles actifs : un espace virtuel ouvert qui offre un répertoire constamment renouvelé d’images, de vedettes et de récits, de plus en plus largement accessible, et dans lequel des individus de plus en plus nombreux peuvent puiser des éléments d’identification qu’ils vont agencer pour construire leurs histoires personnelles. Elle répond ainsi au besoin de sens que ne fournissent plus les institutions traditionnelles et sur lequel le marché est muet. En offrant à chacun, à travers l’écran et les ondes, les images et les histoires d’un monde “apprivoisé” alors qu’autrement il semble lointain et “irréel”, incompréhensible et menaçant, l’HCG ouvre un nouvel espace de liberté. »4
Le Canada et le Québec ont une longue expérience du recours à des filtres pour protéger leur culture contre l’influence, parfois excessive, de la culture américaine. Ceux qui, ailleurs dans le monde, souhaitent s’inspirer de cette expérience ont intérêt à lire un ouvrage intitulé: Variations sur l’influence culturelle américaine; mutatis mutandis la plupart des pays du monde font face en ce moment à des défis semblables à ceux que le Canada et le Québec ont dû relever, dès la fin du XIXe siècle pour ce qui est des journaux.
Les analyses que nous propose ce livre ne sont pas aussi sombres qu’on pourrait le présumer. On y trouve, sous la plume du chanteur compositeur Sylvain Lelièvre, une sage mise en garde contre une certaine diabolisation de la culture américaine. Si je mime le chanteur américain, québécois ou français, comme je l'ai fait dans ma jeunesse, dit-il en substance, plutôt que de devenir original à son contact, c'est ma faute et non celle de l'artiste que j'admire, quelle que soit la culture à laquelle il appartient: « En mimant, on se cherche ; en imitant, on se trouve – peut-être. La menace à l'originalité n'est pas américaine : chaque créateur la porte en soi, comme chacun de nous d'ailleurs. La menace, c'est de confondre son masque avec soi-même et, par conséquent, de mettre en péril sa propre identité. »
Cette remarque qui s’applique aussi bien aux sociétés qu’aux individus nous rappelle que, si nécessaires que puissent être les filtres, l’identité des cultures dépend d’abord de leur vitalité, et, ne craignons pas de l’ajouter, de la façon dont elles satisfont les exigences les plus élevées des êtres humains. Une culture peut séduire le reste du monde un moment sous l’effet combiné d’une mise en marché agressive, de contenus avilissants et d’une conjoncture mondiale telle qu’on s’estime dispensé de donner un sens à sa vie. Ce n’est pas à ces conditions que les cultures grecque et égyptienne ont traversé les siècles. De même qu’il faut sonner la cloche de plus en plus souvent pour faire saliver le chien de Pavlov, de même vient toujours un moment où une culture, dont le succès dépend surtout des techniques de mise en marché, est victime de sa propre superficialité. Si elle ne touche que la surface des êtres, ces surfaces deviennent bientôt des murs sur lesquels elle ricoche.
Il vaut mieux miser sur les entrecoisements d’effets d’illumination dont parle le philosophe Paul Ricoeur : « Je me représente la carte culturelle du monde comme un entrecroisement de rayonnements à partir de centres, de foyers, qui ne sont pas définis par la souveraineté de l’État-nation, mais par leur créativité et par leur capacité d’influencer et de générer dans les autres foyers, des réponses. C’est donc par ce phénomène d’entrecroisement d’effets d’illumination formant des réseaux aux mailles serrées que je définis la notion d’interculturel, par opposition à la notion de frontière. » 5
L’utilisation de la Kora pour accompagner la musique grégorienne dans un monastère bénédictin du Sénégal est un bel exemple de cet entrecroisement d’effets d’illumination.
Gouvernance mondiale de la culture.
Après avoir précisé le contour de l’Hyperculture globalisante, Jean Tardif et Joelle Farchy étaient dans l’obligation de proposer une méthode et des institutions pour assurer la justice dans les échanges, à l’intérieur de cette nébuleuse qui se déploie au-dessus des États-nations, sans qu’on puisse en assurer la gouvernance par le biais d’organismes comme l’OMC ou le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Sans illusion quant à la faisabilité immédiate de ce projet, ils osent réclamer un Conseil mondial des cultures différant de celui que proposèrent des experts de l’ONU en 1995 et Jacques Chirac en 2003, en ce qu’il supposerait une mobilisation publique.
« Puisque les enjeux géoculturels ne sont pas pris en compte de façon spécifique dans la gouvernance actuelle alors qu’ils acquièrent une importance névralgique, ils pourraient offrir, de façon paradoxale, l’occasion d’innover en envisageant la mise en place d’une instance politique d’un type nouveau, un Conseil mondial des cultures.
Il ne s’agit évidemment pas d’une institution interétatique qui remplacerait l’UNESCO. Elle en sera différente à plusieurs égards. D’abord par son statut qui ne doit pas être celui d’une organisation interétatique mais plutôt celui d’une instance politique informelle. Ensuite en raison de sa composition établie sur la base de la reconnaissance mutuelle des acteurs suivant une formule quadripartite qui élargirait la base expérimentée par l’organisation internationale du Travail: pouvoirs publics concernés, OSC ou acteurs civiques et sociaux, entreprises et experts 161, chacun avec son rôle et ses responsabilités. Par son objectif qui est d’ouvrir un espace public transnational pour traiter des enjeux géoculturels dans la gouvernance mondiale. Par ses fonctions qui sont celles évoquées plus haut pour les instances politiques d’un type nouveau qu’appellent les enjeux globaux. Et enfin par son mode de fonctionnement original comme instance autonome de délibération, de concertation et de proposition sur les enjeux géoculturels. »6
Jean Tardif et Joëlle Farchy proposent en outre une liste de grands principes qui constitueraient l’ossature d’une charte des obligations dans le domaine de la culture. Ils s'inspirent pour cela des progrès accomplis récemment dans les domaines de l’environnement et de l’agriculture.
Le principe responsabilité
«Il est le fondement – fragile, mais le seul possible – de l’ordre cosmopolitique à construire et de chacune de ses composantes. […] Pour les “industries de l’imaginaire” cette responsabilité concerne au premier chef l’impact de leurs activités en qualité d’acteurs géoculturels, producteurs d’images, de valeurs, de symboles qu’elles diffusent à travers le monde et qui comptent parmi les facteurs les plus structurants de la mondialisation. »
L’ouverture maîtrisée
Les auteurs citent le Mahatma Gandhi à ce propos :
« Je ne veux pas que ma maison soit complètement entourée de murs, ni que mes fenêtres soient calfeutrées. Je veux pouvoir sentir le souffle des cultures du monde entier. Mais je ne veux pas être délogé par une bourrasque culturelle, d’où qu’elle vienne. »
Le principe de la multifonctionnalité
« Il s’applique à la culture de façon encore plus évidente qu’à l’agriculture dont on s’accorde à reconnaître qu’elle est à la fois un mode de production et une forme d’aménagement du territoire. »
Le principe de précaution
« L’absence de certitude ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives. »
La réciprocité
« Elle doit régir un régime d’échanges culturels qui favorisent le pluralisme culturel : c’est la condition essentielle d’interactions relativement équilibrées entre les sociétés et les cultures. C’est le critère qui permettra de mesurer les engagements réels en faveur du pluralisme culturel en substituant l’échange équitable au libre-échange. »
De tels principes paraîtront utopiques, au sens péjoratif du terme, à celui qui voudrait leur donner un poids juridique dans l’immédiat. Nul ne peut cependant en contester l’importance en tant qu’étoiles lointaines qui indiquent la route à suivre dans un domaine où rien n’a été fait jusqu’à ce jour pour subordonner l’intérêt des plus forts à des valeurs supérieures.
Notes
1- Joseph S. Nye et William A. Owens, America's Information Edge , numéro de mars/avril 1996 de la revue Foreign Affairs.
2- Cité dans Tardif, Jean, Farchy, Joëlle, Les Enjeux de la mondialisation culturelle, Paris, HC, 2006, p.286.
3-Tardif, Jean, Farchy Joëlle, Les Enjeux de la mondialisation culturelle, Paris, HC, 2006, p.72.
4-Ibid. p.286.
5-Cité dans Tardif, Jean, Farchy Joëlle, Les Enjeux de la mondialisation culturelle, Paris, HC, 2006, p.64. |
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> Afrique | |
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> Dialogue des cultures | |
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Aperçus divers |
La fonction identitaire des langues minoritaires | Maurais, Jacques, Allocution d'ouverture, Actes de la rencontre régionale des chercheurs en sociolinguistique de l'Océan Indien tenue à Antananarivo (23 et 24 février 2005), p.20-21 «À ceux qui allèguent qu'il est possible de s'identifier à un peuple ou à une nation sans en parler la langue, on peut répliquer que c'est peut-être partiellement vrai, mais que le mode de vie de ceux qui maintiennent l'usage de la langue ancestrale est différent de celui des personnes qui ne parlent plus la langue. Chaque parler est particulièrement apte à exprimer et à symboliser la culture qui lui est traditionnellement associée. Celui ou celle qui ne peut plus utiliser ce parler est donc souvent perçu comme n'étant plus un véritable porteur de sa culture ou un vrai membre de son groupe d'origine. C'est le cas des Inuit, par exemple, qui admettent généralement qu'on peut être Inuk sans connaître la langue, mais qu'un " Inuk véritable " (inutuinnaq) doit parler l'inuktitut.
(...) le témoignage de personnes qui combattent elles mêmes pour la préservation de leur langue montre que, de nos jours, parler une langue minoritaire a surtout une fonction identitaire, quasi spirituelle, dont l'absence peut provoquer un vide difficile à combler.»
| La kora accompagne le chant grégorien au monastère de Keur Moussa au Sénégal | Petit, Béatrice, "La kora, un instrument africain qui évolue", journal En marche. Au monastère bénédictin de Keur Moussa, situé à 50 km de Dakar, résonne une musique étonnante, à la croisée des mélopées africaines et du chant grégorien. Des moines mélomanes y bichonnent une harpe traditionnelle, aujourd'hui renommée internationalement.
«Au moment des travaux du Concile sur la liturgie, Frère Dominique Catta est alors désigné pour l'abbaye Keur Moussa au Sénégal. Vatican II recommande aux missionnaires d'enraciner l'évangile dans les cultures et musiques locales. «Par obéissance, écrit Dominique Catta, je me suis ouvert aux instruments africains: le balafon, le djembé, les tambours... Un jour, j'ai entendu à la radio un instrument d'une sonorité exceptionnelle, la kora du Sud. Cadeau du ciel: un ami m'a alors offert une kora à accorder. J'ai fait venir des griots et ai immédiatement perçu une parenté avec la musique médiévale, et donc grégorienne. Je me suis lancé dans des essais. Le griot -musulman- jouait de la kora et je psalmodiais sur le même mode en adaptant un ton de psalmodie grégorienne». Dominique Catta se passionne et convainc les autres moines d'apprivoiser l'instrument le plus riche et le meilleur pour accompagner les psaumes.«Depuis lors, la kora s'est introduite en reine dans notre vie monastique d'où elle a conquis une audience internationale», poursuit Frère Dominique.»
| Raymond Devos, le clown de la langue française | Castro, Gilles, «Raymond Devos, le clown de la langue française», Le français dans le monde, n° 347, septembre-octobre 2006. «Cette double filiation de l'absurde et du cirque éclot chez Raymond Devos quand il met en scène la langue de tous les jours, ôte la poussière des poncifs, nous fait toucher la mécanique des expressions courantes (...). (...) Raymond Devos était unique puisqu'on lui doit d'avoir fait entendre au grand public francophone tout ce que le français, comme toutes les langues et contrairement à sa réputation, contient de tours absurdes, illogiques et imprécis là où nous n'entendons que la familiarité et donc trouvons notre assurance à dire. Son sketch le plus célèbre - et qui le rendit célèbre - "Mais le car pour Caen, il part quand ?" demeure un chef d'œuvre à classer avec Ionesco ou Jean Tardieu : "'J'voudrais voir la mer.' i'm dit : 'la mer … elle est démontée.' j'lui dis : 'Vous la remontez quand ?' i'm dit : 'C'est une question de temps.'"»
| Diversité des cultures | Jean-Marc Léger, «L'ambition des pionniers de la Francophonie». Discours prononcé lors du colloque Francophonie au pluriel, organisé à l'occasion de la célébration du dixième anniversaire de L'Année francophone internationale (Paris, du 17 au 20 mai 2001). « Je rappellerai, par exemple, que les expressions comme "dialogue des cultures", "sauvegarde de la diversité des cultures", furent d'abord utilisées dans diverses OING francophones. J'évoquerai seulement, pour mémoire, la deuxième réunion de l'Assemblée générale de l'AUPELF, en avril 1963 à La Sorbonne, où une immense banderole proclamait: "Le français, facteur de rapprochement des peuples et de communion des civilisations" ».
| Georges Balandier: "Le temps n'est pas venu d'une culture planétaire" | Georges Balandier, L'Express, interview du 10/09/2003. Propos éclairants sur l'Afrique francophone. «Je ne crois pas qu'une culture puisse être universelle, au sens où le catholicisme prétend l'être. On ne peut faire du passé table rase. Les composantes historiques, et donc les différences, restent fortes. Il y a certes diffusion des techniques, de langages de communication, de modes de vie. Mais cela ne suffit pas à engendrer une culture mondiale. Par ailleurs, je crois fondamentalement à l'inachèvement des sociétés. Elles produisent continuellement de la nouveauté, de l'inédit. Il serait illusoire de croire que le temps est venu d'une culture englobante, universellement acceptée. Ce que nous croyons être le commencement d'une civilisation planétaire est un jeu des apparences.»
| Transmission de la culture | Leroux, Georges, La transmission de la culture: les enjeux du présent, Cahier spécial de l'Institut du Nouveau Monde, Le Devoir. Transmission de la culture: unifiée comme en Europe ou éclatée comme aux États-Unis? «À l'opposé, la décision de maintenir une transmission unifiée relève d'une philosophie de la culture qui remonte à la Renaissance et dont tous les pays européens semblent aujourd'hui vouloir conserver l'esprit, sinon la lettre. Il y aurait beaucoup à dire en effet sur le projet européen d'une réinterprétation de la tradition humaniste et sur les motifs de résister, en s'engageant dans une transmission contrôlée de l'intérieur, à une américanisation massive perçue d'abord comme facteur de dissolution. Au carrefour des cultures nationales, l'Europe veut et peut encore reproduire le projet d'une nouvelle Renaissance. Mais elle ne peut maîtriser les forces de diffusion qui l'atteignent partout en même temps, pas plus qu'elle ne peut fermer les yeux encore longtemps sur les exigences de faire sa place à la pluralité, notamment dans le cas de la culture islamique qui revendique un espace propre dans le canon de transmission. »
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Le nutritionnisme | «Pourquoi ne voit-on désormais dans le lait que du calcium, dans la sardine que des oméga-3 et dans la myrtille que des antioxydants ? C’est parce que nous sommes entrés dans l’ère du nutritionnisme, une idéologie dont Michael Pollan démonte ici un à un les fondements fallacieux : « La fonction de l’alimentation se cantonne à la santé » ou « Nous avons besoin de nutritionnistes pour nous dire ce qu’il faut manger » ou encore « Un aliment équivaut à la somme de ses constituants ». Le nutritionnisme, au lieu de nous éclairer, sème la confusion dans les esprits. Cette confusion sert les intérêts des experts eux-mêmes mais aussi ceux de l’industrie agroalimentaire, toujours prompte à inonder le marché de nouveaux produits « markétés » santé.
Pourtant, depuis que la tradition a cédé la place à la science et au marketing, nous ne sommes pas en meilleure santé. L’analyse de Pollan est décapante. La fréquence du diabète, des maladies cardiovasculaires et des cancers explose à tel point qu’aujourd’hui, la vocation première de la médecine est de conserver en vie ceux qui tombent malades à cause de l'alimentation industrielle.
L’excellente nouvelle c’est que les ravages du nutritionnisme et de l’industrie agroalimentaire sont réversibles. Il est possible de manger à nouveau de vrais aliments, en consommant intelligemment.
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Documentation |
Articles | Michaud, Yves, «Politique de la francophonie et réflexion sur la culture», Synergies Monde, no 1, année 2006 («Un Fil de Soie - Langue française, plurilinguisme et identités européennes»). - Format PDF. (diffusion sur internet) (2006) | Boni, Tanella, Senghor, le siècle avait six ans, Africultures 45, février 2002
Il y a ceux qui, depuis toujours, n'arrivent pas à choisir entre Césaire et Senghor. Il y a ceux qui le placent sur un piédestal comme un Dieu parmi les hommes. Il y a, et ils sont nombreux, ceux qui se défendent d'être "senghoriens" mais ne tarissent pas d'éloges à l'égard de l'homme illustre. Voilà comment nous nous déplaçons à l'ombre de Senghor. Pour ou contre Senghor, l'ombre plane toujours. Et puis, combien de pères fondateurs, en Afrique, ont-ils marqué leur pays et leur peuple du sceau de la pensée, des arts et lettres, de la culture en général ? (2002) | Documents audiovisuels | Le dossier Léopold Sédar Senghor de TV5 Monde. Émissions de radio et de télévision où le poète-président expose ses idées sur la langue française ou commente de grands événements comme le Festival de l'art négre à Dakar en 1966. | Dossiers | Les négociations commerciales à l'OMC et les menaces sur les politiques culturelles (diffusion sur internet) (2006) |
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| Ancêtres à vendre | Jacques Dufresne | Généalogie, Société civile | Un homme d'affaires québécois vient de vendre 12 millions d'actes d'état civil québécois à la multinationale américaine The Generations Network, basée dans l'état mormon de l'Utah. |
| | Du divertissement à la culture | Nelson Thall et Daniel Cérézuelle | | Non seulement le séminaire que nous résumons ici a conservé toute sa pertinence après une décennie, mais encore la conclusion qui s'en dégage, retrouver la culture par delà le divertissement, correspond à une nécessité encore plus manifeste aujourd'hui. Il s'agit d'un enjeu majeur pour la francophonie. Pour Senghor en effet, comme pour l'actuel président de l'Organisation mondiale de la francophonie, M. Diouf, «la culture n'est pas une marchandise ou un divertissement, elle est «l'ensemble des valeurs de création d'une » (...) |
| | Parler français-là même, c'est quoi? (extrait) | Constantin Dabiré | | Faisant état de la dimension politique contestable de la francophonie, selon lui utilisée abusivement comme outil de domination française, Constantin Dabiré soulève la question de la différence entre intérêt pour le folklore et intérêt pour la culture. À noter: article publié en 1982. |
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Les enjeux de la mondialisation culturelle > Préface de monsieur Abdou Diouf | |
Diversité culturelle, mondialisation, Francocophonie | Préface de monsieur Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie. | Les enjeux de la mondialisation culturelle > La différence culturelle | |
Diversité culturelle, coopération | Apercu de l'évolution de la différence culturelle et de sa prise en charge par le politique. | Les enjeux de la mondialisation culturelle > Construire le pluralisme culturel: l’art de la fugue | |
Mondialisation, identité, sécurité, expansionnisme | La nécessaire coopération. | Passeurs culturels. Une littérature en mutation > Transculture, métissage, multiculturalisme | |
Littératures francophones: Italie, métissage, multiculturalisme, transculture | Extrait d'un entretien de Suzanne Giguère avec Fulvio Caccia, écrivain québécois d'origine italienne. |
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Banque de données | Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France | La base de données constituant ce site, trop visible, vous rebutera peut-être, mais soyez patients, au terme de chaque recherche vous découvriez de beaux monuments, vous pourrez situer sur une carte les villages de France d'où sont partis les ancêtes des Français d'Amérique.
«L'Inventaire des lieux de mémoire de la Nouvelle-France recense tous les lieux associés à la présence française en Amérique du Nord et ce, des deux côtés de l'Atlantique. On y retrouve des bâtiments, des sites archéologiques, des plaques et des monuments et d'autres biens qui témoignent, dans le paysage d'aujourd'hui, de cette relation entre l'Amérique et la France. On y trouve également, de manière complémentaire, une base de données sur les personnages ainsi qu'une base de données bibliographiques. Cet Inventaire est constitué, dans une première étape, de lieux de mémoire de la Nouvelle-France situés au Québec et en Poitou-Charentes. À compter de 2006, viennent s'y ajouter les lieux de mémoire inventoriés en Ontario, dans les provinces de l'Atlantique et de l'Ouest canadien.» | Culture | « Île en île » : un site pour valoriser les ressources informatives et culturelles du monde insulaire francophone | «L'idée du site "île en île" émane de la rencontre – d'abord par Internet – de Thomas C. Spear, professeur à New York, et de Sylvie Roussel Gaucherand, chef de service de documentation et information au Conseil général du département du Val de Marne. (...) "Île en île" est un lieu de rencontre, une banque de données ouverte à tous, permettant de pêcher les documents dispersés dans les océans d'information et mettant en valeur les fonds patrimoniaux des îles du monde.» | Droit | Droit de la culture | « On peut donc identifier aujourd'hui un droit de la culture.
Plutôt qu'une branche supplémentaire du droit, il se présente comme une dimension nouvelle qui s'impose de plus en plus nettement dans le droit public, le droit économique, le droit des biens, le droit fiscal, le droit pénal. »: Cf Centre interdisciplinaire de recherches en droit de la culture des Facultés universitaires Saint-Louis en Belgique.» | Médias | Africultures | «Le site et la revue de référence des cultures africaines.» Un imposant contenu : «4160 articles avec 68 dossiers ! Mais aussi 1140 disques, 1698 films, 1621 livres, 9479 événements... recensés !», disponible, pour l'essentiel, sur abonnement (extrait du site) | Radio France Internationale-RFI | RFI diffuse 418 heures par semaine, en français et en langues étrangères, soit près de 60 heures par jour sur 200 flux différents.
Diffusion en français : 188 heures par semaine, dont information, 126 heures (journaux et tranches d'information) ; 62 heures (magazines d'information et programmes)
Diffusion en langues étrangères : 230 heures/ semaine, information et magazines confondus, en 17 langues. A celles-ci, il convient d'ajouter 2 autres langues diffusées par des filiales : l'arabe (107 heures par semaine) sur RMC-MO et le bulgare sur RFI Bulgarie (70 heures par semaine | Le français dans le monde | «Le français dans le monde, c'est toute l'actualité pédagogique et culturelle du français et de la francophonie. Confié en juillet 2000 à la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), Le français dans le monde a un nouvel éditeur, CLE International, depuis décembre 2000. Françoise Ploquin en est la rédactrice en chef, Jean-Claude Demari le rédacteur en chef adjoint.
Née en 1961 d'une volonté politique et d'un partenariat entre le service public et le secteur privé, la revue Le français dans le monde a été conçue pour être un outil d'accompagnement, de diffusion et de formation pour une politique linguistique qui avait placé le renouvellement des enseignements au centre de ses préoccupations.
Destiné à tous ceux qui ont pour tâche de faire connaître la langue française dans le monde, qu'ils soient français ou non, qu'ils exercent dans les universités, les établissements primaires, secondaires et techniques de chacun des pays, dans les écoles, lycées et collèges français à l'étranger ou encore dans les centres culturels et les instituts de français, Le français dans le monde, à ses origines, était avant tout un outil d'information, de documentation et de liaison.» | Musique | Francomix - Les musiques francophones font danser la planète | «Les musiques francophones font danser la planète. Ce site a pour vocation de promouvoir les musiques francophones. Ici vous trouverez des critiques de cd du meilleur des musiques francophones, des dossiers sur des artistes francophones ou des courants musicaux. Dans la rubrique Francomix radio vous pourrez écouter notre programme de radio diffusé aux Etats Unis et sur Internet.» | Organismes internationaux | Alliance globale pour la diversité culturelle | L'Alliance globale promeut la diversité culturelle par le renforcement des capacités de production et de distribution des biens et des services et d'accession aux marchés internationaux des industries culturelles. | Industries culturelles | Section du site de l'Unesco consacrée aux industries culturelles. | Sites gouvernementaux | CULTURESFRANCE | Créé en 2006, c'est «l'opérateur délégué des ministères des Affaires étrangères et de la Culture et de la Communication pour les échanges culturels internationaux. Il est né de la fusion de l'AFAA (Association française d'action artistique) et de l'ADPF (Association pour la diffusion de la pensée française). L'organisme est présidé par Jacques Blot et dirigé par Olivier Poivre d'Arvor. | SODEC | Site de la Société de développement des entreprises culturelles, gouvernement du Québec.
«Pour accomplir son mandat, la SODEC relève le défi de parler à la fois de création artistique et d'affaires.» Elle favorise aussi la réciprocité: «Ce faisant, nous voulons être une terre d'accueil pour d'autres cultures au contact desquelles la société québécoise s'enrichit. Cette relation avec d'autres cultures conduit à la promotion de la diversité culturelle.» | | Les Classiques des sciences sociales | Fondée et dirigée depuis 1999 par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie du Cégep de Chicoutimi, cette bibliothèque numérique, unique dans la francophonie, propose gratuitement en ligne plus de 2200 titres classiques et contemporains. | Francofffonies! - Le festival francophone en France | | Festival Les Francophonies en Limousin | « C'est sous la dénomination "Festival international de la francophonie" que Pierre Debauche, alors directeur du Centre Dramatique National du Limousin, a créé en 1984, le Festival, et en donne la direction à Monique Blin, son ancienne collaboratrice du Théâtre des Amandiers à Nanterre. En compagnie de Jean-Marie Serreau, ils avaient maintes fois rêvé d'un espace qui pourrait réunir différents artistes exerçant leur pratique théâtrale dans les pays francophones » (Le festival depuis sa création) |
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