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@: prononcer ad
Mais puisque il vient du latin, il est totalement absurde et affecté d'affubler l'arobase de la prononciation at, en cédant à la confusion avec une préposition anglaise de sens et de prononciation proche. Il faut bien prononcer ad l'@ de vos adresses électroniques. Honni soit qui mal prononce !

Extraits de livres
La langue française: atout ou obstacle?

Charles Durand
Presses de l'Univerté-le-Mirail



La renaissance de langues mortes comme l'étaient l'hébreu en Israël, le grec dans la Grèce longtemps dominée par les Turcs, le norvégien après des siècles de domination danoise, nous rappellent que tout est possible dans le domaine de la langue.

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Image de marque de la chaîne France 24? Source: page d'accueil du site France24.com

Commentaire
France24, ou le splendide isolement audiovisuel de la France

par Marc Chevrier, politologue, professeur au Département de science politique de l'Université du Québec à Montréal.

Ça y est, la « voix de la France » vibre désormais sur tous les continents, grâce à une nouvelle chaîne d’information en continu, France24, internationale par la vertu du fait qu’elle répand ses bonnes nouvelles aussi en anglais, seule langue qui compte pour se faire entendre sur la scène internationale, semble-t-il. Le nom même de la nouvelle chaîne est des plus intriguant. C’est comme si, sur les petits écrans du monde, la France était en soi une étiquette de prestige, une référence, au même titre que le nom de la plus vieille nation d’Europe accompagne dans les esprits la bonne chère et la parfumerie. Et que dire du nombre 24 qui suit immédiatement l’appellation contrôlée. On dirait le début d’une suite mathématique, autre fleuron français. France24, ou la France au cube.

Le choix du nom de la nouvelle chaîne d’information dont Jacques Chirac avait désiré la création dès 1996 est aussi révélateur de sa véritable mission : projeter la « lecture française » de l’actualité internationale dans un créneau audiovisuel dominé par les grandes chaînes anglo-saxonnes. Au Palais de Luxembourg en mars 2002, devant le corps diplomatique français, le président Chirac s’était exprimé en ces termes : « Enfin nous devons avoir l’ambition d’une grande chaîne d’information continue internationale en français, à l’égale de la BBC ou de CNN pour les anglophones. C’est essentiel pour le rayonnement de notre pays. Et pour les expatriés, ce serait un lien vivant et immédiat avec la métropole. » C’est donc dire qu’en dépit de ses visées internationales, la nouvelle chaîne servira une ambition strictement franco-française : être un vecteur d’influence pour la France et attacher la diaspora française à la mère patrie. À vrai dire, il appert que le président Chirac a mal digéré la manière dont la chaîne CNN avait traité la position française contre la guerre anglo-américaine en Irak et s’est fait fort de corriger ce déséquilibre en munissant les ambassades françaises d’un bras télévisuel.

Malheureusement, cette chaîne inaugurée en grandes pompes et armée d’une légion de 170 journalistes est un geste mal avisé, dont les retombées risquent d’être décevantes, et qui sert un sérieux camouflet à la Francophonie, qui disposait pourtant déjà d’une chaîne mondiale d’information, TV5 Monde. Rappelons qu’une des plus belles réussites de la Francophonie est justement cette chaîne, diffusée sur tous les continents dans quelque 147 millions de foyers, ce qui en fait déjà l’une des plus grandes chaînes de télévision internationale. La France a toujours joué un rôle prépondérant dans le fonctionnement et le financement de TV5 qui émet sept de ses huit signaux depuis Paris. Toutefois, comme l’a souligné en avril 2006 l’ex-ministre québécoise des relations internationales, Louise Beaudoin, l’attitude française vis-à-vis de TV5 est demeurée foncièrement ambivalente, tant et si bien que les partenaires québécois et canadiens de la chaîne francophone ont dû faire des pieds et des mains pour dissuader la France de diminuer son engagement.1 Devant la ferme résolution de l’Élysée de contourner TV5 par une autre chaîne d’information, le patron de TV5 Monde, Jean-Jacques Aillagon, a quitté la direction de la chaîne 2, aussitôt remplacé par un affidé chiraquien. Le président démissionnaire de TV5 avait combattu la chaîne élyséenne au motif que TV5 Monde est « incontestablement une chaîne internationale dont l’information fait autorité. » Ce disant, M. Aillagon ne faisait que répéter la recommandation de la section française de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qui, dans son rapport annuel de 2001, constatait que le « défi de TV5 est de transformer l’audience potentielle en audience réelle afin que TV5 soit réellement la 3ième chaîne mondiale derrière MTV et CNN. » L’établissement de la nouvelle chaîne franco-française a notamment inquiété la ministre actuelle des relations internationales du Québec, Monique Gagnon-Tremblay. À l’Assemblée nationale du Québec en mai 2006, elle a ainsi exprimé la crainte que cette nouvelle chaîne concurrence TV5 « tant sur le plan de sa distribution à l’étranger et de sa programmation que de son financement. »

Bien qu’à Paris on se veuille rassurant sur la compatibilité d’une chaîne avec l’autre, personne n’est dupe. Le financement de TV5 Monde coûte à l’État français environ 62 millions d’Euros par an, et France24 dispose d’une budget annuel de départ de 87 millions d’Euros, dont 80 millions fournis par la République. Dans un contexte budgétaire difficile qui obligera inévitablement la France à rationaliser ses opérations audiovisuelles à l’étranger, il est peu probable que la France soutienne à bout de bras TV5 Monde tout en alimentant à grands renforts une chaîne consacrée prioritaire par le président de la République lui-même.

Le plus triste dans cette histoire, c’est que la France rate une belle occasion de donner à une institution existante de la Francophonie un nouvel essor dans un secteur névralgique tant pour la France elle-même que pour les autres membres de la Francophonie. S’il y a bien un moyen de faire de cette dernière, dispersée sur la planète entière, autre chose qu’un club de diplomates mimant l’ONU en français, c’est bien la télévision et Internet. Dans son récent essai Demain la Francophonie, Dominique Wolton a insisté sur le fait que la mondialisation des médias et l’émergence d’une société internationale de l’information par Internet représentent pour la Francophonie une chance inouïe à saisir, en ce qu’il est dorénavant possible d’envisager la formation d’un véritable espace public francophone qui fédère les peuples francophones, longtemps confinés à des arènes nationales séparées.3 Le rêve de prolonger la Francophonie institutionnelle d’une société civile francophone, rassemblée par des intérêts partagés et des habitudes de délibération qui traversent les frontières, ne se matérialisera pas encore. La France s’est repliée hélas dans un splendide isolement.

Jean Monnet et Robert Schuman, ces deux fondateurs visionnaires des premières institutions européennes, avaient compris que le seul moyen d’unir des États-nations qui n’en faisaient qu’à leur tête est de les lier par des solidarités de fait. De vraies solidarités de fait, c’est ce qui fait le plus cruellement défaut à la Francophonie, encore reléguée à l’espace éthéré de la diplomatie et de la haute culture entre élites. La création de France24 sous impulsion présidentielle montre cependant qu’au-delà des beaux discours, la Francophonie pèse peu dans la balance française. En réalité, la politique étrangère de la France évolue dans deux espaces distincts. Dans le premier, l’espace mondial, la France se voit encore comme une puissance moyenne, se croyant capable de faire contrepoids à l’hégémonie américaine et assez sûre d’elle pour exercer une influence déterminante dans les organisations internationales sans s’embarrasser de partenaires et d’engagements encombrants. C’est la France souveraine, une puissance militaire qui fait encore la guerre en Afrique et manœuvre dans la course à la puissance mondialisée. Dans le deuxième espace, l’Union européenne, qui absorbe de plus de plus la souveraineté et les aspirations françaises, le pays n’est plus qu’un État parmi 25 membres avec lesquels il faut parlementer jour après jour, à Bruxelles, à Strasbourg et dans toutes les chancelleries des États partenaires. L’Union européenne est désormais une communauté d’intérêts et d’engagements à laquelle la France ne peut plus se soustraire à volonté, comme le faisait de Gaulle par sa politique de la chaise vide. Coincée entre ces deux espaces, la Francophonie ne sait où loger. Elle est ou bien un instrument de la souveraineté française, qui permet de réunir à une même table ses anciennes colonies africaines dans un forum multilatéral sans vernis colonial, ou bien un charmant faire-valoir protocolaire ne devant interférer en rien avec les ambitions européennes françaises.

Dans sa critique de l’interventionnisme français en matière de culture, l’académicien Marc Fumaroli observait que « la télévision, dès le départ, a été interprétée en France comme un instrument d’information contrôlé et censuré directement par le pouvoir exécutif, et accessoirement, comme un divertissement populaire qui ne devrait pas descendre trop bas, sous peine de blesser la majesté de l’État, c’est l’état classique, gaulliste, de la Télévision française… » 4 Le lancement de France24 verse donc une pièce de plus au dossier de la mainmise de l’exécutif français sur le paysage audiovisuel hexagonal. Les observateurs étrangers, amusés par le son du cocorico gaulois propagé par France24, n’ont pas manqué d’émettre des doutes sur l’objectivité et l’impartialité de la nouvelle voix de la France, qui n’a pas coupé tout lien organique avec le pouvoir français, malgré un habile montage juridique. Inutile de dire qu’une chaîne d’information continue, mettant à l’œuvre des journalistes issus de tous les coins de la Francophonie et soutenue par plusieurs de ses États et gouvernements membres, jouirait d’une bien meilleure crédibilité et offrirait au monde un message sans doute plus riche encore. Ce ne serait pas la voix de la France en solo, mais le concert des peuples qui ont le français en partage. Or, le fidèle héritier du général de Gaulle, Jacques Chirac, a finalement pratiqué du sous-gaullisme. Comme jadis le Général sortit la France de l’OTAN et bouda Bruxelles, la France de Chirac tourne le dos à la Francophonie, quand bien même elle serait moins attentatoire à la souveraineté française qu’une organisation internationale de défense ou un marché commun supranational. En attendant que la France se ravise, les francophones et francophiles du monde entier pourront toujours organiser de beaux colloques sur l’universalité de la langue française et consulter le dossier Rivarol sur Wikipédia.


1- Louise Beaudoin, “TV5 en péril!”, La Presse, 22 avril 2006.
2-Jean-Jacques Aillagon, “J’attendais un minimum de soutien de l’État”, Le Monde, 3 mars 2006.
3-Dominique Wolton, Demain la Francophonie, Paris, Flammarion, 2006.
4-Marc Fumaroli, L’État culturel, Paris, Éditions de Fallois, 1992, p. 346.

Marc Chevrier












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